La FRSEA, solidaire de l'OP Guilloteau

Depuis son rachat par Eurial, filiale du premier groupe coopératif laitier français Agrial, rien ne va plus pour la fromagerie Guilloteau. Les producteurs dénoncent une baisse conséquente du prix du lait et réclament l'application concrète de la loi alimentation.
Guilloteau : une société familiale fondée en 1983 qui transforme sur trois sites 60 millions de litres de lait collectés auptès de quelque 120 producteurs dans l'Ain, la Loire et le Rhône. Parmi ses produits phares : le pavé d'Affinois et la rigotte de Condrieu, qui contribuent à alimenter un bénéfice de 5 millions d'euros. Jusqu'à il y a peu, les contrats qui unissaient l'entreprise et les producteurs affichaient un prix du lait relativement correct. Sauf que depuis deux ans, avec le rachat de la société par Eurial, filiale du groupe coopératif laitier français Agrial, les choses se sont complexifiées. En effet, la coopérative a proposé aux agriculteurs de devenir adhérents sans pour autant pouvoir bénéficier de l'appro. Pour les producteurs, pas question de s'engager dans un tel schéma. Structurés en organisation de producteurs au sein de la SA Guilloteau, les producteurs ont donc milité pour le rester. « Ils ont reçu récemment une fin de non-recevoir de la part de la coopérative, qui leur propose un contrat type de collecte avec des prix bien en deçà de ceux qu'ils percevaient », explique Stéphane Joandel, président de la section laitière de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.
Des propositions excessives
En brut, la perte est de l'ordre de 15 euros par 1 000 litres. « Agrial veut bien mutualiser le prix mais pas l'appro. Mais de quel droit des producteurs de Rhône-Alpes rattachés à la même coopérative n'auraient pas le droit de bénéficier des mêmes tarifs de tourteaux que ceux de leurs collègues de Normandie », s'indigne Stéphane Joandel. Au-delà de l'injustice flagrante, par ce positionnement, Agrial est « très clairement hors des clous de la loi alimentation ». Une loi qui instaure deux éléments indissociables : c'est désormais l'organisation de producteurs qui propose aux transformateurs un prix du lait qui tient compte des coûts de production avec un objectif final, celui du partage de la valeur. Et pour les responsables professionnels de la section laitière, la loi doit s'appliquer « aux coopératives comme aux autres ». Solidaire des producteurs Guilloteau, la section régionale laitière, avec l'appui d'André Bonnard, secrétaire général de la FNPL, et de Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, compte bien obtenir gain de cause.
Sophie Chatenet