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CULTURE

La lutte contre les maladies et ravageurs du houblon

La deuxième édition du Comice du houblon, organisée par l'association Houblons de France, a rassemblé de nombreux acteurs de la filière brassicole et a été l'occasion de faire un point technique sur les maladies et ravageurs de la plante.
La lutte contre les maladies et ravageurs du houblon

Comme bien d'autres végétaux, le houblon peut faire l'objet d'attaques de maladies et de ravageurs. Une problématique qui a été abordée lors du Comice du houblon par Freddy Merckling, directeur de l'exploitation du lycée agricole d'Obernai (Bas-Rhin). L'établissement possède une houblonnière bio de 19,4 ha et 11 ha rachetés en 2017, en conversion bio jusqu'en 2020.

Freddy Merckling, directeur de l’exploitation du lycée agricole d’Obernai (Bas-Rhin).

Des réflexes pour prévenir le mildiou

Les houblonnières peuvent être concernées par le mildiou ainsi que l'oïdium. Certains bons réflexes permettent de s'en prémunir. « L'hiver n'est pas de tout repos pour un houblonnier. Le vieux bois ainsi que l'échafaudage peuvent contenir des spores de mildiou et d'oïdium. Un nettoyage ou encore l'élimination du vieux bois sont nécessaires. Le feu permet de détruire les spores », précise Freddy Merckling. Au printemps, il est recommandé de procéder à une taille. « La taille, comme en vigne, permet de structurer la souche de houblon et un démarrage des pousses au centre. Elle a un effet assainissant extrêmement important contre le mildiou dans la culture du houblon », indique-t-il. Afin de prévenir le mildiou, l'exploitation alsacienne n'hésite pas à défaner, pour créer un milieu aéré au pied des souches. « L'humidité persistante va favoriser le mildiou et l'oïdium », indique Freddy Merckling. Il utilise également un programme de traitement, alliant cuivre et poudre de roche, afin de lutter contre le mildiou. L'apparition de pousses spiciformes au printemps indique l'arrivée du mildiou primaire. L'occasion pour Freddy Merckling d'insister également sur l'importance d'acheter des plants munis de garanties sanitaires. « Il est extrêmement difficile de traiter le mildiou primaire quand cela vient de la souche issue d'un plant ou d'une bouture contaminé(e) avant la plantation. Pour lutter contre les pousses spiciformes, il faut assécher les spores produites par ces pousses pour éviter la contamination estivale secondaire qui fera des dégâts sur la floraison et les cônes de houblon », prévient-il. Il est également conseillé de détruire les houblons sauvages présents à 200 mètres autour de la houblonnière.
« Le houblon sauvage est bardé de maladies ». Il s'agit aussi d'éviter la fécondation des cônes de houblon, car les graines donneraient alors de faux goûts à la bière et un lot commercial ne peut dépasser 2 % de houblons graines.

La gestion des ravageurs

Du côté des ravageurs, les charançons sont présents lors des mois de mars et d'avril, qui correspondent respectivement à la levée de la dormance et au développement des feuilles. Un type d'insecte difficile à combattre. Le lycée d'Obernai teste actuellement la poudre de roche. Les pucerons peuvent apparaître en juin et juillet, selon les températures. « Cela est lié à la variété et s'il y a un excès d'azote dans la plante. Afin d'endiguer la problématique des pucerons, nous avons arrêté la fertilisation », explique Freddy Merckling. La poudre de petit-lait s'avérerait aussi être un moyen de lutte. Elle peut également être utilisée contre les acariens (araignées rouges). « Ce sont des sujets dangereux, surtout au mois d'août », poursuit-il. Les altises, enfin, peuvent apparaître en avril, mai, juillet et août. Différents itinéraires techniques existent afin de combattre les maladies et les ravageurs. Toutefois, bien des facteurs interviennent, tels les conditions climatiques, les terroirs ou même les variétés. Chaque suivi est donc unique. L'observation – essentielle – est à réaliser au quotidien, les situations pouvant évoluer très rapidement. « Une houblonnière veut voir son houblonnier tous les jours, elle le récompensera de ses soins », conclut Freddy Merckling. 

Aurélien Tournier

Le houblon est une plante vivace grimpante à tige volubile. Un plant de houblon peut mesurer jusqu’à 12 mètres de haut.

 

PRODUCTION / L’importance des plants de qualité
Selon Houblons de France, l’accès à des plants de qualité –  munis de garanties sanitaires – reste difficile en France, aussi bien pour les professionnels que les amateurs. L’association mène des actions afin de répondre à cette demande : recherche de variétés anciennes et de pépiniéristes capables de multiplier des plants selon un cahier des charges précis. Fin 2016, l’association avait récupéré plusieurs plants de la variété tardif de bourgogne. Près de 5 000 plants devraient être proposés à la vente ce printemps.

 

La houblonnière doit permettre la croissance verticale des lianes de houblon et supporter leur poids jusqu’à la récolte.
CONSTRUCTION / Une houblonnière est constituée de plusieurs éléments et chacun doit être positionné au bon endroit pour assurer une croissance correcte des lianes de houblon.   

Comprendre la structure d’un échafaudage de houblonnière

Une houblonnière, ce n’est pas seulement des poteaux reliés par des fils. Bien des paramètres sont à prendre en considération. Mais avant même de penser la conception, il est nécessaire de rappeler le fonctionnement de la structure : il s’agit de permettre la croissance verticale des lianes de houblon, supporter le poids des lianes jusqu’à la récolte (ainsi que les surcharges, tels les aléas climatiques). À raison de 3 000 plants par hectare, il faudra pouvoir supporter 150 t par hectare. L’échafaudage doit également être compatible avec l’itinéraire technique souhaité (mécanisation ou non).
Les éléments constitutifs d’une houblonnière
Plusieurs éléments interviennent dans la construction d’une houblonnière. Les fils tuteurs guident la croissance des lianes et supportent leurs poids. Fixés au sol et attachés aux câbles longitudinaux, ils peuvent être en fibre de coco, en plastique ou en fer. Les câbles longitudinaux ou latéraux supportent les fils tuteurs et reportent la charge sur les poteaux. Ils travaillent en traction et peuvent supporter la corrosion.  Les poteaux sont un support pour les câblages et participent au report de la charge sur le sol. Les poteaux médians, bordiers ou de coins, travaillent surtout en compression. Ils peuvent être en bois, en béton ou en acier (IPN). Enfin, les ancres reprennent la charge de traction donnée par le maillage aux poteaux bordiers dans les angles, afin de la répercuter sur le sol.
Le calcul de la résistance
La structure doit  être cohérente et bien dimensionnée. Ainsi, il sera nécessaire de calculer la résistance de chaque élément. Le calcul de résistance des ancrages dépendra par exemple de la profondeur de l’ancre, de sa taille et de sa forme, ainsi que du type de sol, de sa texture, de sa cohésion et de son état. En ce qui concerne la résistance des poteaux en bois, les caractéristiques du poteau (épaisseur, taille), les caractéristiques de l’essence (résistance à la compression, élasticité) auront également un impact. « Avec ce travail réalisé au préalable, la répartition des charges est assurée et les coûts sont optimisés. Il y aura aussi des gains sur les tâches à réaliser au quotidien », précise Xavier Peyrard, membre de l’association Houblons de France. 
A. T.