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Petit épeautre de Haute-Provence

La filière du petit épeautre se dote d’un outil précieux

Depuis janvier 2018, la société BioEngrain a repris l’activité de décorticage de la SARL Tofagne en installant, dans la vallée de la Haute-Ouvèze, un nouvel atelier sur la commune de Montguers. L’inauguration officielle a eu lieu le 16 mai.

La filière du petit épeautre  se dote d’un outil précieux

Depuis plusieurs années, les producteurs de petit épeautre de Haute-Provence font face à une demande soutenue et supérieure à l'offre. Ils sont aujourd'hui plus de 70 à produire cette céréale s'accommodant de sols pauvres, d'un climat rigoureux, là où le blé ne pousserait pas. Une culture qui offre cependant une rentabilité intéressante, avec plus de 1 500 euros par hectare de marge brute. Etienne Mabille, figure emblématique de l'agriculture bio dans les Baronnies provençales et fondateur du Syndicat du petit épeautre de Haute-Provence, avait mis en place, voilà plus de quinze ans, un atelier pour répondre à ses propres besoins de décorticage et de tri. La SARL Tofagne, dont la société BioEngrain a repris l'activité, travaillait pour les producteurs de la région ainsi que pour les autres acteurs de la filière, le Moulin Pichard et Euro-Nat.

Une unité de décorticage performante

Depuis janvier 2018, pour s'adapter à la demande croissante du marché, BioEngrain, basée à Montguers, se consacre exclusivement à cette activité dans des installations de plus grande envergure. La direction est assurée par Vincent Clary, secondé par un technicien, Marc Bauduin. Installé sur deux niveaux, le processus de décorticage se décline en plusieurs étapes : ébarbage, épierrage, tri, décorticage, calibrage, séparation avec répétition de certaines étapes lorsque la machine détecte le besoin. « Je peux traiter à l'heure plus de 800 kg de céréales, soit plus de quatre tonnes par jour », assure Marc Bauduin. La production est conditionnée en big-bags de 750 kg destinés principalement aux acteurs de la filière, dont les moulins Pichard situés dans les Alpes-de-Haute-Provence et la société Ekibio en Ardèche.

Un projet collectif

L'entreprise résulte d'un projet collectif prévoyant une répartition équitable du capital entre les producteurs et les entreprises de la filière. L'investissement de 530 000 euros a été financé avec un emprunt de 320 000 euros, une souscription auprès de 34 exploitants s'élevant à 90 000 euros, et 120 000 euros de subventions de l'Agence Bio, du Département de la Drôme et du Feder de la Région Aura. « C'est un outil performant qui va dynamiser la filière », estime Vincent Clary. Pour Bernard Martin, responsable de Ekibio, « la barre des cent producteurs dans un avenir proche est réaliste, un beau développement attend le petit épeautre ». Quant à la conseillère départementale Pascale Rochas, elle se réjouit : « C'est un dossier ne réunissant que des points positifs méritant toute notre attention et notre fierté ».

La balle, un prolongement pertinent

Dans les locaux contigus à BioEngrain, la société Archibale, fondée elle aussi par Etienne Mabille, valorise la balle de petit épeautre qui, après décorticage, représente 40 à 50 % du poids brut. Il propose de l'utiliser comme isolant d'éco-construction « La balle tamisée, dépoussiérée et traitée contre les rongeurs et insectes s'utilise en construction pour tapisser les combles, les greniers et les sous-planchers, au rythme actuel d'une quinzaine de chantiers par an. La prochaine étape sera la mise au point de panneaux rigides de balle compressée pour une production à grande échelle. »
Le petit épeautre de Haute-Provence est la seule IGP 100 % bio. C'est un cas unique et exemplaire. 
J-M. P.