La réforme des retraites au cœur des préoccupations

«On est matraqué par le gouvernement », annonce Jean-Claude Chalencon, président de la section régionale des anciens exploitants (SRAE) de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Il avait fait le déplacement depuis la Haute-Loire pour répondre à l'invitation de Marie-Chantal Charignon, présidente de la section des anciens exploitants (SDAE) de la FDSEA de la Drôme. Son allocution, très attendue par la soixantaine d'agriculteurs retraités présents dans la salle, visait avant tout le sujet des retraites.
85 % du Smic
En effet, depuis plusieurs mois maintenant, le projet de refonte des retraites est au cœur des préoccupations des anciens exploitants. « Nous demandons au minimum une revalorisation de notre retraite équivalente à 85 % du Smic, explique Jean-Claude Chalencon. Nous avons déjà perdu trois mois... » Pour rappel, le gouvernement avait annoncé une revalorisation des retraites au 1er octobre 2018, effet qui a été repoussé au 1er janvier 2019. Dans une lettre écrite à destination des parlementaires de la région, le président de la SRAE réclame une application immédiate, pour tous les retraités à carrière complète, de ce socle minimal (à 85 % du Smic), financé par la solidarité nationale. « Nous, retraités agricoles, nous nous sommes une fois de plus sentis méprisés. Nos anciens méritent un peu plus de reconnaissance », poursuit-il
CSG, pouvoir d'achat
Mais l'inquiétude ne s'arrête pas là et c'est un sujet global, autour des retraites agricoles de plus en plus faibles, qui pose problème. La hausse de 1,7 point de la contribution sociale généralisée (CSG), qui n'a pas été compensée, fait débat. De plus, cette hausse ne devait s'appliquer qu'aux retraites supérieures à 1 200 euros. Dans les faits, l'application est basée sur un revenu fiscal de référence du foyer à 14 404 euros par an pour une personne seule. Mais pour un couple, soit deux parts fiscales, est considérée seulement 1,5 part ! Pour le président de la SRAE, « ce seuil doit au minimum atteindre le nombre réel de parts fiscales. »
Autre point important, et non des moindres, la baisse du pouvoir d'achat. « C'est un sujet qui nous préoccupe énormément », confie Marie-Chantal Charignon. Alors que les retraites complémentaires obligatoires sont gelées depuis 2013, les inactifs grognent sur la désindexation par rapport à l'augmentation des prix. Or, le gouvernement annonce une valorisation de 0,3 %.
Des risques
Dans le fond, le problème s'avère même général. Car si les retraités agricoles réclament d'autres mesures pour pouvoir maintenir un niveau de vie correct, il se pourrait bien que les actifs d'aujourd'hui en fassent directement les frais. Car la baisse du prix du fermage, ajoutée à la hausse du taux de la CSG, n'encourage pas les propriétaires à louer. Jean-Claude Chalencon tire la sonnette d'alarme : « Dans les mois et années à venir, le risque est de voir les retraités ne plus louer leurs terres mais les vendre ou les faire travailler par des entrepreneurs. Le nombre d'exploitations se réduira et cela bloquera les jeunes pour s'installer. On est actuellement dans cette tendance ».
En envoyant un courrier aux plus hautes autorités, Jean-Claude Chalencon espère obtenir des réponses aux revendications des anciens exploitants. Il faudra certainement attendre encore quelques mois pour apprécier les premiers résultats.
Amandine Priolet