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Protection au travail

« La massification des EPI devrait s'accélérer ».

L'utilisation des équipements de protection individuelle (EPI) est destinée à diminuer l'exposition des opérateurs et travailleurs aux produits phytopharmaceutiques, afin de limiter l'impact sur leur santé. Christian Durlin, vice-président de la commission environnement de la FNSEA fait un point sur la mise en place et le développement des nouveaux EPI.
« La massification des EPI devrait s'accélérer ».

Une campagne de prévention sur les équipements de protection individuelle (EPI) a été lancée officiellement au SIA, afin de promouvoir la nouvelle génération d'EPI et les nouvelles règlementations. Pourquoi une nouvelle génération d'EPI ? Les anciens n'étaient-elles pas adaptées ?

Christian Durlin : "Non, les anciens EPI, principalement la combinaison, n'étaient pas totalement adaptés à l'activité agricole. De nombreux utilisateurs, qu'ils soient exploitants ou salariés, ont pointé différents problèmes dans leur utilisation : pas assez confortables et ergonomiques, par assez respirants, parfois trop voyant ce qui ne manquait pas d'interroger le voisinage, etc. En somme, les anciens EPI étaient plus un suréquipement qu'une réelle tenue de travail. Il fallait donc trouver des nouveaux EPI qui tiennent compte du quotidien des exploitants et des salariés, qui s'adaptent à la morphologie de chacun. Nous avons donc, avec plusieurs structures du monde agricole, de toutes parts (FNSEA, JA, APCA, MSA, La Coopération Agricole, FNA, UIPP, ADIVALOR, Synamap, ...) travaillé collectivement à une meilleure communication sur les nouvelles solutions. Les nouveaux EPI sont aujourd'hui adaptés aux morphologies de chacun, hommes et femmes à l'activité de chacun quelle que soit sa spécialité."

La campagne de prévention que vous avez mis en œuvre sur le port de ces EPI porte-elle ses fruits ? Est-elle efficace ?

CD : "Compte tenu de la crise sanitaire, nous avons dû échelonner nos communications et sensibilisations (pour en savoir plus sur cette campagne, le choix et la gestion des nouvelles solutions EPI : www.epiphyto.fr. Cependant, tous les échelons intermédiaires de notre réseau (coopération, négoce, Chambres d'agricultures...) ont été mobilisés et ont pu s'approprier cette thématique. Le travail de diffusion de l'information et de sensibilisation se poursuit et, en bout de chaîne, les utilisateurs sont conscients que les EPI concourent à protéger leur santé."

Avez-vous des premiers retours d'expérience sur l'utilisation de ces nouveaux EPI ?

CD : "Oui. Ils sont très positifs. Les agriculteurs et salariés attendaient cette nouvelle génération d'EPI, car elle correspond à un réel besoin, est adaptée à l'activité agricole. Bien entendu, il reste encore quelques améliorations à apporter, ici et là, mais au regard du saut technologique qui a été réalisé pour confectionner ces EPI, les modifications à venir resteront marginales. Je précise que ces vêtements ont été conçus sur la base des normes en vigueur (Normes ISO 27065 et ISO 18889), en lien avec des industriels spécialisés."

Ces EPI ne sont-ils pas trop coûteux pour des exploitations qui, pour beaucoup, ont déjà du mal à équilibrer leurs comptes ?

CD : "Nous avons travaillé, avec les industriels, sur le coût du vêtement. Il faut compter environ 50/60 euros par combinaison (ou ensemble veste-pantalon). Cependant, cette dernière est réutilisable. Elle n'est plus jetable comme les suréquipements d'autrefois. La massification de ces EPI devrait permettre de réduire les coûts. Enfin, la sensibilisation du milieu agricole aux problèmes phytosanitaires fait qu'une majorité d'utilisateurs mesure la nécessité d'effectuer ces achats, sachant qu'ils sont déjà équipés en gants et masques pour la préparation des bouillies. Je pense qu'une fois que nous aurons atteint un taux de 35-40 % d'EPI conforme aux toutes nouvelles recommandations officielles, la massification des nouvelles solutions devrait s'accélérer. Notre objectif est d'atteindre 50 % d'ici cinq ans et 70 % en 2030 pour assurer la transition entre ancien et nouveau cadre EPI."

Quels sont, selon vous, les futurs enjeux, à moyen terme, pour la protection phytosanitaire ?

CD : Il faut porter l'effort sur la lecture des étiquettes. Les contenants comportent trop de sigles, de signes que les agriculteurs ne comprennent pas toujours. Il faut, je pense, simplifier et normaliser pour vulgariser l'information auprès des utilisateurs des produits phyto. Ce travail de clarification et d'homogénéisation des étiquettes a été entrepris par l'industrie phyto française et ces nouvelles étiquettes sont en cours de déploiement depuis 2 ans (fin 2019, 90 % des étiquettes phyto nouvellement mises en marché sont conformes à ce nouveau format). On y trouve notamment des tableaux didactiques qui précisent quels EPI porter à quel moment. De même, un effort doit être entrepris pour rendre les emballages plus pratiques. Quand bien même les produits phytosanitaires de 2020 n'ont rien à voir avec ceux des années 80-90, le chantier phytosanitaire reste important. Le débat sur les zones de non-traitement (ZNT) nous obligent à travailler toujours plus sur le fond (formulation, techniques de pulvérisation notamment) et sur la forme (communication) pour rassurer tous les acteurs d'un bout à l'autre de la chaîne alimentaire."

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