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SANITAIRE

La surveillance de la besnoitiose parmi les priorités du GDS 26

Martin Brusselle a pris ses fonctions de vétérinaire conseil du groupement de défense sanitaire (GDS) de la Drôme en janvier. Il révèle quelles seront ses priorités pour les mois à venir.

La surveillance de la besnoitiose parmi les priorités du GDS 26
Martin Brusselle est le vétérinaire conseil du groupement de défense sanitaire (GDS) de la Drôme. © AD26

Martin Brusselle a rejoint l’équipe du GDS de la Drôme le 17 janvier. Les quelques mois écoulés depuis sa prise de fonction lui ont permis de dresser avec le conseil d’administration la feuille de route « sanitaire » qui sera la sienne. En tant que vétérinaire conseil, il devra tout d’abord s’assurer de la bonne mise en œuvre des missions confiées par l’État sur les maladies réglementées. En bovins, la Drôme ne rencontre pas de difficultés particulières sur ces maladies*. Concernant l’IBR, le département a maintenu en 2021 son statut de zone épidémiologiquement favorable. Plus de 95 % des cheptels drômois ont déjà obtenu la qualification « indemne IBR », l’objectif fixé au niveau national étant de 100 % en 2027. Du côté de la BVD (diarrhée virale bovine), la surveillance systématique lancée depuis juillet 2020 porte ses fruits. Tous les éleveurs pratiquent désormais le dépistage via le cartilage prélevé au moment du bouclage des veaux, pour identifier les IPI (infectés persistants immunotolérants) et mettre en place des plans d’assainissement dans les élevages concernés.

État des lieux en cours sur la besnoitiose

Une maladie, non réglementée, inquiète cependant côté drômois : la besnoitiose. Causée par un parasite de la famille des coccidies, la maladie se transmet très facilement entre bovins par piqûre d’insecte. « Elle peut provoquer de lourdes pertes économiques puisque les animaux atteints ne grossissent pas en élevage allaitant ou voient leur production chuter en élevage laitier. Elle est également à l’origine d’infertilité chez les mâles », décrit Martin Brusselle. Dans certains cas, des symptômes graves apparaissent en trois phases successives : l’hyperthermie, les œdèmes (surtout sur les pattes) puis la sclérodermie (la peau devient sèche et se crevasse). Si les élevages laitiers font l’objet d’un suivi des anticorps trois fois par an dans le lait du tank, celui des élevages allaitants n’est pas systématique. Seul un dépistage est réalisé via le « pack intro » lors de l’achat d’animaux de plus de six mois. Au vu de la progression de la maladie en France, le GDS 26 a souhaité lancer un état des lieux départemental. Tous les éleveurs allaitants ont donc la possibilité de demander un dépistage besnoitiose lors de la prise de sang de prophylaxie obligatoire. Près de 200 élevages viennent de le faire. « En Drôme, on savait la maladie implantée sur trois secteurs : le Haut-Diois, à la frontière avec le Trièves, l’extrémité des Baronnies à la frontière avec les Hautes-Alpes et le Nord-Drôme. Les premiers résultats sont plutôt inquiétants avec des animaux positifs détectés sur de nouvelles zones comme le Vercors, révèle le vétérinaire conseil. Nous devons informer au maximum les éleveurs de la situation. Chacun doit prendre conscience que seule la lutte collective avec des plans de surveillance et d’assainissement peut être efficace même si cette maladie ne relève pas pour l’instant des maladies réglementées. » Il espère que cet état des lieux, mené aussi dans d’autres départements, permettra par ailleurs d’alerter les pouvoirs publics.

Petits ruminants : craintes sur le CAEV et la Visna-Maëdi

Du côté des petits ruminants, le GDS 26 propose chaque année aux éleveurs de réaliser la cartographie sanitaire de leur élevage sur cinq maladies : chlamydiose, paratuberculose, fièvre Q, Visna-Maëdi en ovins et CAEV en caprins. « Nous avons des préoccupations sur le CAEV et la Visna-Maëdi, confie Martin Brusselle. Ce sont deux maladies virales incurables, les animaux touchés ne guérissent jamais et transmettent au reste du troupeau. Il faut savoir qu’au delà de 15 % de prévalence dans un élevage, on ne peut éradiquer ces maladies, il faut repartir de zéro. » Un plan d’assainissement de Visna-Maëdi est à l’étude pour les ovins. Côté caprins, le GDS 26 compte promouvoir la « garantie indemne CAEV » pour qu’un maximum d’élevages s’engage dans cette démarche.

Martin Brusselle annonce également pour 2022 la mise en place d’un plan d’assainissement de l’épididymite contagieuse maladie causée par la brucella ovis, qui conduit à la stérilité des béliers.

Enfin, il précise qu’un autre cheval de bataille du GDS 26 pour les années à venir sera l’amélioration des contrôles sanitaires lors des transactions sur les petits ruminants. « Aujourd’hui, il existe un vrai risque pour quelqu’un qui s’installe d’acheter un troupeau porteur de maladies », avertit Martin Brusselle. Un « pack intro », sur le modèle de celui qui existe en bovins, pourrait être systématisé en ovins et caprins.

Sophie Sabot

* Maladies réglementées faisant l’objet d’un suivi annuel : brucellose, leucose, varron, IBR. Tous les veaux sont également dépistés BVD à la naissance.

Nouveautés 2022

La brucella ovis, tout comme la fièvre Q et la paratuberculose sont des maladies à déclaration obligatoire, ceci dès le premier cas détecté dans un élevage.

EN BREF

Deux maladies dans le viseur en ovin

Deux maladies dans le viseur en ovin
La Border Disease, maladie virale contagieuse chez les ovins, a été détectée en Drôme.

Parmi les alertes prises au sérieux par Martin Brusselle, la détection de quelques cas de galle sur mouton en Drôme. La maladie très présente dans les Bouches-du-Rhône a fait son apparition dans le département. « À surveiller de très près », avertit le vétérinaire. Idem pour la Border disease, équivalent de la BVD bovine chez les ovins, avec des risques de naissance d’agneaux infectés persistants immunotolérants. « La détection de cette maladie sera proposée aux éleveurs dans le cadre de la cartographie (statut) sanitaire de leur cheptel. »

PARCOURS

Vétérinaire conseil : « Pour retrouver le contact avec les éleveurs »

Martin Brusselle a obtenu son doctorat à l’école vétérinaire de Lyon en 2017. Après un parcours de deux ans en cabinet rural dans le Jura, il doit renoncer à la pratique en élevage suite à un accident du travail. Après une courte expérience en clinique canine dans l’Ain, il fait le choix de postuler au GDS de la Drôme pour retrouver le contact avec les éleveurs. « Je ne suis plus vétérinaire praticien mais je reste ainsi dans le domaine qui m’intéresse le plus dans mon métier », confie le jeune homme. Au sein du GDS, il aura pour mission d’informer et conseiller les éleveurs adhérents, de faire remonter les problématiques de terrain, d’organiser des formations, de mettre en place les plans de surveillance, d’assainissement, d’assurer une veille sur les nouvelles maladies, les techniques de lutte… Avec l’ensemble de l’équipe du GDS 26, il supervise l’activité des différentes sections : ruminants (962 adhérents), apicole (605), porcine (18), avicole (10) et aquacole (13).