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Chambre d'agriculture

La Pac fait l'unanimité contre elle

Réunis en session, les élus de la chambre d'agriculture de la Drôme ont voté à l'unanimité une motion relative aux difficultés d'instruction des dossiers Pac. Par ailleurs, l'établissement souhaite s'investir dans les « projets alimentaires territoriaux ».
La Pac fait l'unanimité contre elle

La galère des déclarations Pac 2015 n'en finit pas ! La complexité du système semble avoir atteint son paroxysme. Pour les élus de la chambre d'agriculture de la Drôme, réunis en session le 19 février à Bourg-lès-Valence, « on n' a jamais vu ça ! ». Et avec la géographie de la Drôme et la multitude des productions agricoles, la tâche devient « abracadabrantesque », a reconnu le nouveau préfet, Eric Spitz. Dans une motion présentée par la présidente Anne-Claire Vial, et adoptée à l'unanimité, les élus de la chambre d'agriculture ont mis l'accent sur la nécessité de régler les dossiers 2015 au plus vite, et avant que ne débute la période des déclarations 2016. Concernant les surfaces peu productives, ils demandent au ministère de l'Agriculture que la totalité des contrôles de prorata (dit « visites rapides ») prévue en Drôme (environ un millier) soit effectuée et qu'ils ne fassent l'objet d'aucune pénalité, ainsi que l'avait promis le ministre à l'automne. Et s'agissant des surfaces non agricoles (voir notre édition de la semaine dernière), ils exigent que celles qui sont non visibles, non déclarées ou disparues soient bien intégrées à la campagne 2015, dans la mesure où elles affectent les surfaces d'intérêt écologiques ou le verdissement.

Par ailleurs, les élus consulaires demandent que toutes corrections d'anomalies effectuées au cours de la campagne Pac 2016 soient intégrées dans les dossiers de 2015 si cela porte à conséquence. Des moyens ont aussi été demandés pour que la DDT, qui subit elle aussi ce nouveau système, puisse faire face. Le préfet s'est engagé à relayer les inquiétudes exprimées et à faire le maximum « pour tout mettre en ordre de marche ».
Les élus de la chambre d'agriculture craignent cependant du retard dans l'instruction des dossiers. « Avec la crise sans précédent que traverse notre agriculture, les trésoreries des exploitations ne supporteront aucun délai de paiement des aides Pac, a prévenu Anne-Claire Vial. Il faut que le ministère de l'Agriculture étudie la mise en place d'une nouvelle avance de trésorerie remboursable (ATR) en octobre 2016. »

Construire le « Metro » de l'agriculture

Dans un tout autre registre, la chambre d'agriculture souhaite devenir acteur de référence dans les projets alimentaires territoriaux (PAT). Inscrits dans la loi d'avenir agricole votée en octobre 2014, les PAT ont vocation à rapprocher localement production et consommation. Ainsi que l'a présentée l'une de ses conseillères, Nina Croizet, « c'est une démarche co-construite prenant en compte les attentes de chacun, fixant des objectifs de production (en volume et qualité) et de distribution ». Et comme l'a précisé Bertrand Chareyron, chef du service développement des territoires, « les enjeux pour les agriculteurs et les filières (courtes et longues) sont, notamment, de redonner de la valeur ajoutée aux produits, de créer de nouveaux débouchés ».

Christophe Léger, éleveur laitier et vice-président de la chambre d'agriculture Savoie-Mont Blanc.

Christophe Léger, éleveur laitier et vice-président de la chambre d'agriculture Savoie-Mont Blanc, est venu présenter la démarche initiée depuis cinq ans dans le bassin d'Annecy (200 000 habitants). « Il s'agit de mettre en adéquation l'offre agricole avec une demande sociétale en évolution », a-t-il expliqué. L'expérience a débuté avec la fourniture de fromages aux cantines scolaires. Elle s'est ensuite élargie à d'autres produits comme les légumes en lien avec des restaurateurs, des cuisines centrales... « Faire converger les demandes avec les possibilités agricoles est complexe », a-t-il reconnu. La maîtrise logistique est également essentielle, d'où le rapprochement avec les autres chambres consulaires (CCI, chambre des métiers) et le soutien des collectivités. « C'est un peu comme construire le "Metro" de l'agriculture », a-t-il ajouté, en référence à l'enseigne de distribution en gros pour les métiers de bouche.
La Drôme a déjà l'expérience d'Agrilocal mais aussi des points de vente directs et de Bienvenue à la ferme. « Avec la diversité de produits agricoles que nous avons dans le département, nous pouvons continuer à construire », a souligné Anne-Claire Vial. A suivre, donc.

Christophe Ledoux

A la session de la chambre d'agriculture /
Ils ont dit

Après le décès d'une technicienne de la chambre d'agriculture de l'Aveyron, « nous somme choqués par ce drame et nos pensées vont à sa famille et ses proches, a déclaré en ouverture de la session Anne-Claire Vial, présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme. Je tiens à souligner l'engagement des collaborateurs des chambres d'agriculture pour faire avancer l'agriculture. » Après l'adoption des comptes de 2015 (résultat positif de 9 829 euros), « le réseau des chambres d'agriculture n'est pas épargné dans la baisse des moyens publics, a-t-elle indiqué. Il n'est pas tolérable que sur des dossiers de développement, et alors que nous avons une légitimité publique, nous soyons mis en concurrence avec des structures qui ne représentent pas l'ensemble des filières et des agriculteurs. Le secteur agricole et agroalimentaire drômois représente 22 000 emplois, a-t-elle indiqué au président du conseil départemental. Il faut continuer à le soutenir. »
« Je suis conscient que l'agriculture et l'agroalimentaire sont des activités capitales pour la Drôme », a répondu Patrick Labaune, président du conseil départemental. Et la chambre d'agriculture, comme les autres chambres consulaires, est un acteur essentiel de la vie économique. Le Département continuera à s'impliquer pour le monde agricole, avec pour relais la chambre d'agriculture. » Par ailleurs : « Agrilocal est une réussite à développer encore, notamment auprès des lycées de la région.» « Tech&Bio est un évènement dont l'impact économique sur l'agglomération est aussi important que le rallye de Monte-Carlo. »
« Mon rôle est d'être un facilitateur, a déclaré Eric Spitz, préfet de la Drôme. J'ai déjà rencontré beaucoup de responsables et le dossier agricole est au sommet de la pile sur mon bureau. » A propos de la nouvelle cartographie des cours d'eau : « Les remarques seront prises en compte et un guide d'entretien des cours d'eau sera prochainement disponible. » Sur le plan de soutien à l'élevage : « Sur le volet A, 52 dossiers sont éligibles pour 162 000 euros d'aides. Un abondement devrait permettre de servir 20 autres dossiers. » Le préfet a par ailleurs donné le détail des annonces faite par le Premier ministre le 17 février (lire par ailleurs).

 

Bilan d'activité / A la session de la chambre d'agriculture, un point a été faite sur quelques actions phares menées l'an dernier.

Une année 2015 bien remplie

« L'activité en 2015, à destination des agriculteurs, des filières et des territoires, a été riche et dense, au reflet de la diversité de l'agriculture départementale, a indiqué Damien Colin, directeur de la chambre d'agriculture de la Drôme. Plus de 8 500 contacts individuels ont été recensés entre les agriculteurs et les conseillers. Lors de la session, quelques actions phares ont été mises en avant comme le salon Tech&Bio dont la fréquentation a grimpé de 25 %. La prochaine édition aura lieu en 2017. Au niveau de la Pac, plus de 700 agriculteurs (soit deux fois plus qu'en 2014) ont été accompagnés dans leur déclaration RPG. Un bémol concerne l'installation avec seulement 39 dossiers de DJA (dotation jeune agriculteur) instruits. En cause, selon Paul Despesse, le nouveau dispositif d'installation jugé « trop contraignant » et pour lequel « il faut aller vers plus de simplicité pour donner une meilleure visibilité aux jeunes ».
Sur les thèmes du foncier et de l'urbanisme, un important investissement, notamment juridique, a concerné l'accompagnement de projets d'aménagement hydraulique liés aux risques d'inondation. La chambre d'agriculture s'est également investie sur treize captages prioritaires d'eau potable ainsi que sur le développement des circuits courts et de l'agritourisme. En matière de nouvelles pratiques agronomiques, la plateforme Tab a été inaugurée en avril 2015. Par ailleurs, la mise en place de huit comités d'actions et de projets (Cap) a permis de renforcer l'accompagnement local. « Notre ambition, a indiqué Jean-Pierre Royannez, consiste à bâtir des projets territoriaux solides répondant aux attentes des agriculteurs et des filières, le tout en nouant des partenariats avec les outils économiques, les collectivités locales... »
A télécharger : le rapport d'activité 2015 de la chambre d'agriculture de la Drôme.