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Lapin

« La filière cunicole a fait de considérables progrès »

Alors que le bien-être des lapins a fait débat au Parlement européen, la filière cunicole française rappelle les efforts faits par les producteurs. L'un d'entre eux, drômois, témoigne.
« La filière cunicole a fait de considérables progrès »

Cible d'attaques sur les modes d'élevage, la filière cunicole a été au centre des débats à Bruxelles la semaine dernière. Un rapport demande l'élaboration de « normes minimales » pour améliorer le bien-être de ces mammifères et notamment la suppression progressive des cages. La Commission agriculture du Parlement européen s'est prononcée en votant, le 14 mars, une résolution allant dans ce sens. L'interprofession cunicole a immédiatement réagi, en indiquant travailler de son côté aux alternatives à la cage, « pour satisfaire une demande émergente ». Cette dernière a déjà mis en place une méthode d'évaluation pour mesurer le bien-être animal. Mais les efforts de recherche doivent être encouragés pour résoudre les problèmes liés aux nouveaux systèmes d'élevage (cages aménagées avec plateforme, parcs sans plafond avec des groupes de 30 animaux en phase de croissance). Fin 2016, un projet a été confié à l'Itavi(1), l'Apesa(2) et l'Inra(3) pour développer concrètement un système d'élevage de lapins alternatif et économiquement viable.

« Des densités d'élevage réduites »

Dans la Drôme, on dénombre une petite quinzaine de cuniculteurs. Parmi ceux-ci, Eric Mounier, naisseur-engraisseur avec 360 cages-mères, à Montvendre. Cet ancien président du Gelra(4) rappelle que le débat sur le bien-être des lapins dure depuis une quinzaine d'années. « Derrière, il y a les associations anti-viande, de plus en plus virulentes », fait-il remarquer. Il rappelle que le lapin a toujours été en cage depuis que l'homme pratique l'élevage. « Des progrès considérables ont été réalisés sur l'habitat, notamment avec des cages aménagées et des densités d'élevage réduites », souligne-t-il. Et s'agissant de l'utilisation massive d'antibiotiques, autre reproche fait à la filière, « une démédication a été mise en œuvre, rétorque-t-il. Aujourd'hui, il n'y a plus de traitement systématique mais une utilisation seulement lorsqu'une pathologie est identifiée, et ce de manière très ponctuelle. » Il précise que les éleveurs ont recours à des méthodes alternatives à base d'huiles essentielles. « De plus, la sécurité sanitaire a été accrue », ajoute-t-il.

Viser les circuits courts

Malgré les efforts de la filière pour promouvoir la viande de lapin, les consommateurs ne suivent pas. « Le produit manque de visibilité dans les rayons des grandes surfaces, considère Eric Mounier. Il y a eu, aussi, trop de qualités irrégulières. Les consommateurs potentiels sont aujourd'hui plus proches des circuits courts. Mais cette filière manque d'outils d'abattage pour assurer son développement. » Sur ce point et pour un ensemble de produits, une réflexion est engagée, notamment au sein de l'agglomération de Valence-Romans. Par ailleurs, en Rhône-Alpes, les acteurs de filière cunicole ont engagé depuis quelques années une démarche de qualité afin d'offrir aux consommateurs des produits qui se différencient de la production nationale.

C. L.

(1) Itavi : institut technique de l'aviculture.
(2) Apesa : centre technologique en environnement et maîtrise des risques.
(3) Inra : institut national de recherche agronomique.
(4) Gelra : groupement des éleveurs de lapins de la région Rhône-Alpes.

 

Repères /
La filière cunicole

L'Union européenne est le deuxième producteur mondial de viande de lapin (derrière la Chine). Les pays producteurs sont principalement l'Espagne, l'Italie et la France où l'on en dénombre environ 37 millions. L'élevage est concentré essentiellement dans l'Ouest du territoire.
En France, selon une enquête Itavi publiée en mars 2016, le nombre d'élevages de moins de vingt lapines est passé de 112 000 à moins de 30 000 entre 2000 et 2010. En contrepartie, a été observée la concentration de la production avec une diminution de 32 % du nombre d'exploitations détenant plus de 200 mères pour une baisse des effectifs de 14 %. Les élevages de plus de 1 000 mères sont plus nombreux, passant de 81 à 130 pour une part des effectifs qui croît de 9 à 23 % entre 2000 et 2010.
En Rhône-Alpes, en 2014, étaient dénombrés 111 producteurs, 39 000 cages-mères, 2 617 000 lapins commercialisés (soit 6 554 tonnes de viande).