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Foncier

La Safer s’affaire pour l’emploi

La société d’aménagement et de développement de l’espace rural a tenu son assemblée générale régionale à Voiron le 4 juin dernier en mettant l’accent sur l’emploi en milieu rural.
La Safer s’affaire pour l’emploi

«La Safer contribue de façon positive à l'emploi en milieu rural », rappelle Pascal Denolly, président de la Safer* Isère, au terme d'un débat sur le lien entre foncier et activité. Qui dit emplois agricoles, dit aussi terres agricoles, c'est-à-dire le périmètre de la mission de la Safer qui est l'amélioration des structures foncières par l'installation ou le maintien d'exploitations agricoles, la mise en valeur des sols, leur aménagement, voire le remaniement. Acteurs incontournables du développement du monde rural, les exploitants agricoles employeurs sont au nombre de 10 000 en Rhône-Alpes pour 100 000 salariés, soit plus de 18 000 ETP. La viticulture et les cultures spécialisées sont les secteurs les plus consommateurs de main-d'œuvre. La Drôme et le Rhône sont les départements les plus actifs avec respectivement 2 400 et 2 700 employeurs agricoles contre un millier en Isère. La production agricole élargie (filières bois, paysage et cheval) compte 13 500 employeurs en Rhône-Alpes générant 31 000 ETP. « C'est une constante : quelle que soit la production, on emploie en agriculture. Nos entreprises sont le tissu du monde rural en générant de l'activité en continu », insiste Claire Merland, présidente de la commission régionale emploi au sein de la FRSEA.

L'installation avant tout

Lors de l'assemblée générale de la Safer Rhône-Alpes, qui s'est déroulée à Voiron sous la présidence de Gilles Flandin, cinq exemples très concrets d'intervention de la Safer ont été présentés. « Parce que l'emploi, c'est avant tout
l'installation », insiste Pascal Denolly. L'exemple de Baptiste Lemoine, repreneur d'une exploitation à Jarcieu en août 2014, a été mis en exergue. Le cédant, André Girard, a résisté à la pression de l'agrandissement, privilégiant l'installation d'un jeune « pour préserver les salariés agricoles et le personnel saisonnier et dynamiser la commune », mais aussi la filière aval. La chambre d'agriculture de l'Isère et la Safer ont joué les facilitateurs dans le cadre de l'opération de reprise et du projet de diversification vers la production de légumes à feuilles, qui s'ajoute aux arbres fruitiers, aux melons et aux fraises. La société d'aménagement foncier a non seulement procédé à l'expertise de l'exploitation, mais a aussi favorisé les échanges autour du bien ou permis de lever quelques noyaux de foncier. La chambre d'agriculture a apporté l'expertise de son espace créateur, tant sur les volets techniques, qu'économiques ou humains.

Acteur clé

Autre exemple, celui de l'élargissement au milieu rural. Souvent mal perçu, c'est un domaine dans lequel la Safer peut intervenir avec perspicacité, à l'instar de l'acquisition de la propriété Blasco, à Saint-Quentin-sur-Isère, par le producteur de plants de noyers Jean Payre. Le pépiniériste, ainsi qu'une poignée de confrères, est un acteur clé pour le
renouvellement du verger isérois. Son expansion, sur 20 hectares, a permis aux nuciculteurs de sécuriser leurs approvisionnements au plus près de leurs exploitations, de passer de 9 à 14 salariés et surtout de répondre à une demande soutenue dans un marché qui se porte bien. La Safer est intervenue, avec l'aide du conseil général de l'époque, pour stocker la propriété en vue de favoriser la rentabilité de l'exploitation agricole. La société d'aménagement est également très présente lorsqu'il s'agit de substituer des terres agricoles comme c'est le cas pour les 20 hectares de la zone d'activité d'Aoste. « Pour sortir des terrains agricoles, nous en appelons à la grande vigilance des élus, insiste Pascal Denolly. Le principal critère doit être celui du taux d'emploi à l'hectare ». Roger Marcel, le maire d'Aoste reconnaît que « sans la Safer, nous n'aurions pas pu y arriver », l'opération se poursuivant par un remaniement amiable avec l'appui de la chambre d'agriculture. 

Isabelle Doucet
*Société d'aménagement foncier et d'établissement rural

 

Vers la régionalisation de la Safer 

Le rapprochement des Safer Auvergne et Rhône-Alpes, à travers celui des structures politiques et techniques, sera effectif à compter du 1er juillet 2017. Trois collèges, 24 administrateurs : le changement de gouvernance nécessitera la réalisation d’un état des lieux et une réflexion sur l’établissement. Jacques Chazalet, le président de la Safer Auvergne a déclaré à ce sujet : « Nous sommes en train de construire une grande région agricole, touristique et industrielle, à laquelle la Safer ne se dérobera pas ». Les Auvergnats, en dépit de la forte différence de volumes de fonciers traités, ne se sentent nullement « absorbés » et vivent cette « opportunité avec optimisme ».
Le marché foncier de l’espace rural (vente de bien non bâtis, bâtis ou de forêts) représentait, en 2014 en Rhône-Alpes, 29 000 hectares (en baisse de 8%) pour un montant de plus de 2 milliards d’euros. L’Ain, l’Ardèche, l’Isère et la Loire sont les départements où les plus forts volumes se sont échangés (plus de 4 000 hectares chacun). Le foncier accessible à la Safer Rhône-Alpes représente un volume de 17 500 hectares pour 1,3 milliard d’euros de transactions. Le prix moyen par hectare de ce marché est 148 600 euros pour les surfaces bâties et 24 300 euros pour les surfaces non bâties. Ce prix moyen tout confondu est sept fois plus élevé en Haute-Savoie qu’en Ardèche. Le marché agricole (terre, prés, bâtis à vocation agricole) qui peut faire l’objet d’un droit de préemption concernait 14 000 hectares en région en 2014. C’est un marché stable avec un prix moyen à l’hectare en région de 40 000 euros en bâti et 6 600 euros en non bâti.
En 2014, la Safer a réalisé 135 installations agricoles (dont 18 en agriculture biologique) sur près d’un millier d’opérations en région. Elle a aussi rétrocédé 5 240 hectares (18 % du marché foncier total).