La noix se fait toujours plus gourmande

Peut-être avez-vous déjà goûté, lors d'un apéritif, aux cerneaux de noix grillés de la marque « Noix et compagnie »... Depuis 2007, la SCEA Ymage commercialise en effet des produits à base de noix. Si celles-ci proviennent de l'exploitation familiale, la transformation reste toutefois confiée à d'autres sociétés locales. « On ne peut pas tout faire, chacun son métier. On ne peut pas être bon de partout », sourit Sabine Matras, l'une des deux exploitantes.
Des noix et des ppam
À vrai dire, la noix fait pleinement partie de l'ADN de cette entreprise familiale. Elle a seulement su s'adapter au fil du temps. Implantée à Beauregard-Baret, l'exploitation en cultive depuis cinq générations. Aujourd'hui, 30 ha sont en production et 5 en développement. S'ajoutent des grandes cultures. Maïs, tournesol et blé laissent cependant peu à peu la place à la lavande et au lavandin (8 ha à ce jour). Une nouvelle activité qui a pu être lancée grâce à la création de la Distillerie des Monts du Matin, située non loin de là, à Chatuzange-le-Goubet. « Nous recherchions des cultures moins gourmandes en eau. Nous ne regrettons pas notre choix, au vue des rendements plutôt encourageants », précise-t-elle aussi.
Mais force est de constater que la gourmandise reste de mise, au travers des produits transformés commercialisés. Une idée née des conséquences des aléas climatiques. « Il avait grêlé lors d'une année. Il y avait donc pas mal de noix non commercialisables en coque. Mes parents ont donc créé des produits et prospecté des boutiques. L'accueil a été bon. Ils se sont dit qu'il y avait quelque chose à faire », raconte également Sabine Matras. Cet axe de développement a donc permis d'éviter des pertes, comme le confirme aussi Marie-Lise Matras, la seconde associée (et sœur de la première). « Des noix peuvent ne pas respecter le calibre du cahier des charges de l'AOP, des coquilles peuvent être tâchées ou mal formées. Pourtant, à l'intérieur, le fruit est bon. Il s'agit donc de ne pas gaspiller et de valoriser le travail d'une année, relate-t-elle. La noix, on l'aime, on a envie de la faire découvrir sous toutes ses coutures. »
Une quantité de délices
Marie-Lise Matras indique volontiers que tout n'a pas encore été exploré, même si le panel de propositions est déjà large. L'exploitation propose en effet parmi ses références des moelleux et nougats aux noix, huile de noix, tartinables, noix apéritives, noix caramélisées avec du sucre biologique, noix chocolatées, confiture de noix, huile de noix, etc. Chaque année, environ 20 % de la production totale est commercialisée par leurs soins ou transformée ; le restant - en coque - est vendu à deux grossistes isérois.
Les délices transformés et filets de noix sont commercialisés dans plusieurs épiceries fines, caves, des jardineries ou même des magasins présents sur les aires d'autoroute. Si les deux sœurs ne manquent pas d'idées, certains clients leur demandent parfois des produits spécifiques. C'est dans pareil contexte qu'ont d'ailleurs été créés des coffrets gourmands avec des mignonnettes. « La demande d'un office de tourisme », précise-t-on. Des comités d'entreprises ou encore des associations peuvent aussi se rapprocher pour des cadeaux personnalisés en fin d'année.
Quoiqu'il en soit, les produits proposés ne sont pas choisis au hasard. « On fait ce qu'on aime et ce que les autres ne font pas. Les noix apéritives, ça change des choses qu'on a l'habitude de consommer », notent encore les deux sœurs. Il n'y a pas que la qualité ou l'originalité qui sont au rendez-vous. Le packaging est lui aussi soigneusement étudié. Les pots en verre préviendront l'humidité. Le rafia, ajouté délicatement à la main sur certains contenants, signera quant à lui toute l'attention portée au produit.
Aurélien Tournier
ET AUSSI / Delphinoix à La Baume-d’Hostun
Si l’entreprise privilégie la discrétion, il n’en reste pas moins que cette entreprise implantée à La Baume-d’Hostun est un opérateur qui compte. Créée en 1996, elle commercialise des noix en coque, des cerneaux, de l’huile de noix ainsi que de l’huile de noisette. Elle fait également la part belle aux « noix-cornichons » (des noix cueillies vertes et conservées dans du vinaigre). Un produit créé à la demande d’un client pour le marché du Commonwealth. Si la production atteignait 100 tonnes de noix en 1996, elle représente actuellement quelque 2 000 tonnes.

Noix de Grenoble : les prévisions de récolte
Lors de son assemblée générale, en date du 11 septembre, le Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble (CING) a présenté les prévisions de récolte pour la prochaine campagne. Il en ressort qu’entre les excès d’eau au printemps et la sécheresse de cet été, la production de noix de Grenoble, cette année, « devrait être en légère baisse, avec une grande disparité entre vergers irrigués et non irrigués ».Le CING a également noté que les proportions de calibres étaient satisfaites, avec une majorité supérieurs à 30 mm mais près de 15 % en sous calibres dans les zones en excès d’eau. La qualité sanitaire était par ailleurs satisfaisante à fin août. La commission maturité doit par ailleurs se réunir prochainement afin de déterminer la date de début de récolte.
Les échos sur le terrain
À Montmiral, Christian Nagearaffe possède 20 ha de vergers irrigués et 20 autres non irrigués. « On voit bien la différence, note-t-il volontiers. Pour les vergers irrigués, je pense avoir une baisse de rendement d’au moins 10 %, voire plus par endroits. Pour les vergers non irrigués, le rendement moyen est déjà plus faible en année normale. Mais avec le temps sec et les fortes chaleurs, cela devient préoccupant pour les arbres eux-mêmes, qui perdent tout leur potentiel de rendement avec les stress hydriques répétés. Je pense avoir un rendement divisé par deux par rapport aux vergers irrigués. On peut aussi noter qu’avec les fortes chaleurs, le soleil a brulé des noix qui ne seront pas commercialisables », souligne encore le nuciculteur, également secrétaire du CING.
Nicolas Charvin - dont l’exploitation est située à Châtillon-Saint-Jean - possède quant à lui 5 ha de vergers en agriculture biologique, dont la moitié est irriguée. « Les volumes semblent normaux, supérieurs à l’année dernière , indique-t-il. Les faits marquants sont un printemps très humide (forte pression anthracnose) et un été très sec et chaud (pression “normale” en carpocapse et mouche du broue). La saison semble en avance mais le début de la récolte dépendra surtout de la météo. Les parcelles non irriguées commencent toutefois à bien souffrir de la sècheresse »
A. T.PRÉVENTION / Attention aux volsEntre octobre et décembre, les nuciculteurs peuvent être exposés à des vols, que ce soit sur les parcelles ou dans les bâtiments. « C’est une période sensible », confirme-t-on d’ailleurs au groupement départemental de la gendarmerie de la Drôme. Laquelle, afin d’enrayer ce phénomène de délinquance résiduelle, conseille notamment d’améliorer la sécurité des bâtiments lorsque le stock est constitué. D’autant que les préjudices financiers peuvent être importants. En 2017, plusieurs vols ont été signalés dans la Drôme. Des référents sûreté sont disponibles pour apporter des conseils sur les différentes mesures de protection. Ils sont joignables au 06 26 71 30 77 (Adjudant Leanni) et 06 24 62 38 36 (Major Auguste).