La santé sécurité au travail… un réseau d’experts au service du territoire
Illustration concrète avec trois interventions en Ardèche, Drôme et Loire.

Sur une exploitation et dans toute entreprise, les dangers pour la santé et la sécurité des personnes peuvent être nombreux. Après quatre plans, la MSA a enregistré une baisse régulière de ces accidents du travail et maladies professionnelles dans le milieu agricole, mais l'objectif est bien sûr d'aller toujours au-delà.
C'est à partir de cette connaissance des risques accumulée depuis 40 ans d'exercice dans ce domaine, du travail mené par la caisse centrale de MSA et les équipes de terrain avec les enseignements du plan précédent que la feuille de route est aujourd'hui tracée autour de six grands axes reconnus prioritaires autour des filières agricoles les plus à risque et pour lesquelles la MSA veut agir. La MSA Ardèche-Drôme-Loire s'inscrit pleinement dans le dispositif avec, sur certains axes, la possibilité d'inclure une démarche plus locale.
C'est le cas de la sécurité au contact des animaux dans les secteurs de l'élevage, pour lesquels 56 % des accidents de travail des exploitants agricoles sont liés aux activités en élevage (celles en bovin lait et bovin viande ressortent comme les plus à risque), mais également dans le secteur équin, où l'on constate un nombre très important d'accidents de travail. Une filière très représentée dans nos départements, un secteur des plus accidentogènes avec une incidence particulièrement élevée chez les jeunes.
Risque chimique, machinisme agricole...
Cela concerne aussi l'exposition au risque chimique. Près de 10 % des salariés sont exposés à des produits chimiques cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (d'après Sumer 2010). C'est pour répondre aux demandes des entreprises qui souhaiteraient être accompagnées dans l'évaluation du risque chimique en les formant à l'outil Seirich (développé par l'INRS et identifié comme outil de référence pour l'évaluation du risque chimique en agriculture) que la MSA va intervenir. L'utilisation de cet outil doit leur permettre d'identifier et de repérer l'ensemble des produits chimiques (inventaire des produits étiquetés et des agents chimiques émis), d'évaluer les situations de travail et les hiérarchiser, de rechercher et mettre en œuvre des mesures de prévention. Cette démarche doit permettre à chaque entreprise d'être autonome sur ce risque.
Par le dispositif Phyt'attitude, la MSA est en situation de veille et de conseils sur les symptômes que pourraient présenter les utilisateurs de produits phytosanitaires, premiers concernés par ce risque. Pour tous renseignements, contacter le service Santé sécurité au travail ou composer le numéro Phyt'attitude (voir rubrique « Bonnes pratiques » encadré page ci-contre).
Le machinisme agricole est également un axe prioritaire17 % des accidents de travail des actifs étant liés à l'utilisation de leurs équipements de travail et 10 % des accidents mortels d'exploitants étant liés à des chutes de hauteur.
Risques psychosociaux et TMS
Quelles que soient les composantes du travail étudiées, 35 à 60 % des travailleurs, dont les actifs agricoles concernés, évoquent des pressions psychosociales au travail (enquête Sumer 2010 ; Dares Analyses, mars 2012). Des actions collectives en entreprise, des consultations individuelles et des interventions de médiation permettront d'accompagner les entreprises exposées à ces risques. Des psychologues du travail peuvent dans ce cas venir en appui de la MSA.
Autre chantier : les troubles musculosquelettiques (TMS). Ils sont, en nombre, les premières maladies professionnelles reconnues du secteur agricole avec la mise en œuvre dans ce cadre d'une initiative locale de prévention des TMS sur des entreprises notamment des secteurs viticulture, arboriculture et jardins espaces verts pour agir dès la phase de diagnostic en sensibilisant les médecins traitants.
L'apprentissage de la sécurité
Enfin, cela porte aussi sur l'employabilité des actifs agricoles car, en effet, l'allongement de la durée de la vie professionnelle pose des nouvelles problématiques de maintien en emploi qui doivent être prises en compte.
La MSA Ardèche-Drôme-Loire s'attache à travailler sur l'ensemble de ces axes. Neuf médecins du travail, trois infirmières et huit conseillers en prévention assistés de personnel administratif conjuguent leurs compétences afin d'accompagner les publics concernés. Bonne connaissance du risque pour pouvoir mettre en œuvre des actions concrètes, développement d'outils adaptés à chaque situation (modules de formation, supports de sensibilisation et de communication, argumentaires pour donner le meilleur conseil, outils de diagnostic) dans le but de réduire accidents et maladies liés au travail constituent autant de méthodes utilisées pour répondre aux risques lors d'interventions sur les exploitations, en entreprise, dans l'enseignement agricole ou encore sur une manifestation. Travailler en sécurité, cela s'apprend. Retour sur quelques exemples d'actions menées dans nos départements à Mizerieux (Loire), Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme) ou Gras (Ardèche).
ARDÈCHE / Les agriculteurs peuvent être accompagnés par le service SST pour prévenir les troubles musculosquelettiques. Frédéric Terrasse, de Gras (Ardèche), a sollicité il y a quelques mois la MSA.
Un siège de taille pour prévenir les TMS
Laure Michel est conseillère en prévention des risques professionnels. Au fil des jours, elle arpente l'ensemble du département de l'Ardèche afin de rencontrer les exploitants ainsi que les dirigeants d'autres entreprises de la branche agricole. Son but : accompagner ces décideurs dans l'amélioration des conditions de travail. Il faut dire que, de par sa mission de service public et au travers de son plan santé-sécurité au travail 2016-2020, la MSA se doit d'accompagner les entreprises dans l'évaluation des risques professionnels et de mettre en œuvre des mesures de prévention. Parmi les orientations fixées figurent les troubles musculosquelettiques, dits TMS. C'est dans ce contexte que Laure Michel s'est rendue, le 24 mai dernier, sur l'exploitation de Frédéric Terrasse, à Gras (Ardèche).
Des douleurs au dos
Ce n'était pas la première fois que la conseillère venait à sa rencontre. Celle-ci s'était en effet déjà déplacée pour faire un diagnostic afin de comprendre son activité. « C'est bien de pouvoir parler ensemble », souligne d'ailleurs Frédéric Terrasse. Âgé de 47 ans, cet exploitant cultive, avec son épouse, 17 hectares de vignes et 4 hectares de lavandin. Seulement voilà, depuis plusieurs années, il connaît des douleurs au dos. Il a même subi par le passé une opération. C'est pour cela qu'il a contacté la MSA, afin de se renseigner sur les aides proposées.
Entre les plantations, l’attachage ou encore la taille, l'exploitant est exposé à de nombreux risques, du fait de postures contraignantes susceptibles de créer des lumbagos ou encore des tendinites. Les sols, inégaux, peuvent aussi être la raison d'entorses ou de chutes. Sans compter les gestes répétitifs, les piqûres d'insectes, les coups de soleil, le travail dans le froid, etc. Au regard de ces éléments, à savoir l'exposition toute l'année ainsi que les facteurs aggravants, la MSA a répondu présente en décidant de l'accompagner en vue d'obtenir une aide financière pour l'achat de matériels. Cette dernière reste toutefois plafonnée et diffère selon les projets.
Réduire la pénibilité
Frédéric Terrasse souhaite pour sa part acquérir un siège de taille électrique. Pour ce faire, il a demandé plusieurs devis. Il est également allé tester cet équipement chez un autre agriculteur, non loin de son domicile : « Il fallait voir si cela pouvait correspondre. Ce fut un partage d'expériences, cela permet d'être rassuré. Ce ne sont pas de petits investissements. » L'exploitant souhaite également se munir d'une caméra de recul. Cela, afin qu'il évite de se retourner sans cesse. « Quand on est fatigué, on est aussi moins vigilant et plus exposé aux risques », souligne Laure Michel.
Une fois le dossier signé, la MSA se laisse un mois pour accepter ou refuser la demande, notamment au regard des disponibilités budgétaires. L’entreprise bénéficie alors d’un délai maximum d’un an après la signature de la demande pour réaliser les mesures de prévention envisagées. « Certes, cette aide permet de maintenir l'emploi sur le territoire. Mais il s'agit aussi de permettre à l'exploitant de se préserver et de s'octroyer des moments en famille », conclut la conseillère.
A. T.
Drôme / A Saint-Paul-Trois-Châteaux, grâce à une action de la MSA, des élèves en formation hippique apprennent à bien chuter.
Des élèves apprennent à chuter sans se faire mal
Chuter peut avoir des conséquences lourdes, notamment lorsque l'on tombe d'un cheval. Pourtant, comme pour un cascadeur équestre, ce type de chute peut être appréhendé et géré afin d’en diminuer la gravité. Partant de ce constat, la MSA Ardèche-Drôme-Loire a imaginé et mis en œuvre une action de prévention auprès des élèves en CAP de soigneurs d'équidés au lycée agricole privé Drôme provençale. « C'est une première et les résultats à mi-parcours sont satisfaisants, explique Michaël Lefebvre, responsable prévention des risques professionnels à la MSA. Les jeunes ont acquis de bons gestes et automatismes. » Christian Vallon, conseiller en prévention, a été l'initiateur de ce module de 39 heures déployé sur les deux années du CAP.
L'apprentissage de la chute est un point fondamental de la pratique du judo. Aussi, pour intervenir auprès des élèves, la MSA en a sollicité le comité Drôme-Ardèche et la ligue régionale. Sur proposition du Comité Drôme-Ardèche du judo, Quentin Charrière, professeur de judo au club de Viviers (07), s'est vu proposer d’assurer cette action « car ça m'intéresse de développer le judo sur la branche santé, explique-t-il. Mon intervention a pour but d'apprendre aux élèves à savoir faire une chute avant, arrière et latérale de qualité. »
Sur des tapis de judo, en salle, chaque intervention débute par un échauffement et un renforcement musculaire, ceci afin de dynamiser les corps. « Puis je leur montre les différentes chutes et à eux, ensuite, de les répéter dans diverses situations, ajoute-t-il. L'objectif est que le corps mémorise des gestes et des réflexes. »
Un bon niveau de progression
Le 31 mai, avait lieu une évaluation à mi-parcours. Une vidéo tournée lors du premier cours a permis de voir l'évolution des élèves quelques mois plus tard. « Tous se sont investis et les résultats sont au-delà de nos prévisions », assure Quentin Charrière. « Globalement, nous constatons un bon niveau de progression », observent, pour la MSA, Michaël Lefebvre et Christian Vallon.
Au cours de leur seconde année de CAP, les élèves poursuivront leurs exercices vers des mises en situation encore plus concrètes. Mais toujours en salle « car s'exercer à tomber d'un cheval est trop risqué, même si l'on s'est préparé à le faire », souligne le professeur de judo. De son côté, fort du succès de cette action de prévention, la MSA Ardèche-Drôme-Loire va l'étendre à des établissements intéressés situés dans la Loire et ce, dès la prochaine rentrée scolaire.
Un secteur très accidentogène
Selon des données statistiques nationales datant de 2013, le secteur de l’entraînement, dressage, haras est le premier des secteurs les plus accidentogènes pour les salariés, devant ceux de la sylviculture et des exploitations de bois. Plus des trois quarts des accidents sont en lien direct avec le cheval et, dans la majorité des cas, il s’agit d’une chute de cheval.
Avec près de 26 000 salariés en France pour 6 500 établissements, la filière hippique regroupe les activités d’élevage, de dressage, d’entraînement (courses hippiques) et les centres équestres. La population salariée est précaire avec moins d’un contrat sur quatre en CDI et 96 % des entreprises comptent moins de dix salariés. On dénombre également 8 770 non-salariés, essentiellement des exploitants éleveurs de chevaux.
Christophe Ledoux
Loire / Dans le cadre d’une journée dédiée à l’agronomie, des membres de l’équipe Santé sécurité au travail de la MSA étaient présents pour sensibiliser les employeurs et les exploitants au risque chimique.
Evaluer le risque chimique et savoir agir
Une des actions du Plan santé sécurité au travail 2016-2020 de la MSA Ardèche-Drôme-Loire est de sensibiliser les employeurs (agriculteurs, entreprises du secteur agricole) aux risques chimiques, à l’obligation de leur évaluation et à l’offre d’accompagnement de la MSA sur la Santé sécurité au travail. L’action suivante étant l’accompagnement des entreprises à la réalisation de l’évaluation du risque chimique. C’est donc dans ce double objectif qu’un trinôme de la MSA était présent dans la Loire fin mai à la journée organisée par Loire Auvergne agro sur des expérimentations agronomiques : Marie-Odile Fayolle-Poncet, médecin en santé au travail, Naathan Chalendard et Jérémy Riocreux, conseillers en prévention, tous trois faisant partie de l’équipe Santé sécurité au travail de la MSA.
Au cours de la journée, ils ont ainsi pu échanger avec les agriculteurs sur le risque chimique et leur présenter un nouvel outil informatique, Seirich, qui permet à chaque exploitant ou entreprise d’évaluer son niveau de connaissances sur les risques chimiques, de faire un diagnostic de son entreprise et d’élaborer un plan d’actions proposé par le logiciel. Cet outil peut être utilisé en groupe, avec une première réunion d’évaluation et d’élaboration du plan d’action, et une seconde pour faire un point sur la mise en œuvre du plan d’action. Cet outil peut aussi être utilisé lors d’une rencontre individuelle au domicile de l’agriculteur. Pour Naathan Chalendard, « le logiciel a un côté pratique, facile d’utilisation. Il se pilote facilement ». Il ajoute : « Le rôle du conseiller est d’aller au-delà du diagnostic. Il propose une approche globale ».
Pour communiquer autour de l’évaluation du risque chimique et sensibiliser les agriculteurs et les entreprises, l’équipe SST de la MSA participe à des salons comme celui cité précédement, communique par voie de presse et sur le site internet de la MSA, intervient auprès des scolaires car « il faut intégrer la notion de risques le plus tôt possible », explique le conseiller en prévention. Mais elle compte aussi sur l’effet boule de neige des réunions de groupe.
A l’image de leur présence sur ce salon, médecins et conseillers travaillent ensemble sur le terrain au quotidien. « Sur le volet santé sécurité au travail, c’est intéressant de travailler de concert entre médecin et conseiller, pour aborder l’aspect humain et les risques professionnels », expliquent-ils. Ils peuvent intervenir sur le risque chimique mais aussi dans d’autres domaines comme le document unique d’évaluation des risques, des conseils en aménagement, pour une approche ergonomique ou réglementaire…
Lucie Grolleau Frécon
Bonnes pratiques
S’informerRetrouvez toute l’information sur le site internet de la MSA (www.msa-ardeche-drome-loire.fr), onglet Santé Sécurité au travail.
Nouveau
Un support intitulé MSA Actu Employeurs sera envoyé quatre fois par an aux employeurs de main-d’œuvre et comportera une rubrique Santé Sécurité au Travail. Début juillet, tous les employeurs de main d’œuvre vont être destinataires de la première publication. A venir : une newsletter également à destination des exploitants agricoles.
Contact
Un numéro de téléphone unique : 04.75.75.68.67. Deux formulaires (vos questions sécurité au travail et vos questions santé au travail) sont à disposition pour poser les questions sur http://www.msa-ardeche-drome-loire.fr/vos-questions1
Dispositif Phyt’attitude
Numéro vert gratuit : 0.800.887.887. Attention, ce n’est pas un numéro d’appel d’urgence.
L’offre MSA services
Elle intervient dans deux domaines en complément dans le domaine de la sécurité au travail. Tout d’abord, avec un dispositif d’alarme pour travailleur isolé (Dati) : une protection indispensable en situation de risques. Les travailleurs isolés peuvent, grâce à un appareil testé par des professionnels de nos départements, être en permanence reliés à une centrale d’écoute en cas d’accident, de malaise. Ce dispositif s’adresse aussi à des actifs conduisant souvent sur des routes isolées, travaillant seuls dans des bureaux isolés, dans des ateliers.
Ensuite, à travers une offre de formation proposée sur des thèmes liés à la santé secourisme, sécurité, bien-être au travail, formation métiers dans le prolongement du service public. Pour en savoir plus : [email protected], http://rhone-alpes.msa-services.fr et 04.75.75.68.79 (Formation, choix 1 ; Présence Verte-Professionnels, choix 2).