La rentabilité économique des exploitations régionales en question

Selon une étude économique du service de la statistique, de l'évaluation et de la prospective agricole du ministère de l'Agriculture parue en juillet, « les exploitations agricoles moyennes et grandes d'Auvergne-Rhône-Alpes génèrent un excédent brut d'exploitation (EBE) qui oscille autour de 60 000 €, soit 42 200 € par unité de travail non salarié en équivalent temps plein (Utans) en moyenne quinquennale 2014-2018. Pour la France métropolitaine, cet indicateur de la rentabilité du système de production se situe à 72 000 euros par exploitation et 54 900 €/ Utans ». Grâce à un niveau de charges modéré et un niveau de subventions plus élevé, les exploitations régionales compensent en partie cette valeur de production plus faible qu'au niveau national. « L'EBE reste relativement stable en région alors que dans le même temps le capital immobilisé augmente, même si un tassement est observé à partir de 2015 », constate l'étude. La question de la rentabilité des exploitations agricoles régionales se pose donc, avec des structures qui s'agrandissent et nécessitent des moyens de production toujours plus importants pour fonctionner alors que l'EBE ne suit pas la même tendance et stagne.
Une rentabilité économique en dessous de la moyenne nationale
La rentabilité économique mesure la capacité des exploitations à générer un bénéfice à partir des capitaux investis. « En moyenne (2014-2018), le capital économique des exploitations de la région s'élève à 276 000 € alors qu'il atteint 330 000 € au niveau national », indique Agreste. Le taux de rentabilité représente le rapport entre l'EBE et le capital économique. « Proportionnellement à la richesse créée, les exploitations de la région doivent mobiliser davantage de capitaux qu'au plan national. Ainsi pour générer un EBE de 10 000 € (moyenne 2014-2018), il faut 35 000 € d'actif immobilisé en région et 31 000 € en France métropolitaine », souligne l'étude.
La rentabilité selon les productions
Globalement, les exploitations d'élevage nécessitent plus de capital immobilisé que les exploitations de productions végétales. « Les exploitations laitières, majoritaires dans la région et plutôt situées en zone de montagne, investissent dans des bâtiments adaptés qui engendrent des surcoûts notamment pour le stockage des effluents et des fourrages », justifie Agreste. En système bovins viande spécialisé, « il exige un niveau de capital très élevé, notamment pour le cheptel reproducteur, alors que le niveau de valorisation des produits (broutards, vaches de réforme) ne permet pas de dégager une valeur ajoutée suffisante, ce qui conduit à un faible taux de rentabilité pour cette production (16 %) ». En grandes cultures, depuis 2016, la conjoncture économique défavorable a fait chuter l'EBE des exploitations céréalières. « En région, avec un capital immobilisé plus modeste que la moyenne nationale, notamment pour le poste mécanisation, les exploitations céréalières affichent une meilleure rentabilité économique malgré la crise », souligne Agreste. Pour les exploitations viticoles, « celles de la région fonctionnent avec un capital économique plus modeste comparativement à celles des autres régions viticoles qui nécessitent un besoin en fonds de roulement important pour la gestion des stocks de vins. Malgré un EBE plus faible, elles affichent un taux de rentabilité plus élevé que la moyenne nationale de l'Otex », analyse l'étude.
Investir en limitant l'endettement
Les exploitations de la région consacrent une part plus faible de leur EBE au remboursement des emprunts (34 % en moyenne 2014-2018 contre 38 % au niveau national). « Cependant, elles réalisent un effort d'investissement plus conséquent et mobilisent une partie de l'EBE pour autofinancer de nouveaux investissements et amputent ainsi la part de l'EBE consacrée à la rémunération du travail des exploitants », constate l'étude d'Agreste. Malgré un EBE plus faible que la moyenne nationale pour toutes les orientations sur la période 2014-2018, les exploitations de la région obtiennent, en dehors de la viticulture, un revenu disponible par actif salarié qui se rapproche du niveau national (respectivement 20 300 € et 21 800 € par Utans). « C'est le résultat d'un endettement plus modéré qui pèse moins sur le disponible au final », argumente Agreste. Ainsi, en moyenne 2014-2018, les exploitations laitières de la région dégagent un revenu disponible de 21 000 € par Utans, supérieur de 18 % à celui de leurs homologues de France métropolitaine. Les exploitations bovines génèrent un EBE relativement bas qui se traduit par un revenu disponible de 16 000 € par Utans, similaire au niveau national. Les exploitations de grandes cultures, victimes des aléas climatiques et de la volatilité des cours, parviennent à générer un revenu disponible d'à peine 17 000 € par Utans, « ce qui laisse peu de marge pour autofinancer de l'investissement », commente Agreste. Les exploitations viticoles obtiennent quant à elles, les revenus disponibles par Utans les plus élevés de la région, mais loin de la moyenne nationale de cette Otex (41 000 € par Utans). n
C.D d'après Agreste Études juillet 2020