La révolution numérique fait évoluer le conseil

Drones équipés de capteurs multispectraux, robots autonomes, collectes et transferts de données ou encore présence sur l'internet et les réseaux sociaux..., l'agriculture est entrée de plain-pied dans l'ère du numérique. « C'est une révolution du quotidien comme l'a été la révolution mécanique après la Seconde guerre mondiale », a considéré Damien Colin, directeur de la chambre d'agriculture de la Drôme, face aux élus consulaires réunis en session le 30 novembre à Bourg-lès-Valence. Il a cité plusieurs enjeux. Tout d'abord la précision dans le pilotage d'une exploitation agricole avec divers systèmes (GPS, RTK, robots...) mais aussi l'aide à la décision avec des logiciels et applications aux capacités d'analyse renforcées. Autre enjeu, l'information avec un accès au conseil élargi et multiplié (en ligne, en vidéo, via des forums...). Sans oublier la coopération par la mise en commun de données (big data) à valoriser ainsi que la possibilité de renforcer la traçabilité.
Un potentiel d'innovations gigantesque
La révolution numérique offre un potentiel d'innovations gigantesque dont on ne connaît aujourd'hui que les prémices. « Elle interroge aussi nos métiers et donc les services qu'une chambre d'agriculture se doit de proposer aux agriculteurs, les outils à tester, a fait remarquer Damien Colin. C'est tout le sens du chantier Cap 2020 que nous avons pris à bras le corps. »
Le réseau Bienvenue à la ferme en Drôme propose ainsi à ses adhérents des « packs de visibilité » pour être vus sur internet et les réseaux sociaux. « Page Facebook, blog, chaine Youtube ainsi qu'une newsletter sont venus renforcer la présence du réseau sur internet », a expliqué Lucie Thomas-Armandou, conseillère à la chambre d'agriculture.
Autre exemple, celui de l'outil « Mes parcelles », devenu « une boîte à outils informatiques au service des agriculteurs et de leurs conseillers », a expliqué Stéphane Guillouais, également conseiller. D'ores et déjà, il est possible de préparer son dossier Pac, enregistrer la traçabilité culturale, établir des plans de fumure réglementaires, gérer les stocks, calculer les marges et même enregistrer à distance les interventions via un smartphone ou une tablette. De plus, des outils d'aide à la décision (OAD) permettent de piloter les traitements phytosanitaires sur les blés (Optiprotect) et la fertilisation sur blés et colza (Mes Dron'im@ges). Les prochains développements élargiront ces OAD à l'ensemble des cultures. Il sera également possible de répondre à tous les cahiers des charges de certification (GlobalGap, HVE, agriculture biologique). Et même de saisir automatiquement les interventions phytosanitaires à partir d'un smartphone ou l'ensemble des interventions à partir d'une box installée dans le tracteur. « L'idée est de simplifier les temps de saisie et de pouvoir échanger des données entre diverses applications », a fait remarquer Stéphane Guillouais.
L'imagerie agronomique
Un autre aspect de la révolution numérique tient dans l'imagerie agronomique. « Des capteurs multispectraux embarqués sur des drones analysent la réflectance des végétaux (c'est-à-dire la lumière qu'ils renvoient) », a expliqué Benoît Chauvin-Buthaud, conseiller à la chambre d'agriculture de la Drôme. D'une grande précision (2 cm pour les drones, 10 m pour les satellites), les mesures enregistrées facilitent ainsi le pilotage agronomique des cultures. « En mesurant le taux de chlorophylle, on peut connaître l'état de santé de la plante », a-t-il fait remarquer. L'imagerie peut également simplifier et rendre plus précis le pilotage de l'irrigation. Des capteurs peuvent aussi détecter des maladies. « Ce sont des outils qui ne peuvent toutefois pas remplacer le conseil agronomique mais l'affiner », a cependant tenu à préciser le conseiller.
Quoi qu'il advienne, le développement du numérique fera évoluer la nature des conseils, ce à quoi la chambre d'agriculture se prépare.
Christophe Ledoux
Numérique /
Des agriculteurs de plus en plus connectés
L'étude Agrinautes-Agrisurfeurs, réalisée par les instituts BVA et Tic-agri pour Terre-net, souligne la place croissante d'internet dans la vie des agriculteurs français.