La refonte de la réglementation bio, côté élevages de volailles
A l’assemblée générale de Filavi 26, des explications ont été données sur la nouvelle réglementation bio. Initialement prévue en janvier prochain, son entrée en application est repoussée d’un an. Tout n’est pas encore calé.

L’assemblée générale de Filavi 26 (l'association de la filière avicole de la Drôme) s’est tenue en visioconférence le 17 novembre sous la présidence de Philippe Juven. Figurait, entre autres, à l’ordre du jour l’évolution de la réglementation européenne pour les volailles bio. Christel Nayet, conseillère spécialisée « élevages biologiques » à la chambre d’agriculture, a fait le point. Prévue initialement au 1er janvier 2021, l’entrée en vigueur des nouvelles règles a été reportée d’un an ; certains points sont encore en cours d’écriture. Ainsi, la filière dispose d’un peu plus de temps pour s’adapter.
Objectif à l’horizon 2036
Actuellement, un éleveur peut acheter des poussins conventionnels lorsqu’il n’y en a pas de disponibles en bio. Que tous soient bio à l’horizon 2036, tel est l’objectif mais « en y allant progressivement afin de laisser à la filière le temps de s’organiser », a expliqué la conseillère. « L’Union européenne prévoit une étude de disponibilité en 2028. En fonction des résultats, ce critère pourrait être revu », a ajouté Jean-Marie Fontanet, responsable de l’antenne Sud-Est de l'Itavi (institut technique de l'aviculture). Un outil (base de données en ligne équivalente à celles des semences et des plants) recensera les disponibilités pour tous les animaux bio, avec des critères génétiques et sanitaires.
Parmi les autres nouveautés prévues, les poulettes devront être conduites en bio au plus tard à l’âge de trois jours en termes d’alimentation, de produits phytosanitaires, conditions de logement en bâtiments et parcours. Contrairement à aujourd’hui (où cela est possible pour tous les animaux), seules les jeunes volailles (âge encore en discussion) pourront être nourries avec 5 % d’aliments conventionnels (inscrits sur une liste positive) à compter de 2022 mais uniquement jusqu’en fin 2026.
Parcours, perchoirs, vérandas...
Les parcours deviendront obligatoires pour les poulettes. Pour les autres volailles, un dimensionnement apparaît : une distance maximale de 150 mètres entre la première trappe du bâtiment et le fond du parcours ou de 350 mètres en présence de minimum quatre abris (types et taille non encore précisés) par hectare.
Dans les bâtiments, la densité d’animaux ne changera pas. Par contre, pour les volailles de chair, des perchoirs devront être installés. Les bâtiments de poules pondeuses pourront comporter trois niveaux (le sol et deux étages) contre un actuellement. Pour les poulettes et poules pondeuses, les vérandas seront possibles mais pas forcément comptées en surface de bâtiment.
« Certains points seront éclaircis courant 2021 dans le guide de lecture français », a ajouté Christel Nayet. Et Jean-Marie Fontanet a appelé à la vigilance sur l’interprétation du socle européen en France.
Sur le problème d’approvisionnement en poulettes bio, « le travail avance », a indiqué celui-ci. Au niveau de l’Itavi, différentes études sont en cours, dont une financée par la Région pour suivre les performances techniques de poulettes bio avec accès à un parcours et, après, des poules pondeuses. Une autre porte sur le dimensionnement, du point de vue environnemental, du parcours de poulettes bio. Et un travail a été livré en septembre sur les coûts de production qu’engendreront les modifications de la réglementation (mise au plein air, baisses de performances liées une alimentation 100 % bio…).
Annie Laurie
Bâtiments avicoles amiantés, projets contestés
A l’assemblée générale de Filavi, un point a aussi été fait sur les aides financières accordées à la filière avicole, notamment pour la rénovation des bâtiments. L’accent a été mis sur la nécessité d’une bonne articulation entre tous les dispositifs : Département, Région, Etat.
André Gilles, vice-président du conseil départemental en charge de l’agriculture, a soulevé le problème des bâtiments avicoles amiantés. Il a réaffirmé la volonté du Département d’accompagner leur rénovation, en donnant la priorité à ceux encore en activité car « c’est un moyen de ne pas en construire de nouveaux et d’éviter des oppositions ». Un sujet « à travailler rapidement pour éviter l’abandon de bâtiments, a-t-il considéré. Thierry Mommée, élu chambre d’agriculture chargé de la filière avicole, a acquiescé, avant d’indiquer : « On a déjà travaillé sur leur recensement. Ce sera forcément un travail collectif ». Philippe Juven, président de Filavi 26, a aussi abondé en ce sens, insistant sur la nécessité d’œuvrer ensemble.
Dernière problématique abordée, après un point sur les salmonelles et l’influenza aviaire (voir ci-dessous) : les bâtiments en projets confrontés à l’opposition de concitoyens. Comment les porteurs de projet peuvent-ils communiquer en amont auprès de leurs voisins ? Et comment les accompagner ?... « Cela mérite une réflexion au niveau de la profession », a observé Philippe Juven. « Il faut réfléchir aux pistes à creuser pour que ces projets soient acceptables par la société », a ajouté Thierry Mommée. Il a encore signalé la mise en place d’une formation sur ce thème par François Gaudin, conseiller « productions volailles » à la chambre d’agriculture. Mais elle a dû être annulée en raison du Covid.
A. L.
Actualité sanitaire : salmonelles et grippe aviaire
A l’assemblée générale de Filavi 26, Marie-Agnès Amos, chef du service santé et protection animales à la DDPP(*), a fait état des foyers de salmonelles dans les élevages avicoles. Cette année, « les contaminations ont explosé un peu partout en France », a-t-elle constaté. Dans la Drôme, à ce jour, quinze foyers ont été détectés en élevages de ponte, « ce qui correspond au maximum des autres années. On devrait arriver au nombre de 2016, qui était assez élevé ». En volailles de chair, cinq foyers ont été identifiés, « ce qui est assez peu ». La DDPP « mise beaucoup » sur le respect des mesures de biosécurité, le nettoyage, la désinfection… pour qu’il n’y ait pas de récurrence.
Pour l’influenza aviaire, un foyer (virus H5N8) a été détecté en Haute-Corse le 16 novembre et un autre le 19 dans les Yvelines dans deux animaleries, dont tous les oiseux ont été euthanasiés. Dès le 17, toute la France a été placée en risque élevé et des mesures ont été prises, a rappelé Marie-Agnès Amos : claustration des volailles ou protection avec des filets.
« En 2016-2017, la grippe aviaire s’était propagée sans bruit, avec peu de symptômes, a-t-elle mis en garde. C’est ce que l’on craint. Donc, une grande vigilance s’impose. Nous sommes en mode “alerte”. »
A. L.
(*) DDPP : direction départementale de la protection des populations.