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Prédation - tournée agricole du préfet

La prédation du loup, une pression sans équivoque

Le 30 juillet, pour la troisième étape de son parcours, la FDSEA a choisi d'amener le préfet de la Drôme dans les alpages. Le dossier de la prédation du loup a constitué le principal sujet de discussion.
La prédation du loup, une pression sans équivoque

Situé sur les grands alpages de Bouvante, le groupement pastoral de Serre de Montué regroupe sept éleveurs. Le cheptel présent se compose de 1 200 brebis, 50 vaches allaitantes, 40 génisses ainsi que 25 poulinières de race comtoise. C'est dans ce contexte que s'est déroulée la troisième étape préfectorale le 30 juillet, à l'occasion de la tournée organisée par la FDSEA de la Drôme. Du 25 juin au 1er octobre, les troupeaux bénéficient d'une ressource en herbe intéressante et non suffisante sur les exploitations. Pour autant, le groupement pastoral, qui confie la garde des animaux à un berger et un aide-berger pour la durée en estive, doit subir la pression permanente du loup. Cette problématique, qui redouble d'intensité depuis quelques années, amène certains éleveurs à réduire la taille de leur troupeau, voire à envisager l'arrêt de l'élevage, ce qui n'est pas sans poser un problème global d'aménagement des territoires ruraux.

« Il va falloir nous aider ! »

Lors de la visite de l’alpage de Font d’Urle, le sujet de la prédation du loup a été mis en avant avec de nombreuses inquiétudes pour l’avenir.
© journal L'Agriculture Drômoise

Depuis une vingtaine d'années, les brebis sont contenues par une clôture, afin de les protéger davantage de la prédation. « Cela fait trente ans qu'on se bagarre pour trouver des solutions », assure Jean-Louis Mancip, éleveur à Montlaur-en-Diois et porte-parole du groupement pastoral de Serre de Montué. Malgré des mesures de protection (double filets, chiens de protection, cloches, troupeau positionné près de la cabane des bergers, etc.), la présence du loup redouble d'intensité. Les larmes aux yeux, Delphine Eymard, éleveuse de 300 brebis à Saint-Agnan-en-Vercors, explique la réalité du terrain : « La seule solution que j'ai trouvée, c'est de dormir aux côtés du troupeau du 20 juin au 27 septembre. Cela fait deux ou trois ans que je passe toutes les nuits sur l'alpage. Avec des journées de 22 h pour 1 200 € par mois, avec une tension nerveuse en permanence, nous n'allons pas tenir des années comme cela. Il va falloir nous aider ! » La jeune femme a d'ailleurs vu ses deux chiens de défense blessés par le loup, la veille au matin, alors qu'elle était partie dormir deux heures.

« Il faut finir le boulot »

Trois jours avant la visite organisée par la FDSEA, le loup avait de nouveau frappé en attaquant le troupeau et en blessant gravement une brebis.
© journal L'Agriculture Drômoise

Les propos de Delphine Eymard n'ont pas manqué de sensibiliser Hugues Moutouh, préfet de la Drôme, qui a affiché son soutien aux éleveurs présents : « Je serai là pour vous enlever un peu de pression. Sans pastoralisme, nous aurons un autre gros sujet dans le département : les feux de forêts. De plus, il participe amplement à l'aménagement du territoire ».
Autre problématique évoquée, la cohabitation au sein de l'alpage. « Nous avons pas mal de fréquentation touristique et la cohabitation de nos chiens de défense avec les randonneurs est un souci de plus. Aujourd'hui, même si un arrêté départemental interdit aux touristes de se promener avec leurs chiens, certains le font quand même », regrette Jean-Louis Mancip. Ce dernier n'a d'ailleurs pas manqué de faire réagir les élus présents, en sortant un couteau devant la brebis blessée trois jours plus tôt par une attaque de loup : « Il faut finir le boulot », a-t-il affirmé, une pointe de rage dans la voix.

Amandine Priolet