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Nuciculture

La Senura teste le zéro pesticide

La Senura teste durant cinq ans un système zéro pesticide en noyers grâce à une bâche anti-pluie et filets anti-insectes.
La Senura teste le zéro pesticide

Pour éviter au carpocapse d'atteindre la noix, il ne reste plus qu'à la mettre sous cloche... ou plutôt dans des filets. Dans le cadre du dispositif Dephy expé, la station expérimentale nucicole de Rhône-Alpes (Senura) teste une bâche innovante sur noyers pour expérimenter le zéro pesticide. La bâche anti-pluie, posée au sommet des noyers, rang par rang, devrait limiter le développement du colletotrichum. S'ajoute au système des filets anti-insectes de chaque côté du rang pour éviter le développement du carpocapse et de la mouche du brou. Les filets sont relevables afin de permettre la pollinisation au printemps et ne sont baissés qu'à la saison des carpocapses. L'irrigation est en goutte-à-goutte enterré. Lancé en 2018, prise comme année 0 à titre de comparaison, le projet baptisé Sys'noix se poursuivra jusqu'en 2023.

Plusieurs paramètres

Durant cette période, la Senura va mesurer plusieurs paramètres. « On va mesurer le rendement, le calibre et la qualité des noix. On va aussi regarder la production, les charges et faire un cycle de vie complet du système », explique Marianne Naudin, chargée d'expérimentation à la Senura devant plusieurs nuciculteurs venus découvrir l'installation le 17 mai dernier à Têche (38). Une parcelle gérée avec les outils de la confusion sexuelle et des produits phytosanitaires servira de témoin durant la durée du projet.

7,50 mètres de haut

Ce système de bâche est déjà utilisé dans les vergers de cerisiers et de pommiers depuis plusieurs années. Mais dans les noyers ce n'est pas la même échelle. « Il y a un poteau à chaque arbre. D'habitude, ils font 5 mètres de haut. Là, les poteaux montent à 7,50 mètres », explique Dominique Dalverny, commercial en région Sud-est pour l'entreprise Filpack protection en charge de l'installation. En y ajoutant 1,50 mètre dans le sol... et les attaches à chaque bout de rang pour maintenir l'ensemble. Il faut compter de une à deux semaines pour l'installation. « Pourquoi ne pas faire du monoparcellaire ? », interroge un nuciculteur présent. « Si un insecte rentre dedans, cela devient vite un élevage. Du point de vue technique, l'installation serait plus complexe. Au final, ce serait moins de sécurité, plus cher et plus long à installer », explique le commercial. D'ailleurs, l'installation s'est faite sur la variété Lara. « La franquette est trop haute. Déjà il a fallu tailler les arbres », confirme Marianne Naudin. « On n'aura pas de solution miracle, confirme Rémy Reynaud, technicien qui a monté la structure test. Il faudra adapter le verger à l'installation car avec la prise au vent et l'installation des poteaux, on a des contraintes techniques. »

Floraison sous protection

En termes de coût, « il faut compter 50 000 euros à l'hectare et y ajouter la pose, soit 15 000 euros mais cela peut être subventionné jusqu'à 60 % », explique Dominique Dalverny. Si cela peut en effrayer certains, l'entreprise a vu depuis deux ans une augmentation de la demande dans les vergers, « avec l'interdiction du diméthoate ». Les nuciculteurs ont aussi exprimé des inquiétudes sur la floraison. « C'est la première année qu'on le teste, donc il y a beaucoup d'incertitudes », explique Marianne Naudin. Il faut en effet trouver le bon moment entre la fin de la floraison et le premier envol des carpocapses pour rabattre les filets. Ces derniers laisse passer le vent mais le pollen aura probablement du mal à arriver à bon port. Pour le désherbage, il est conseillé de le faire avant rabattement des filets latéraux car ces derniers sont accrochés entre eux, entre chaque arbre. « Le but est d'éviter la prise au vent, l'effet cerf-volant. Avec les filets, on évite que la structure ne se soulève », confirme le commercial. Outre cette technique, le projet porte aussi sur une réduction des produits phytosanitaires sur la variété franquette mais avec une stratégie de lutte plus classique couplant confusion sexuelle et produits phytosanitaires.

Virginie Montmartin