La France compte environ 20 000 trufficulteurs et récolte annuellement autour de 40 tonnes de truffes noires (Tuber melanosporum), contre 1 500 à 2 000 tonnes à la fin du XIX siècle, alors que sa consommation annuelle avoisine les 100 tonnes. Des chiffres communiqués lors de la présentation de l'évènement « Truffe, une planète à découvrir », qui aura lieu le dernier week-end de janvier à Valence.
En 2016-2017, la production française s'élevait à 35 tonnes dont 27 dans le Sud-Est, (données de la semaine 3 à consulter) soit près de 80 % du volume national. Contrairement à ce qui se dit, le Périgord n'est pas la première zone trufficole française. Non, c'est le Sud-Est. La zone Tricastin-Pays de Grignan-Enclave des Papes (68 communes de la Drôme et 15 du Vaucluse) concentre 2 600 producteurs, 4 000 hectares dont 2 800 en production et une douzaine de tonnes de truffes en année normale. La Drôme des collines (70 communes, des limites de l'Ardèche et de l'Isère jusqu'à Valence et aux contreforts du Vercors) est la deuxième zone trufficole de notre département, avec 400 producteurs, 1 200 hectares et une récolte de six tonnes en moyenne par saison. Enfin, le Val de Drôme est la troisième, avec 110 adhérents à son syndicat des trufficulteurs, quelque 400 hectares et une tonne de production en moyenne.

« La plus mauvaise saison de mémoire d'homme »

Si la saison en cours s'avère exceptionnellement bonne dans le Sud-Ouest, ce n'est pas le cas dans notre région. « C'est la plus mauvaise de mémoire d'homme », constate Pierre Tabouret, technicien au CRPF. En cause : un déficit pluviométrique en décembre 2016, janvier 2017 puis la sécheresse pendant cinq mois et demi à partir de juin.
Dans le Sud-Drôme, la production de truffes accuserait « une baisse de 60 % par rapport à 2016-2017 où elle était déjà inférieure de 20 % à la normale », explique Eric Solier, le président du syndicat des trufficulteurs Tricastin-Pays de Grignan-Enclave des Papes. La demande étant supérieure à l'offre, « les cours sont élevés : des prix en hausse de plus de 30 % sur le marché de gros, qui ont dépassé les 1 000 euros le kilo, du jamais vu, et de 1 200 à 1 400 euros sur le marché des particuliers ».
En Drôme des collines, selon le président des trufficulteurs de cette zone, Roland Perrenot, la production 2017-2018 serait en recul d'environ 30 %. Dans les plantations irriguées, elle a pu être « sauvée ». Et d'observer : « En 2017 à cette époque, les prix se situaient à environ 600-700 euros. Cette année, ils sont à 200 euros de plus en moyenne ».
Le président du syndicat des trufficulteurs du Val de Drôme, Jean-Louis Blard, fait également le constat d'une conjoncture « très mauvaise sauf dans certains secteurs arrosés. Sur cette zone aussi, la récolte est inférieure de 60 % à la normale. Les prix aux producteurs sont variables. Juste avant Noël, ils ont atteint 1 200 euros ». Mais, remarque-t-il, « il faut arrêter de parler de prix au kilo car quelques grammes de truffe suffisent pour faire un plat ».

Annie Laurie