La lutte contre le charançon de la tige du colza va démarrer

Grâce à la douceur des températures, la reprise de la végétation des parcelles de colza a été notée sur la plupart des parcelles du réseau de surveillance colza en Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté. L'apparition de nouvelles feuilles vertes (stade C1) est atteinte dans la plupart des situations et la montaison (stade C2) a débuté sur une petite partie des parcelles. C'est à ce stade et jusqu'au stade E que le risque de dégâts dû au charançon de la tige du colza est le plus fort. Ce coléoptère est le plus gros charançon observable sur colza et il représente le principal ravageur de la culture au printemps compte tenu de sa fréquence et de sa nuisibilité. Les températures douces actuelles stimulent son activité qui redémarre lorsque la température du sol dépasse les 6°C. Afin d'optimiser la lutte et limiter les interventions, il est conseillé de bien observer ses parcelles pour déterminer le moment opportun pour un éventuel traitement.
La lutte est justifiée par la nuisibilité
Selon Terre Inovia, la nuisibilité du charançon de la tige du colza est élevée. L'adulte n'est pas directement nuisible. En revanche, l'introduction des œufs dans la tige provoque une réaction qui conduit à la déformation, voire à l'éclatement des tiges. La ponte désorganise les tissus, perturbe l'alimentation ultérieure des plantes et occasionne de la verse et des avortements de boutons floraux. Les pertes de rendement sont aggravées en cas de stress hydrique au printemps ou d'attaques de méligèthes. La lutte vise à limiter au maximum le nombre d'adultes avant l'entrée en ponte des femelles. Pour ce ravageur, aucun seuil d'intervention n'est établi. Le nombre d'insectes piégés dans la cuvette n'est pas corrélé à la gravité du risque. La seule présence du ravageur dans les parcelles constitue une menace. La protection ne sera efficace que si la date de traitement est en phase avec l'envahissement des cultures par les insectes. Intervenir trop tôt, c'est prendre le risque de toucher peu d'insectes. Intervenir trop tard, c'est prendre le risque de traiter après le dépôt des œufs.
Des vols importants
Les températures maximales supérieures à 12-13°C depuis le 14 février, atteignant même près de 20°C, ont permis de déclencher un vol généralisé, après une reprise d'activité depuis plusieurs jours déjà. Le réseau BSV confirme cette arrivée des charançons de la tige du colza, avec l'ensemble des parcelles des réseaux Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté piégeant le ravageur. Selon les prévisions météorologiques des prochains jours, les températures maximales devraient être supérieures à 15°C avec des journées ensoleillées et sans vent. Ces conditions pourraient permettre de nouvelles arrivées, bien que le modèle Expert de Terre Inovia indique un vol déjà réalisé à 100 %. Ce sont également des conditions favorables pour permettre aux femelles d'atteindre l'aptitude à la ponte.
Quel est le risque ?
Le risque repose sur la présence d'insectes aptes à pondre conjuguée à la présence de tiges tendres sur des colzas en cours de montaison. La maturité sexuelle des femelles est acquise en moyenne 8 à 10 jours après leur arrivée dans la culture ; cette durée est variable et pourrait être raccourcie par des températures exceptionnellement douces. Passé ce délai, elles cherchent à pondre en piquant la zone de la tige la plus tendre. Le risque potentiel pour la plante débute donc dès l'apparition des premiers entre-nœuds (stade C2) et se poursuit jusqu'à la fin de la montaison (stade E).
Faut-il intervenir ?
Les charançons de la tige du colza sont d'ores et déjà bien présents sur les parcelles de colza. Les femelles pourraient être aptes à la ponte à partir de cette fin de semaine pour les premières arrivées ou début de semaine prochaine. Ensuite, il faut prendre en compte le stade du colza. Sur les parcelles où le colza aura débuté la montaison (entre-nœuds visibles) une intervention en début de semaine prochaine pourra être envisagée. Sur les parcelles plus tardives, elle peut être retardée de quelques jours.
Limiter l'apparition de résistances et préserver les auxiliaires
Les résistances aux insecticides pyréthrinoïdes tendent à se développer (pucerons, méligèthes, charançons du bourgeon terminal et, depuis 2015,
altises). Pour préserver les insectes auxiliaires et limiter le risque de sélection de ravageurs résistants, il convient de proscrire tout traitement hâtif ou systématique à des fins purement sécuritaires. Au printemps, afin de limiter la pression de sélection, si cela s'avère nécessaire, ne pas utiliser plus de deux insecticides au même mode d'action même contre deux insectes différents. Respecter la réglementation et les règles de décisions de lutte contre l'ensemble des ravageurs du colza.
Ne pas confondre
Attention, des charançons de la tige du chou sont également capturés en très grand nombre. Ces coléoptères d'apparence semblable aux charançons de la tige du colza ne représentent pas de danger pour la culture. Le charançon de la tige du chou est considéré peu nuisible même si l'on peut retrouver des larves dans les tiges. Les deux espèces arrivent quasiment ensemble dans les pièges. La différence entre les espèces est plus aisée lorsque les insectes sont secs. Le charançon de la tige du colza est gris de la tête aux pattes contrairement à son cousin du chou qui présente des pattes aux extrémités rousses.
C. P. avec Terre Inovia
Zoom/ Comment être prévenu de l’arrivée des charançons ?
Il existe différents moyens à disposition des agriculteurs pour surveiller les charançons. D’abord, l’installation et la surveillance au champ via les cuvettes jaunes. Elles restent indispensables pour confirmer la présence des charançons de la tige dans les parcelles. Elle doit être placée au-dessus de la végétation. Quelques gouttes de mouillant comme du liquide vaisselle dans 1 l d’eau permettront de retenir les insectes attirés par la couleur jaune du piège. Il est aussi possible de consulter le bulletin de santé du végétal (BSV) qui décrit la situation phytosanitaire, analyse le risque, propose un résumé de la situation épidémiologique et les seuils de risque toutes les semaines. Terres Inovia propose également un outil de mise en alerte nommé Expert. Accessible sur le site www.terresinovia.fr, il permet de prévoir les arrivées d’insectes de printemps sur le colza au jour le jour.