En assemblée générale de la cave coopérative La Suzienne, le président Jean-Louis Labaume, aux commandes depuis 13 ans et administrateur de la cave depuis 25 ans, a annoncé que cette assemblée serait sa dernière. Avec lui, cinq autres membres du conseil d'administration n'ont pas désiré se représenter. Aussi, a-t-on bien senti qu'il s'agissait là d'un relais d'une génération à l'autre. La crise ayant été surmontée tant bien que mal, les décisions de restructuration et de repli ayant été prises, il appartient désormais au nouveau bureau de reprendre la marche en avant. Comme l'a dit Jean-Louis Labaume, le 22 février dans son allocution de départ, « la vie d'un président de coopérative n'est pas un long fleuve tranquille. Mévente, surproduction, inondation, maladies, les sujets ne manquent pas pour maintenir à un niveau maximum le stress des responsables. N'oublions pas qu'ils sont aussi avant tout des producteurs qui doivent vivre de leur exploitation. C'est aussi pour cela qu'ils comprennent tous vos problèmes. »
Faisant le bilan de son action, le président a davantage pointé ce qui n'a pas marché et doit être amélioré, sans nostalgie mais avec l'espoir que l'avenir soit meilleur. Il a aussi demandé aux coopérateurs d'être fiers d'être apporteur à La Suzienne. Il a ensuite salué tous ceux avec qui il a travaillé, notamment le directeur, Alain Bayonne, formulant le vœu que les liens avec l'Union des vignerons de Côtes-du-Rhône (UVCDR) soient empreints d'équité entre toutes les entités qui la forment.

Un exercice périlleux

En présentant le compte rendu de l'exercice 2016-2017, le directeur de la cave a parlé d'une récolte satisfaisante, avec 84 765 hectolitres (hl) de production. Mais le volume commercialisé en fin d'exercice était uniquement de 57 765 hl car, a-t-il expliqué, « nous n'avons pas accepté certaines propositions tarifaires notamment sur les catégories IGP. D'ailleurs, ces volumes non vendus au 31 août 2017 n'ont pas posé de problèmes par la suite vu la très faible récolte de l'an dernier ». Il a ensuite parlé de la commercialisation avec les deux partenaires principaux que sont l'UVCDR et l'Eurl Caveau La Suzienne, qui représentent 80 % en volume et 76 % en valeur pour un chiffre d'affaires global dépassant 7,9 millions d'euros. Il a souligné, aussi, l'amélioration constatée dans l'utilisation du nouvel outil de vinification et la réduction des coûts de fonctionnement, preuve que les décisions prises sont suivies d'effet.
Le nouveau Côtes-du-Rhône villages « Suze-la-Rousse » a été produit cette année mais, dans un souci qualitatif, en quantité limitée. La cuvée a obtenu deux distinctions, une médaille d'argent au concours de Lyon et deux étoiles au Guide Hachette. Au point de vue commercial, ces cuvées (conventionnel et bio) ont reçu un bel accueil. Un partenariat avec une maison de négoce et un développement commercial par l'Union sont attendus cette année.
Evoquant la récolte 2017, elle a été « catastrophiquement faible, a indiqué Alain Bayonne. C'est un véritable coup de frein au redressement de notre activité viti-vinicole. Bien sûr, nous serons prudents dans la gestion des coûts mais ceci ne doit pas nous empêcher de continuer à réfléchir sur les projets en cours à la cave : la rénovation de la toiture du site du bas et le projet d'un nouveau caveau de dégustation-vente, en tenant compte de l'implantation de la déviation sur la commune de Suze-la-Rousse. Pour la partie conditionnée, une gamme bio sous les trois couleurs vient d'être lancée et, bien sûr, nous allons continuer les journées d'animation au sein de notre espace de vente actuel. »

Une Union qui se renouvelle

Le président du Cellier des Dauphins a remercié le président de La Suzienne pour son implication dans la restructuration du vignoble du Château de l'Estagnol, propriété de l'Union, ainsi que pour toute son action. Après avoir expliqué le fonctionnement actuel de l'UVCDR (abandon du directoire), il a laissé à son nouveau directeur le soin de présenter le « nouveau souffle » qu'il appelle de ses vœux. Laurent Reintau a ainsi détaillé le constat établi des cinquante premières années de la marque et dévoilé le futur avec un plan à court terme (2019-2021), qui doit être présenté prochainement au conseil. Il a clairement annoncé que le nouveau modèle économique devait être basé sur une montée en gamme avec un objectif d'augmenter les ventes (jusqu'à 50 millions de cols) pour optimiser l'outil de travail, développer l'export et ensuite investir.
Cette assemblée marque bien un nouveau départ aussi bien pour La Suzienne que pour l'UVCDR dont elle est partie intégrante depuis sa fondation.