La pépinière viticole, une filière reconnue
Après Montélimar en 2015, la fédération française de la pépinière viticole (FFPV) s'est réunie en congrès à la cité du vin à Bordeaux cette année. « Notre filière est internationalement reconnue pour son potentiel sanitaire, son innovation variétale et son niveau qualitatif », a souligné son président, David Amblevert à cette occasion.
Dépérissement : une feuille de route
Le plan national de lutte contre le dépérissement du vignoble, lancé par le CNIV(1) et FranceAgriMer, a fait partie des thèmes abordés. Il « a totalement associé la pépinière viticole. C'est une première », a constaté le président de la FFPV. La perte de rendement imputable au dépérissement a été chiffrée à 4,6 hectolitres par hectare en 2014, et plus de 60 causes dénombrées peuvent être à l'origine, a-t-il été indiqué lors du congrès. Le plan de recherche est bâti en cinq axes : physiologie de la vigne, écosystème, prévention des risques biologiques, fabrication des plants de vigne et implantation, leviers socio-économiques. Des réseaux nationaux seront déployés notamment, avec la création d'un outil d'observation participatif du vignoble. « Aucun lien n'est établi entre dépérissement au vignoble et plants de vigne, a confié David Amblevert. Sensibilisée, la FFPV apporte une feuille de route. » Celle-ci se décline en six axes : information des viticulteurs clients ; recherche ; gestion du potentiel de vigne mère ; qualité et diffusion des plants ; anticipation du marché ; lieux de concertation entre la pépinière et le vignoble.
Flavescence dorée : prospection, traitement
Concernant la flavescence dorée, « 100 % des vignes-mères de greffons sont prospectées, note la FFPV. Les analyses de risques font désormais partie du paysage de la pépinière viticole, ce qui amène parfois à l'obligation de recourir au traitement à l'eau chaude (TEC) des bois et plants, uniquement pour être en adéquation avec le principe de précaution ». Pour le TEC, la profession demande l'homologation du couple temps-température de 50°C pendant 35 minutes. Car « ce couple apporte toutes les garanties tant dans la lutte du phytoplasme de la flavescence dorée que la bactérie de la maladie de Pierce suite aux expérimentations menées par l'IFV(2). »
Autres menaces sanitaires
Quant à Xylella fastidiosa, la bactérie du xylème ou maladie de Pierce, quantité de plantes hôtes et insectes en sont vecteurs. Elle n'a jamais été identifiée sur vigne en Europe. Elle l'a été en 2010 en Italie sur laurier-rose, en 2013 à Taïwan et en Iran. Un premier cas a été repéré en Corse en 2015 puis en Paca et, en 2016, en Allemagne sur laurier-rose. La FFPV demande des contrôles renforcés sur le matériel végétal importé.
« Un nouveau virus menace le vignoble » : la maladie du pinot gris. Présent dans des plantes asymptomatiques, il est identifié en Chine, Amérique, Italie, Espagne, depuis peu en Allemagne et Suisse. Le taux de maladie est très faible. Mais elle est présente en Italie, « où on la dit impossible à éradiquer ». En France, elle n'a pas été repérée mais « le virus est très présent sur le territoire ». Il a été observé en 2014 sur du merlot à Bordeaux et des analyses ont révélé sa présence en 2016 en différentes régions. Aussi, la FFPV souhaite être régulièrement informée des connaissances sur l'apparition de ce nouveau virus, via sa commission technique. Elle demande également aux pouvoirs publics de dégager des financements pour la recherche et l'expérimentation, apportant sa contribution technique d'observation. « Il faut caractériser les symptômes, les conséquences agronomiques, les effets sur la production et la qualité des vins. »
Recherche sur les porte-greffes
Côté porte-greffes, 31 sont autorisés à la culture, dont cinq représentent 75 % des plantations (SO4, 110R, 3309C, 41B, 140Ru). Des baisses régulières de rendement et de vigueur sont constatées, ainsi qu'une moindre disponibilité en ressources hydriques et minérales. Programme de recherche visant à mettre en œuvre une sélection de nouveaux porte-greffes adaptés, Idéogreffe propose une double stratégie. D'une part, l'idée est de diversifier l'utilisation des porte-greffes existants et d'en inscrire de nouveaux à partir du pool « étrangers ». Mais aussi de réactualiser les connaissances et références agronomiques sur les porte-greffes existants (français et étrangers). D'autre part, il s'agit de créer de nouveaux porte-greffes permettant de contrôler les contaminations par le court noué et adaptés aux environnements contraignants (sécheresse, chlorose). « Des nouveautés pourraient être disponibles d'ici dix à quinze ans. »
Des marchés export à reconquérir
La baisse des exportations à 13 millions d'euros (contre 50 millions voici 10 ans) est liée à la dynamique du marché national, qui reste prioritaire, mais aussi aux règles sanitaires voire protectionnistes de certains pays, a-t-il été expliqué. Le plan de compétitivité devrait aider à reconquérir ces marchés : l'augmentation et le renouvellement du parc des vignes-mères de porte-greffes et de greffons, ainsi que la recherche vont élargir l'offre. Les investissements récents en mécanisation et robotique sont aussi un moyen de gagner en compétitivité.
(1) CNIV : comité national des interprofessions des vins à appellation d'origine.
(2) IFV : institut français de la vigne et du vin.
La France, première pépinière viticole d'Europe
Née en 2003, la FFPV rassemble 13 syndicats, dont celui des pépiniéristes Drôme-Ardèche.En 2016, les pépiniéristes viticoles français ont produit 225 millions de plants greffés, contre 220 millions en 2015. Et, pour la prochaine campagne, la demande s'annonce soutenue. 3 540 autorisations de plantations nouvelles ont été délivrées cette année à plus de 7 600 demandeurs. Sans oublier les programmes de restructuration et les volumes importants de complantation.
La France reste le premier pays producteur européen de plants. Elle couvre 40 % des mises en œuvre en Europe, avec 1 539 hectares de vignes-mères de greffons et 2 119 hectares de vignes mères de porte-greffes.