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Entreprise

La société Ici & Là mise sur les protéines végétales

Depuis fin 2016, la société lyonnaise Ici & Là commercialise des plats à base de légumineuses. Des mets qui sont concoctés dans la Drôme avec un approvisionnement en matières premières français.
La société Ici & Là mise sur les protéines végétales

De nombreuses idées naissent souvent sur les bancs de l'école. La SAS Ici & Là est l'une d'entre elles. Fin 2014, Emmanuel Brehier et Benoît Plisson, alors étudiants à l'Isara-Lyon, participent à un projet de fin d'études dont la thématique était consacrée à l'innovation alimentaire et aux produits de demain. « Nous nous sommes intéressés au végétal et aux enjeux de la consommation de protéines d'origine animale. Aujourd'hui, il y a une grosse tendance de fond chez le consommateur occidental à raisonner et à réduire sa consommation de viande. Néanmoins, peu de solutions ayant une approche globale et durable prenant en compte les aspects culinaires, nutritionnels, environnementaux, agricoles et sans frein culturel, existent sur le marché. C'est dans cette démarche que nous nous sommes intéressés aux légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots, etc.) cultivées en France et en bio. Le projet prenait sens », raconte l'un d'entre eux.

Les légumineuses au cœur de l'assiette

Les fondateurs de la société Ici & Là ont ainsi choisi de miser sur les légumineuses, à l'instar des lentilles, pois chiches ou encore des haricots. Il s'agit de les remettre au goût du jour et au cœur de l'alimentation quotidienne. « Elles sont riches en fibres et en protéines. C'est également bon pour les sols ; l'agriculteur peut les insérer dans ses rotations. Ce n'est pas un frein culturel, juste un repositionnement », précise Benoît Plisson. Différentes recettes ont depuis été proposées. Des plats qui sont aujourd'hui concoctés sur une ligne de production des Établissements Clément Faugier, sur son site de Donzère (Drôme). L'approvisionnement est français et issu de l'agriculture biologique. La farine de blé (2 % des matières premières) vient par exemple de la minoterie Souchard, située à Chantemerle-lès-Grignan (Drôme). Pour la deuxième année, un plan de culture de légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots rouges et flageolets) a également été mis en place avec le groupe coopératif isérois La Dauphinoise.

La galette végétale aux lentilles vertes, l’une des références commercialisées.

Pénétrer la grande distribution

D'ici à 5 ans, la société lyonnaise ambitionne de devenir un acteur majeur dans le monde du végétal, que ce soit en France ou à l'international. De nouveaux objectifs ont été fixés. Afin d'accompagner son développement (modernisation de l'outil industriel, recrutement, structuration de l'équipe commerciale, communication, R&D), Ici & Là a investi près de 500 000 euros en 2017. Elle a également levé 2,3 millions d'euros en mars dernier grâce au fonds d'investissement Otium Brands et plusieurs banques. « Notre chiffre d'affaires est continuellement en hausse. Nous prévoyons d'atteindre les 2,5 millions d'euros fin 2018 ainsi qu'une ouverture à l'international, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne », indique Benoît Plisson. Il y a quelques semaines, l'entreprise a également choisi de renommer sa marque : « Le boucher vert » est en effet devenu « Hari & Co ». Comprenez « Haricots et compagnie ». Ne voyez là aucun rapport avec le choix des parlementaires d'interdire le terme « steak végétal » dans le cadre du projet de loi agriculture et alimentation. « Cette interdiction n'a pas changé grand-chose sur notre activité, nous ne cherchons pas à imiter le goût de la viande ou sa texture, mais à valoriser les légumineuses », rappelle Benoît Plisson. Mais cette nouvelle marque doit permettre l'arrivée des produits sur de nouveaux marchés.
Les plats cuisinés étaient jusqu'à présent principalement disponibles dans les magasins spécialisés bio (Biocoop, La Vie Claire, etc.). En 2017, près de 750 000 repas ont également été servis en restauration collective et commerciale. Désormais, la société lyonnaise souhaite pénétrer la grande distribution. « C'est pour cela que nous avons changé de marque, par rapport à l'impact auprès des consommateurs », indique Benoît Plisson. Des publics qui devraient par ailleurs bientôt profiter de nouveaux produits. Une présence dans les rayons frais, les produits n'étant pour le moment présents qu'aux rayons surgelés, devrait en effet être effective en début d'année prochaine. 
Aurélien Tournier

 

Les « dénominations trompeuses » en cause  
Dans le cadre du projet de loi Egalim, un amendement a été déposé par le rapporteur de la loi Jean-Baptiste Moreau pour interdire l’emploi de certaines dénominations estimées « trompeuses pour le consommateur ». Les députés ont tranché le 19 avril dernier interdisant l’emploi de termes typiques des produits animaux comme « steak », « saucisse », « filet » ou encore « bacon » pour des produits « qui ne sont pas uniquement ou pas du tout composés de viande ». C’est le cas pour la viande mais aussi pour la crème et le fromage souvent réalisés à partir de purée d’oléagineux, de lait de soja ou d’amandes. En-dessous d’un certain taux de protéines d’origine végétale présents, ces termes ne pourront plus être utilisés dès l’adoption de la loi Egalim. Tout manquement sera passible de sanctions. En cas de non-respect de la décision d’un juge ordonnant la cessation de la pratique trompeuse, l’amende pourra aller jusqu’à 300 000 euros.
Devenir fournisseur  
Si un producteur souhaite devenir fournisseur (légumineuses), cela reste possible. L’entreprise souhaite sécuriser ses approvisionnements et veut par ailleurs privilégier les circuits courts et de proximité. Il suffit de contacter Lionel Ravoux, responsable approvisionnement, à l’adresse suivante :  [email protected]