La filière poire doit se dynamiser

Aujourd'hui, une poire sur deux consommée en France est importée. Toutefois, il y a des perspectives de développement et un travail à mener pour dynamiser la filière poire. Cela passera probablement par des stratégies régionales comme pour l'abricot. Selon l'évolution des superficies de poiriers en France (chiffres Agreste), le nombre d'hectares est passé de 15 000 à 6 000 entre 1992 et 2013, soit une baisse de 500 ha par an en moyenne depuis vingt ans. Toutefois, cette diminution a tendance à ralentir ces dernières années. On dénombre 3 300 exploitations ayant en moyenne 1,8 ha de poiriers. La répartition par variété, suivant les données de l'ANPP(1), montre une grande diversité variétale : 35 % william's, 18 % conférence, 14 % comice, 12 % guyot, 21 % autres (louise bonne d'Avranches, packam's, passe crassane...). Si l'on prend en compte les adhérents de l'ANPP en 2014, les vergers de poiriers se situent majoritairement en Provence et dans le Val de Loire. Seulement 13 % des vergers ont moins de dix ans et les deux tiers des poiriers sont âgés de plus de vingt ans, ce qui témoigne d'un manque d'investissement dans les plantations. William's et conférence restent les variétés dominantes dans les plantations et rénovations de vergers. Durant la saison 2015-2016, 18 000 tonnes de poires sur 155 000 tonnes récoltées (soit environ 12 % de la production française) ont été exportées essentiellement vers des pays de l'Union européenne (Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Espagne et Royaume-Uni par ordre décroissant des volumes exportés). Côté importations (99 000 tonnes en 2015-2016), les volumes proviennent principalement d'Europe (Belgique, Pays-Bas, Italie, Espagne, Portugal) mais aussi d'Afrique du Sud et d'Argentine. À l'échelle de l'Union européenne, l'Italie et l'Espagne restent en tête des pays producteurs malgré une baisse de leurs superficies de vergers depuis les années 2000. La France se place au 7e rang européen.
Un verger qui vieillit
S'agissant des variétés produites en Europe, la conférence est largement la plus répandue. On trouve ensuite les variétés abate, william's et rocha. La consommation moyenne en Europe, en déclin depuis dix ans, est évaluée à 4 kg de poires par habitant (avec des fluctuations selon les années), ce qui représente 5 % du panier de fruits. La consommation est plus élevée dans les pays producteurs et la France se situe bien dans la moyenne européenne.
Au niveau mondial, la croissance de la production est assurée par la Chine qui est de loin le premier pays producteur avec une consommation annuelle de l'ordre de 10 kg par habitant et des variétés spécifiques correspondant au goût des consommateurs asiatiques. Parmi les principaux pays exportateurs, la Chine est suivie du Benelux et de l'Amérique du Sud. Côté pays importateurs, la Russie est suivie du Brésil et de l'Allemagne. En France, force est de constater le manque de spécialisation en poires avec des charges de main-d'œuvre élevées, un verger qui décline et vieillit. Néanmoins, l'érosion des superficies est inférieure à 1 % par an ces dernières années. En 2015, on observe une reprise des superficies (+ 1 % d'après Agreste). Le marché français doit avoir recours à l'importation pour trouver son équilibre.
Favoriser la consommation
Les deux tiers de la production française sont vendus en grandes surfaces. Les achats de poires par ménage sont estimés à 7,5 kg par an, sachant qu'il est important de rééduquer le consommateur pour mieux conserver et affiner la poire. Si la consommation est fragile, il existe un potentiel de consommateurs intéressés par des nouveautés en rayon et certains distributeurs sont sensibles à l'origine France des fruits. Selon l'ANPP, il convient de mettre en place des partenariats avec la grande distribution pour favoriser la consommation, assurer une présence continue en rayon au fil des saisons, proposer de nouvelles variétés, occuper, voire développer la part de linéaire dévolue à la poire par la diversification et la segmentation. Autres préconisations de l'ANPP, il s'agit de retrouver une dynamique de plantation grâce à la recherche et à l'expérimentation sur l'innovation variétale, le délai avant production, la régularité de production, l'amélioration des itinéraires techniques afin de réduire les coûts (taille, cueillette...). En définitive, la poire reste aujourd'hui dans l'ombre de la pomme en France, d'où la nécessité de mettre en œuvre une véritable stratégie spécifique à la poire avec des vergers spécialisés, des outils de stockage et de conditionnement dédiés, des réseaux commerciaux mieux adaptés et un marketing bien ciblé.
C.B.
(1) ANPP : Association nationale pommes poires dont les chiffres ne sont pas exhaustifs de la filière poire.