La production et le marché de la volaille de chair

Dans le monde
La volaille est la viande la plus produite dans le monde (devant le porc depuis 2017). Les conflits commerciaux et le contexte sanitaire pèsent sur ce marché. Au Brésil, la production tend à stagner depuis 2015 du fait d'un scandale sur le système de certification des viandes (fraudes à la salmonelle). L'UE lui a fermé ses frontières. Après une vingtaine d'années de croissance, les exportations brésiliennes sont en repli. En Chine, la production et les exportations sont en baisse, impactées par l'influenza aviaire (IA). Les Etats-Unis poursuivent leur progression. Et la production européenne est plutôt stable (en légère hausse).
En Europe
Dans l'Union européenne (UE), 2018 est marquée par un retour des volumes en dindes, canards et une progression en poulets. Côté exportations, le solde est excédentaire en volume de volailles mais déficitaire en valeur car il s'agit de produits à faible valeur ajoutée (ailes, poules de réforme à destination de l'Afrique et du Proche-Orient et, plus récemment, viande séparée mécaniquement de la Pologne vers l'Ukraine). Sur les sept premiers mois de 2018, les découpes congelées, qui constituent le principal de l'export, sont en hausse. Le recul (d'un tiers) des importations de l'UE en provenance du Brésil profite à la Thaïlande (+ 10 %) et l'Ukraine.
En France
La production française de volailles est plutôt stable depuis une dizaine d'années et portée par le poulet (en hausse). En 2018, une progression du canard gras est attendue. La part du poulet grand export (11 % contre près de 25 avant la fin des restitutions aux exportations) est en repli (- 15 % en carcasses congelées vers le Proche et Moyen-Orient). Celle du poulet standard est de 64 %, du label rouge de 15 % (stable), du certifié de 8 % (en légère hausse) et du bio de 2 % (en augmentation mais reste faible).
Le total des achats de volailles par les ménages (sans la RHD) est assez stable. Mais les Français s'orientent de plus en plus vers les découpes, produits élaborés et charcuteries. Une part importante des poulets consommés est importée (RHD). Ces derniers années, la France exporte plus qu'avant dans l'UE. Et « la reconquête du marché intérieur est en marche. »
L'Ukraine, un nouveau concurrentUn nouveau concurrent européen émerge : l'Ukraine, où la production se développe depuis les années 2000. Le secteur est très concentré, avec d'énormes unités d'élevage. Depuis 2010, il se tourne vers l'export, notamment en Europe. Cette l'année, les importations de l'UE en provenance d'Ukraine (qui exploite une faille dans le dispositif tarifaire) ont quasiment doublé. La part de la plus grande entreprise (MHP) est de 60 % de la production de ce pays et de plus de 85 % de ses exportations.
Parmi les forces de l'Ukraine : grande disponibilité en matières premières végétales, main-d'œuvre bon marché, structuration très intégrée de l'industrie (optimisation des coûts, économies d'échelle), sécurité sanitaire des élevages, positionnement sur des marchés exports très demandeurs (Proche et Moyen-Orient, Asie) avec des coûts de production pouvant concurrencer ceux du Brésil. Ses faiblesses : conflit avec la Russie, monnaie dévaluée, donc produits vétérinaires et génétique importés plus onéreux, faible pouvoir d'achat de sa population (l'UE est donc un marché rémunérateur pour les entreprises ukrainiennes)...