La grande distribution va s’adapter

Il n'y aura plus de sacs plastiques en caisse, qu'ils soient payants ou gratuits dès le 1er janvier 2016. Leur usage excessif constitue un véritable désastre environnemental. La durée estimée de leur biodégradation varie de 100 à 400 ans. Les grandes surfaces ont quant à elles anticipé cette mesure puisque, depuis une dizaine d'années, elles ne donnent plus de sacs plastiques à usage unique en caisse. Elles ne les donnent plus mais les font payer. Ce qui a entraîné une baisse importante de leur utilisation. Au niveau local, les sacs sont vendus entre 0,3 et 0,78 euro selon la qualité du plastique et son usage unique ou réutilisable. Et les responsables de supermarchés ont relevé que « la grande majorité des clients ont leur sac à usage multiple ou leur cabas pour faire leurs courses mais au rayon fruits et légumes presque tous utilisent les sacs plastiques. » Et la consommation demeure importante, Rémy Valette, chef d'entreprise d'un Intermarché en Haute-Loire, note : « Une grande quantité passée, environ 15 000 sacs par semaine. Des sacs beaucoup plus fins, moins grands, mais le consommateur en utilise plusieurs, en général un par denrée. » Côté Ardèche, Michèle et Christian Mandon, gérants d'un magasin U Express, soulignent le fait que « la consommation de sacs plastiques, hors fruits et légumes, est trois à quatre fois moins importante qu'il y a dix ans. » Les responsables des deux supermarchés s'accordent à dire qu'ils pratiquent à leur échelle le recyclage depuis plusieurs années déjà : « Les emballages des marchandises, films plastiques et cartons sont triés et recyclés. »
Les alternatives au sac plastique jetable
En général, le sac plastique est en polyéthylène, matière produite à partir du pétrole. Pour pallier au sac plastique jetable, il existe les sacs réutilisables soit en polyéthylène souple, soit en polypropylène tissé. Ce type de sac a l'avantage d'être particulièrement solide et peut servir plusieurs années. Les supermarchés locaux le vendent entre 0,60 et 0,78 euro. L'Intermarché en a vendu 3 000 en 2014 contre 12 000 sacs plus légers et moins chers. Pour les fruits et légumes, le sac auquel pensent les responsables des commerces, « c'est le sac en papier kraft recyclable. Mais celui-ci est plus cher, 2 centimes au lieu de 0,5 centime environ pour le sac plastique fin. Et en plus, tel qu'il est aujourd'hui, il n'est pas très solide. » Le sac en plastique végétal ou biodégradable à base d'amidon de maïs ou de pomme de terre constitue une autre alternative. Pour l'avoir utilisé un temps, les responsables du magasin U Express le qualifient de « pas solide et cher. » En attendant, la grande distribution met à disposition de sa clientèle des meubles de récupération d'emballages et petits cartons. Ainsi l'Intermarché va prochainement le faire. Pour Rémy Valette : « Nous sommes les premiers en Haute-Loire à initier cette pratique qui existe déjà en Savoie, Haute-Savoie et dans le Puy-de-Dôme. On propose au client de récupérer les emballages des produits achetés et on envisage d'inciter le consommateur à user de cette nouvelle méthode de tri qui lui évitera d'encombrer ses propres poubelles ». Le consommateur justement, approuve-t-il cette interdiction des sacs plastiques jetables ? Certains sont plutôt résignés : « On fera autrement, on s'habituera. » D'autres ont déjà changé leurs habitudes ou presque : « Les grandes surfaces où je vais habituellement ne donnent plus de sacs et on est bien obligé de s'adapter », dit un touriste venu du Midi de la France, un sac plastique à la main. Une dame âgée fait ses courses avec son cabas à roulettes : « Voyez, je n'ai pas besoin de sacs en plastique. »
Cécile Chanteperdrix
La fin de 17 milliards de sacs plastiques !
Selon le gouvernement, il y a encore chaque année dans l’Hexagone17 milliards de sacs plastiques distribués par an : 5 milliards de sacs fins en matière plastique distribués aux caisses et plus de 12 milliards aux rayons fruits et légumes. Un chiffre qui selon l’Adème a notoirement baissé depuis la mise en place de sacs payants et non systématiquement donnés aux clients. Des sacs à usage unique qui finissent aux mieux dans nos poubelles, au pire jetés dans la nature et que l’on retrouve jusqu’au fond des mers dans le trop fameux septième continent. Soutenue par les écologistes, cette loi suit les directives européennes en la matière. Au sein de l’Union, 100 milliards de sacs plastiques étaient distribués en 2010. La commission a proposé fin 2013 de réduire de 80 % le nombre de sacs jetables mis chaque année sur le marché de l’Union européenne. Les disparités sont énormes entre pays membres. Les meilleurs élèves, Danemark et Finlande, affichent 4 sacs plastiques consommés par an et par habitant - et les moins bons : Portugal, Pologne, Slovaquie plus de 450 unités. La France se situe environ à mi-chemin entre ces deux extrémités.
Commerçants et détaillants y étaient opposés
Cette loi a néanmoins rencontré des oppositions dans l’Hexagone. La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) et l’Union nationale des syndicats de détaillants en fruits, légumes et primeurs (UNFD) s’étaient insurgés contre cette mesure « qui va directement pénaliser et renchérir le coût des ventes en vrac de fruits et légumes frais ». Elles évaluaient le surcoût à 300 millions d’euros pour les commerçants, notamment les marchands de fruits et légumes. Selon ces organismes, le coût d’un sac passerait de 0,5 centime à 3 ou 4 centimes, et ce surcoût sera répercuté aux consommateurs. « Il s’agira d’un nouveau prélèvement sur le pouvoir d’achat. » En outre, cette loi aura, toujours selon la FCD et l’UNFD, pour conséquence « une augmentation du nombre de fruits et légumes préemballés, soit une croissance des emballages et des déchets ainsi que des risques de gaspillage alimentaire.0 » À noter que la loi sur la transition énergétique proscrit également les sacs dits oxodégradables, fabriqués à partir de pétrole mais qui se fragmentent en confettis… non dégradables.