La recherche creuse des pistes contre le campagnol terrestre

Les dégâts engendrés par les campagnols terrestres demeurent un problème crucial sur bien des territoires et les zones touchées ont même tendance à s'étendre. Les agriculteurs espèrent maintenant que des solutions seront trouvées rapidement avec des moyens d'action concrets. Plusieurs études sont menées actuellement en partenariat notamment avec l'Inra et Vetagro Sup : des recherches sur les causes du déclin ; des recherches de nouvelles molécules « campagnolicides » et sur les phéromones. D'après les premiers résultats obtenus en Franche-Comté, il semble que ce ne soit pas un germe en particulier qui soit en cause lors du déclin mais un cortège de pathogènes. « 25 bactéries pathogènes ont été trouvées dans les campagnols prélevés mais il est nécessaire d'utiliser cinq organes (cœur, poumons, rate, foie et reins) dans le processus. De plus, en période de pic, le stress induirait une modification des pathogènes », explique Adrien Pinot de Vetagro Sup. Les professionnels agricoles ont donc interrogé les chercheurs sur la manière d'induire un stress et ainsi accélérer les phases de déclin. Les leviers d'actions sont en cours de finalisation.
Quelle alternative à la bromadiolone ?
Sur la question des phéromones, l'idée est dans un premier temps, d'identifier les composés olfactifs mâle et femelle qui servent à attirer le partenaire sexuel et de s'en servir pour augmenter l'efficacité du piégeage et (ou) de l'empoisonnement. Des travaux sur ce sujet réalisés chez les rongeurs (souris de laboratoire) montrent que les phéromones ont un rôle dans la fonction et les comportements de reproduction. Ils pourraient être utilisés chez le campagnol terrestre. « Chez les insectes, la lutte avec phéromones fonctionne déjà bien », souligne Adrien Keller (Inra-CNRS). Autres travaux engagés, ceux sur les nouvelles molécules campagnolicides. L'objectif est d'obtenir un nouveau produit phytosanitaire, en alternative à la bromadiolone, seul anticoagulant actuellement homologué contre les campagnols terrestres. Les financements (État et Région) ont été validés. Il s'agit dans ce programme de recherche d'utiliser les résultats déjà obtenus pour les souris et les rats afin d'identifier de nouveaux anticoagulants efficaces sur campagnols, en tenant compte de l'écotoxicité. « Les recherches se sont orientées vers des anticoagulants (AVK). En effet, l'avantage principal est qu'ils ne produisent pas d'effets immédiats sur l'animal, ce qui évite l'aversion au produit. De plus, il existe un antidote (vitamine K) et ce type de molécule n'est ni mutagène, ni cancérogène », révèle Virginie Lattard, de Vetagro Sup. Pour continuer, les chercheurs ont besoin de tissus de campagnols. Des échantillons ont été recueillis en Franche-Comté et les prélèvements se mettent en place en Auvergne également. De mi-2017 jusqu'à fin 2018, l'efficacité des molécules in vivo va être testée.
Sophie Chatenet