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Congrès des maires de la Drôme

La santé : un droit pour tous les Drômois ?

Médecine générale, spécialisée, hôpitaux de proximité... quel accès aux soins pour les Drômois demain ? Cette question, qui concerne particulièrement les habitants des zones rurales, les maires de la Drôme en ont fait le thème de leur table ronde lors de leur congrès annuel.
La santé : un droit pour tous les Drômois ?

Avec 672 médecins généralistes dans le département, peut-on parler de désert médical ? « Dans certains endroits, l'accès aux soins de santé est plus difficile qu'ailleurs, a reconnu Patricia Brunel-Maillet, vice-présidente du conseil départemental chargée de l'environnement et de la santé. C'est pour cela qu'un plan de lutte contre la désertification a été décidé », a-t-elle ajouté devant les maires de la Drôme réunis en congrès le 13 octobre à Valence. Pour donner envie à de jeunes médecins de s'installer en zone rurale et leur faire découvrir la médecine de proximité, la faculté de médecine de Lyon délocalise certaines formations d'internes. 49 généralistes drômois ont accepté d'être maître de stage. De son côté, la Région propose une bourse de 600 euros par mois aux étudiants en médecine, cela en contrepartie d'une future installation en zone déficitaire en médecins libéraux.

« Le médecin de famille d'hier, c'est fini »

Au congrès des maires de la Drôme, la table ronde sur « l'accès aux soins des Drômois demain » a réuni Claude Derail (médecin coordonnateur sanitaire à l'hôpital de Buis-les-Baronnies), Hélène Sicard (directrice de l'hôpital Nyons-Baronnies), Gilles de Lacaussade (directeur général adjoint de l'agence régionale de santé), Clara Thomas (sous-préfet de Die), Jean-Pierre Bernard (directeur général du centre hospitalier de Valence) et Patricia Brunel-Maillet (vice-présidente du conseil départemental chargée de l'environnement et de la santé).

Malgré ces incitations, certaines territoires restent dépourvus. A Séderon, il n'y a plus de médecin depuis le départ en retraite du docteur Beaume, il y a trois ans ! En dépit d'aides conséquentes pour s'installer, aucun candidat n'a donné suite à ce jour. Le Département a dû se résoudre à mettre en place un système de transport à la demande vers des médecins référents situés à Sault (84) et à Laragne (05). La limitation des quotas d'étudiants (numérus clausus) pendant trop longtemps a créé une pénurie de médecins, ce qui aujourd'hui ne facilite pas les installations sur l'ensemble des territoires. Dans certains secteurs, des cabinets médicaux sont surchargés et en viennent même à refuser de nouveaux patients !
« Le médecin de famille d'hier, exerçant seul, c'est fini », a expliqué le docteur Claude Derail, médecin coordonnateur sanitaire à l'hôpital de Buis-les-Baronnies. 91 % des jeunes médecins souhaitent exercer en mode regroupé. » A plusieurs sur un même site, cela apporte un confort de vie (en facilitant notamment la prise de congés). « Et si sur un même site sont installées des professions paramédicales (kinésithérapeute, psychologue...), le suivi des patients est simplifié », a-t-il ajouté.

Neuf maisons de santé pluridisciplinaires

© Journal L'Agriculture Drômoise

« Les choses sont en pleine évolution », a assuré Clara Thomas, sous-préfet de Die. Elle a cité la création, dans la Drôme, de neuf maisons de santé pluridisciplinaires (à Etoile-sur-Rhône, Saint-Vallier, Anneyron, Aouste-sur-Sye, Valence, Taulignan, Le Grand-Serre, Nyons et Châteauneuf-de-Galaure). Trois autres sont en projet (lieux non officialisés à ce jour). L'État mais également le Département et la Région subventionnent leur construction. Clara Thomas a aussi évoqué les cinq contrats pour l'installation de médecins en milieu rural et les vingt autres de médecins correspondants du Samu.
« Le désert médical, dont la définition est d'être à plus de 30 minutes de soins d'urgence, est plus une crainte qu'une réalité, a estimé Gilles de Lacaussade, directeur général adjoint de l'agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes. Dans la région, seulement 4 % de la population est concernée (contre 7 % il y a quatre ans).[...] Avec le "pacte territoire santé", a-t-il ajouté, nous disposons d'une panoplie d'outils à même de maintenir et attirer des médecins dans tous les territoires. »

« Eviter le renoncement aux soins »

Hélène Sicard, directrice de l'hôpital Nyons-Baronnies, a exprimé l'intérêt de maintenir des structures de soins en zone rurale. « Malgré une moindre efficience économique, la cour des comptes a reconnu l'importance des hôpitaux de proximité car ils confortent l'installation de médecins et le travail en équipe, permettent des parcours de soins plus harmonieux, évitent le recours aux urgences. Ce sont des établissements qui fonctionnent bien. Ce qui compte, c'est d'éviter le renoncement aux soins. » Clara Thomas a, elle, cité l'hôpital de Die, le qualifiant d'« essentiel ».
Des maires se sont exprimés. Celui de Clérieux a regretté le manque de médecins dans les centres mutualistes. A Crépol, alors que le médecin part en retraite, une réflexion est en cours pour bâtir une nouvelle offre de santé. Le maire de Buis-les-Baronnies, lui, s'est inquiété de ne pas voir aboutir le projet de restructuration de l'hôpital, établissement jugé vétuste. A Suze-sur-Crest, alors qu'une jeune médecin va succéder à son confrère de 70 ans, le maire ne comprend pas pourquoi la pro-pharmacie* n'est pas reconduite. Et à Saint-Nazaire-le-Désert, la mairie peine à installer un infirmier car l'Ordre de cette profession considère que le secteur est surdoté !

Christophe Ledoux

* Pro-pharmacie : médecin autorisé à dispenser des médicaments dans un secteur géographique dépourvu d'officine.

 

Nouveauté /

Bientôt des « bus santé »

Prochainement, des
Dans le but d'optimiser le parcours des patients atteints de maladies chroniques, notamment de diabète, un collectif a réfléchi à une solution itinérante. « Dans ce type de pathologie, il est important de repérer et prévenir les rétinopathies, DMLA et autres glaucomes », a expliqué Véronique Vallès-Vidal, directrice du collectif Sud. L'idée de bus équipés d'un rétinographe a germé. Le projet a ensuite été élargi vers le dépistage de cancers (du sein, colorectal) et l'information sur certaines maladies chroniques. Les « bus santé » n'auront pas vocation à faire de la consultation médicale. Ils fonctionneront 40 semaines par an et devraient réaliser 5 000 dépistages.
« C'est une initiative sensationnelle », s'est enthousiasmé le maire de Saint-Bonnet-de-Valclérieux, Bernard Duc, qui a participé au comité de pilotage au nom de l'association des maires de la Drôme