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Espèce invasive

La lutte contre l'ambroisie mobilise toujours

Les acteurs mobilisés dans le cadre du plan départemental de la lutte contre l'ambroisie ont dernièrement fait le point sur la situation en Drôme et renouvelé leur engagement.
La lutte contre l'ambroisie mobilise toujours

Le 25 juin, c'était la cinquième édition de la journée internationale de la lutte contre l'ambroisie. A cette occasion, un point sur la situation dans la Drôme a été fait la veille à la préfecture. Etaient aux côtés du préfet Eric Spitz le député et président du conseil départemental Patrick Labaune, le maire de Saint-Bonnet-de-Valclérieux, en charge du dossier ambroisie au sein de l'association des maires de la Drôme (AMD), Bernard Duc, le vice-président de la chambre d'agriculture en charge de ce dossier, Paul Despesse, le directeur départemental des territoires Philippe Allimant et Catherine Paillès-Maréchal, déléguée départementale de l'Agence régionale de santé (ARS).

Informer et sensibiliser

La journée internationale d'information et de lutte contre l'ambroisie a été créée en 2012 en vue d'informer et de sensibiliser sur cet enjeux sanitaire. L'association internationale de l'ambroisie en est à l'origine. Plante invasive dont le pollen est particulièrement allergisant, l'ambroisie est très présente en Auvergne-Rhône-Alpes et gagne du terrain d'année en année. Elle pousse sur des chantiers récents, des lits de rivières, dans des champs, sur les bords de routes... Son pollen provoque des allergies, qui débutent en général entre la deuxième quinzaine de juillet dans le Sud-Drôme et la première quinzaine d'août sur le reste du département. Elles peuvent se prolonger jusqu'en octobre, avec un maximum d'intensité début septembre. D'après les statistiques de l'ARS, la Drôme comptait plus de 20 000 personnes allergiques à cette plante en 2014, soit 21 % de la population résidant dans les zones infestées. Et le coût de santé dépasse le million d'euros.

Chacun son rôle

Face au constat de la progression de cette plante dans le département, les acteurs mobilisés depuis 2011 dans le cadre du plan départemental de lutte contre l'ambroisie ont décidé de renouveler leur engagement par une formalisation de leur rôle dans une convention réactualisée. L'ARS coordonne les actions des partenaires (collectivités, associations de lutte, gestionnaires d'infrastructures...) et contribue à la surveillance du risque allergique. Le conseil départemental a réaffirmé son engagement de vigilance sur les bords des routes. La direction départementale des territoires veillera à la destruction de l'ambroisie au bord des cours d'eau (action financée à hauteur de 15 000 euros) et rédigera un guide de bonnes pratiques à destination des gestionnaires de rivière. Pour sa part, la chambre d'agriculture informe et accompagne les agriculteurs (lire l'interview de Paul Despesse). Et l'AMD sensibilisera les maires du département pour définir de nouveaux modes d'action.


Lire également notre article technique consacré à la lutte contre l'ambroisie en interculture.

 

Agir contre l'ambroisie

 
- Arracher systématiquement les plants, qu'ils se trouvent sur sa propriété ou sur un terrain
public, en se protégeant à l'aide de gants et d'un masque.
- En cas de sensibilité au pollen de l'ambroisie :
. Eviter les activités extérieures entraînant une surexposition aux pollens.
. Eviter de faire sécher son linge à l'extérieur.
. Fermer les vitres des véhicules.
. Se rincer les cheveux le soir.
. Aérer son habitation tôt le matin ou tard le soir.
- En cas de découverte d'une zone étendue d'ambroisie, la signaler aux autorités compétentes :
. A l'aide de l'application smartphone « Signalement ambroisie ».
. En ligne sur le site web www.signalement-ambroisie.fr.
. Par mail à [email protected] ou par téléphone au 0 972 376 888.

 

L'ambroisie et l'agriculture / L'ambroisie est un enjeu de santé publique mais aussi agronomique et économique pour les agriculteurs. Vice-président de la chambre d'agriculture de la Drôme en charge de ce dossier, Paul Despesse le souligne. Il faut s'employer à en détruire le plus possible avant floraison.
Détruire un maximum d'ambroisies avant floraison
 
« La lutte contre l'ambroisie ne concerne pas que les agriculteurs, elle doit être collective », note Paul Despesse.
Paul Despesse, quel message avez-vous délivré lors de la rencontre du 24 juin à la préfecture, en tant qu'élu chambre d'agriculture ?
Paul Despesse : « J'ai rappelé que la chambre d'agriculture est partenaire du plan départemental de lutte contre l'ambroisie depuis sa mise en place. C'est un enjeu de santé publique mais aussi agronomique et économique pour les agriculteurs car de plus en plus de cultures sont infestées et concurrencées par l'ambroisie. Lutter contre cette plante génère des charges supplémentaires. Et elle a un impact sur les rendements, surtout en cultures d'été (maïs, tournesol, sorgho, semences, légumes de plein champ...). En agriculture conventionnelle, un désherbage chimique peut être pratiqué, en dernier recours, sur chaumes et en pré ou post-levée des cultures. En agriculture biologique, ce n'est pas possible, le problème est donc encore plus aigu. »
Quelles actions conduit la chambre d'agriculture en termes de lutte contre l'ambroisie ?
P. D. : « La chambre d'agriculture continue à informer les agriculteurs et, si besoin, à les accompagner. Elle les conseille sur les itinéraires techniques via des bulletins et L'Agriculture Drômoise. Elle organise aussi des démonstrations de binage et désherbinage sur le terrain. Elle met en place des essais de couverts végétaux en interculture (composés de différentes espèces) et les ouvre à la visite pour montrer les mélanges les plus intéressants.
Si la chambre d'agriculture s'est beaucoup penchée sur les grandes cultures, elle travaille aussi sur les autres productions car toutes sont concernées. En outre, en collaboration avec l'ARS et des instituts techniques, la chambre d'agriculture va convier les techniciens de coopératives à une réunion d'échanges. En contact direct avec les agriculteurs, ces techniciens peuvent soulever des problèmes, les faire remonter du terrain et amener à réfléchir sur les stratégies pouvant être les plus performantes. »
Vouloir éradiquer l'ambroisie semble impossible, n'est-ce pas ?
P. D. : « C'est utopique. Un pied d'ambroisie produit des milliers de graines. Cette plante s'adapte à tous types de sol et de climat. La lutte contre elle est obligatoire et fait partie des bonnes conditions agro-environnementale (Pac). Mais elle ne concerne pas que les agriculteurs, elle doit être collective. Même s'il fait bien son travail, un agriculteur sera confronté au problème de l'ambroisie en présence d'une friche ou d'un champ mal entretenu dans l'entourage. On n'arrivera pas à éradiquer cette plante invasive mais il faut réduire la pression en faisant le maximum pour la détruire avant floraison. »
Propos recueillis par Annie Laurie