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Biomasse

La filière chanvre se réinvente dans le bâtiment

Chaque année, environ 5 000 tonnes de granulats de chanvre sont valorisées dans le domaine des bétons et mortiers. Un rapport de FranceAgriMer dresse un état des lieux d'une filière agricole qui doit convaincre pour poursuivre son développement.
La filière chanvre se réinvente dans le bâtiment

Le béton de chanvre se fait au coup par coup », témoigne Colette Martin, agricultrice en Auvergne et représentante de l'association Chanvre d'Auvergne. Cette filière agricole cherche une nouvelle jeunesse dans des débouchés divers et variés comme le bâtiment, mais aussi l'alimentation. « Chaque année, en France, environ
5 000 tonnes de granulats de chanvre sont valorisées dans le domaine des bétons et mortiers », lit-on dans un rapport de FranceAgriMer sur « Les enjeux de la valorisation de la biomasse ». Pour l'heure, la production annuelle de granulats de chanvre correspond à environ 170 000 tonnes de bétons et mortiers. Pour Colette Martin, le débouché du béton se fait « au coup par coup ». « On fait du circuit court. Il n'y a pas d'usines de béton de chanvre », développe-t-elle. Tout du moins, pas à moins de 200 kilomètres de son exploitation. FranceAgriMer fait état de cinq « leaders » nationaux et mondiaux de chaux et de ciments : Lafarge, Lhoist-BCB, Saint-Astier, Socli et Vicat. Ces acteurs commercialisent des matériaux de construction à base de chanvre.
La filière doit convaincre
Face à des débouchés nombreux, les assureurs ont encore du mal à accorder leur confiance aux matériaux du futur. « Les maçons qui font du béton de chanvre ont du mal à s'assurer, regrette l'agricultrice. Les assureurs ont peur car c'est nouveau. » Cette difficulté à trouver un assureur est un frein au développement de la filière du béton de chanvre. Mais ce n'est pas le seul.
L'association Chanvre d'Auvergne a été créée en 2009 avec 30 agriculteurs et moins de 10 hectares cultivés. Début 2016, l'association couvrait 40 hectares de chanvre mais seuls 15 agriculteurs faisaient encore partie de l'aventure. Martin Colette explique : « La partie difficile, ce n'est pas la culture. C'est la récolte. Il faut une faucheuse spéciale, un séchage au sol, une ensileuse... la phase de transfo est longue. » C'est ce qui a découragé une grande partie des agriculteurs de l'association auvergnate.
Des atouts à revendre
Pour les agriculteurs qui persistent, les avantages économiques et environnementaux sont nombreux. « Le chanvre, c'est zéro traitement », assure Colette Martin. Le rapport de FranceAgriMer fait état aussi d'une « empreinte écologique réduite ». En outre, l'avantage agronomique est indéniable. « Pour nous, c'est une très bonne tête d'assolement », témoigne Colette Martin qui fait aussi du colza, du blé et du tournesol.