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ELEVAGE

La salle de traite en épi n’a pas dit son dernier mot

Investir dans une salle de traite économique avec la perspective d’accueillir un associé ou un salarié reste une alternative crédible à un robot, particulièrement pour ceux qui considèrent que la traite reste un plaisir. Exemple en Corrèze.

La salle de traite en épi n’a pas dit son dernier mot
Après quelques stages et une période au service de remplacement, Océane maintient sa préférence pour le système épi. © UP19

Coût, rapidité, confort, hygiène, place, gestion de l’astreinte… Choisir son installation de traite soulève de nombreuses questions. Jacques Cornelissen, producteur à Saint-Fréjoux (Corrèze) près d’Ussel, n’y a pas échappé. Après plusieurs années de traite en extérieur, il a décidé d’investir dans une installation fixe calibrée pour 80 laitières et 600 000 litres de lait. « J’étais seul à l’époque. Evidemment, j’ai envisagé la possibilité d’investir dans un robot mais j’ai assez vite écarté cette hypothèse car mon objectif était d’accueillir une deuxième personne, salariée ou associée. Le robot, par le montant d’investissement et son coût d’entretien, remettait en cause la capacité de l’exploitation à rémunérer deux personnes. Nous sommes dans une zone à faible densité laitière. En cas de coup dur, on peut trouver quelqu’un qui sache traire, mais activer ou dépanner un robot me semblait plus compliqué. Nous disposons de 45 ha de prairies à proximité immédiate du bâtiment. Je voulais conserver un système me permettant de valoriser le pâturage et produire ainsi à moindre coût », raconte-t-il. Son choix s’est finalement porté sur un système classique mais qui a fait ses preuves, une salle de traite en épi de 2x8 , avec un système de sortie rapide et une porte rotative. Avec un peu d’auto-construction, l’éleveur s’en est tiré pour 60 000 euros, avec un coût d’entretien raisonnable pour les années à venir.

Le système séduit encore

Océane, 22 ans, est la future associée de Jacques. D’abord salariée, elle est actuellement en stage de parrainage. Au 1er janvier 2022, ils créeront ensemble un Gaec avec l’objectif de préparer en douceur le départ à la retraite de Jacques dans quelques années et de trouver un nouvel associé à Océane. Non issue du monde agricole, cette passionnée des animaux s’est éprise des vaches laitières lors de stages scolaires. La traite, c’est son plaisir. Et elle ne compte ni changer ni modifier l’installation existante. « Avec le système épi, j’apprécie de pouvoir bien observer les animaux et les mamelles. Je pense aussi qu’on maîtrise mieux l’hygiène que dans une salle de traite par l’arrière, surtout au printemps lorsque les vaches ont les queues sales ». Côté performances, une seule personne assure la traite des quatre-vingts laitières en une heure et demie. Selon les dires des futurs associés, le nombre de places n’est pas sous valorisé « si les vaches sont propres ».
La salle de traite est lumineuse, de plain-pied et spacieuse… Peut-être un peu trop spacieuse d’ailleurs et c’est sans doute là son principal défaut. « On marche beaucoup pendant la traite et le temps de lavage est un peu long », témoigne Océane. Expérimenté, Jacques encourage lui tous ceux qui souhaitent investir dans une salle de traite à visiter et à échanger avec d’autres éleveurs pour se faire une idée. Il alerte aussi sur le risque d’investissements mal calibrés. « Le top n’est pas toujours la meilleure solution. Il y a moyen de gagner de l’argent en lait si on raisonne bien ses investissements. Le mieux, à mon sens, c’est de parvenir à être au moins deux pour gérer une exploitation laitière ».

Damien Valleix