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Innov'Action

La lutte contre le gel de printemps en arbo

A l'initiative de la chambre d'agriculture de la Drôme, deux rencontres sur le terrain ont été dédiées à la lutte active contre le gel de printemps dans les vergers.
La lutte contre le gel de printemps en arbo

Phénomènes de gel de printemps, moyens d'alerte et de lutte active contre ce type d'aléa, démonstrations de fonctionnement de matériels en vergers. Tel était le programme de deux rencontres Innov'Action organisées dans la Drôme par Sophie Stévenin et Marion Bouilloux, respectivement responsable de l'équipe arboriculture de la chambre d'agriculture et conseillère. L'une de ces demi-journées a eu lieu le 1er février à l'EARL Saint-Pierre à Livron, l'autre le 5 au Gaec des Condamines à Erôme.

Tour à vent fixe

Tour à vent fixe de marque Orchard Rite.

A Livron, les participants ont vu en action une tour à vent fixe de marque Orchard Rite. Et Brice Morandi, de RN7 Agri-Services, en a présenté une autre, la « Gener » (45 000 € HT), plus récente et performante, moins bruyante : 10,5 m de haut, hélice à 2 pales de 6 m. Elle est équipée d'un anémomètre pour l'arrêter en cas de coups de vent et d'un capteur de vibrations. Elle protège 7,5 hectares (ha) à - 2°C et 6 à - 3°C. A température plus basse, « des calories doivent être amenées avec des bougies antigel à 50 m autour de la tour ou un autre moyen », a précisé Brice Morandi. Il préconise de la démarrer entre + 1,7 et + 2°C. Son hélice brasse 40 000 m3 d'air à l'heure.

Tour à vent mobile

 

La tour à vent mobile « Tow and Blow » s'attèle derrière un tracteur ou un autre véhicule. Elle est rapide à positionner et déplier.

La même société a présenté en fonctionnement la tour à vent mobile « Tow and Blow » (37 000 €), utilisée depuis une quinzaine d'années dans l'hémisphère sud mais que l'Europe découvre juste (à voir sur www.agriculture-dromoise.fr). D'un poids total de 1,5 tonne, elle est munie de deux roues et s'attèle derrière un tracteur ou un autre véhicule. Equipée de quatre bras et quatre pieds escamotables, variables en longueur et hauteur pour s'adapter au terrain, elle est rapide à positionner et déplier. Elle est moins bruyante (50 décibels à 300 m) que le modèle fixe mais aussi moins performante : protection de 4 ha. Composée de 5 pales de 1 m, l'hélice est entourée d'un cerclage ayant un effet entonnoir qui accroît sa performance. Son angle est modifiable. Brice Morandi conseille de démarrer cette tour à vent à une température de + 2°C mais aussi de compléter avec des bougies en dessous de -3°C.

Générateurs de chaleur

Le générateur de chaleur « Frostbuster ».

 

Agri-Services RN7 a également présenté « Frostbuster » (22 500 €) et « Frostguard » (8 500 €), deux appareils à ventilation qui envoient un flux d'air chaud dans la culture. Le premier est mobile, le second statique. Sur le Frostbuster, qui ressemble à un gros atomiseur, l'air est chauffé à 85 °C par un brûleur à gaz puis envoyé par une turbine dans deux sorties. Avec, a précisé Brice Morandi, « il faut passer toutes les 50 m dans les rangs du verger à une vitesse de 6 km/h et repasser aux mêmes endroits tous les 8 à 10 mn maximum. Il mélange les couches d'air et protège 5 à 6 ha. »
Le Frostguard est équipé d'un brûleur et d'un ventilateur puissant entraîné par un moteur à gaz. Selon le modèle, l'appareil complet ou la sortie d'air pivote à 360 degrès et la surface protégée varie de 0,7 à 0,8 ha. Le démarrage peut être automatique.

Christian Chazalet allumant des bougies antigel (Stopgel).
Christian Chazalet, de la SARL Les vergers de l'île à La Roche-de-Glun, a présenté les bougies antigel (Stopgel) composées de cire d'origine naturelle à 100 % conditionnées en seaux de 6 l ou bidons de 80 l et la cheminée de chauffage qui se place sur ces derniers.

Aspersion sur frondaison

L'asperseur « Pulsar ».

Autre technique de lutte contre le gel, l'arrosage sur frondaison peut protéger jusqu'à - 2°C et peut être démarré autour 0 °C, a indiqué le représentant de Netafim, qui a observé  : « S'il est arrêté avant la fin du phénomène de gel, il n'y aura pas plus de dégâts que si rien n'avait été fait, contrairement à l'aspersion sous frondaison. C'est son avantage ». Et il a présenté une nouveauté  : l'asperseur « Pulsar », qui « a un effet arroseur avec un débit de goutteur. Il permet de réduire le débit/ha de 50 % par rapport à un système de couverture d'arrosage classique, pour un même niveau de protection car l'eau est concentrée uniquement sur le végétal. » Une solution intéressante pour les zones où la ressource en eau est problématique.

Annie Laurie

Les phénomènes de gel

Béatrice Charpiot, chef du centre de Météo France de Montélimar.
Il peut geler jusqu'en avril en Drôme, même dans la vallée du Rhône, a confié Béatrice Charpiot, chef du centre de Météo France de Montélimar, lors de cette rencontre Innov'Action sur la lutte contre le gel de printemps dans les vergers. Et ce, avant de donner des explication sur les phénomènes de gel.
Le soleil chauffe le sol (mais pas l'atmosphère qu'il traverse). Puis le sol chauffe l'air. La nuit par ciel dégagé et sans vent, le sol se refroidit puis refroidit l'atmosphère. La température est minimale au lever du jour. Ce sont les couches proches de la surface du sol qui se refroidissent le plus. Et c'est toujours en fin de nuit qu'il fait très froid (mais cela peut commencer avant). Par nuit claire avec vent, l'air froid et l'air plus chaud se mélangent. La variation de température est donc plus faible que par temps calme. Et la nuit par temps nuageux, la température baisse moins.
Phénomène d'inversion de températures : l'air chaud (plus léger) s'évacue vers le haut et l'air froid (plus lourd) s'accumule en bas.
L'humidité a aussi une influence sur la température. Quand trop d'eau est contenue dans la masse d'air, elle va se déposer. Si la température de la surface du sol est négative, même si la masse d'air ne l'est pas, l'eau va condenser sous forme de gelée blanche.
L'eau liquide a besoin d'énergie pour passer à l'état gazeux. Elle capte cette énergie dans son environnement immédiat, donc en fait baisser la température. A l'inverse, pour passer de l'état liquide à l'état solide, elle lui fournit de la chaleur. D'où l'utilité de l'aspersion pour créer un noyau glacogène autour des bourgeons afin de les protéger du gel.
Un gel peut aussi être dû à l'arrivée d'une masse d'air très froid d'origine polaire (gel d'advection).
A. L.

 

Gel : des outils d'alerte

Le pagoscope d'Agro Ressources (pour prévision des risques de gel).
Parmi les moyens d'alerte d'un risque de gel, lors de cette rencontre Innov'Action, la société Agro Ressources a présenté deux thermomètres d'alarme : un électronique et l'autre avec transmission par GSM (possibilité de 5 numéros d'appel). Mais aussi un pagoscope pour prévoir les risques le soir (composé d'un thermomètre sec, d'un thermomètre humide et d'un abaque).
La station agro-météo connectée Sencrop.
La société Sencrop, elle, était venue avec sa station agro-météo connectée (application web et mobile). Elle est installée sur un mat en forme de tarière à la base, pour l'enfoncer dans le sol. Elle communique la pluviométrie, l'hygrométrie, la température et la température humide. Les données sont transmises via un boîtier toutes les 15 mn. Pour les alertes gel, la station prévient par téléphone, SMS ou e-mail. Coût : 318 € HT par station plus abonnement de 149 € par an. Spécialisée dans les station météo à la parcelle, Sencrop en a vendu plus de 1 700 en France. L'outil est aussi collaboratif : ses utilisateurs peuvent partager leurs données et accéder à d'autres stations du réseau.
A. L.