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Expérimentation

La vigne  se met au frais

La brumisation figurera-t-elle en bonne place dans la besace des vignerons de demain ? Pour répondre à cette question et proposer des solutions pertinentes aux viticulteurs, des essais sont conduits au Domaine expérimental de Piolenc, par la chambre d’agriculture de Vaucluse. Les premières observations semblent prometteuses…

La vigne  se met au frais
En 2020, l’essai a donc été renouvelé, avec un apport de 2 millimètres par jour et un fonctionnement durant une heure.

La lutte contre le réchauffement climatique prend des tournures parfois insolites. Pour mettre la vigne dans des conditions idéales de développement, le Domaine expérimental de Piolenc teste l’effet de la brumisation depuis deux ans, en partenariat avec l’Institut français de la vigne et du vin. Il faut dire que les coups de chaud de la fin juin 2019 ont pu donner des sueurs froides à certains vignerons de l’arc méditerranéen, notamment dans l’Aude, l’Hérault et le Gard, où les températures ont dépassé les 45 °C au cœur des vignes. Résultats : des grappes de raisin échaudées qui se flétrissent en seulement quelques heures. Alors effectivement, pourquoi ne pas proposer à la vigne un petit bain frais durant une période à déterminer, pour abaisser la température ambiante autour de la vigne, et permettre à cette dernière de continuer à se développer, même en période de fort coup de chaleur ?
C’est pour tester cette idée que le Domaine expérimental de Piolenc a mis en place, en 2019, un essai comparant l’effet de la micro-aspersion, de la brumisation et du goutte-à-goutte.
Dans chaque modalité, des capteurs sont installés dans la végétation afin de voir comment la vigne réagit, enregistrant les données toutes les 15 minutes. Sont notamment collectés les températures au sein de la végétation et les indices de croissance. La brumisation est lancée de 8 h 30 à 10 h 30, avec un apport de 4 mm d’eau par jour. Les apports d’eau, quelle que soit la modalité, ont démarré le 11 juillet et se sont arrêtés le 5 septembre 2019.

Décalage de la véraison

L’essai a été présenté lors de la porte ouverte proposée fin août, par la chambre d’agriculture de Vaucluse. L’objectif est notamment de vérifier la pertinence d’un tel système de brumisation en période de fort coup de chaleur, c’est-à-dire quand la température moyenne ne descend pas en dessous de 25 °C et que l’humidité relative de l’air est inférieure à 40 % sur au moins 48 heures. En France, ces situations tendent à se présenter de plus en plus souvent, compte tenu du réchauffement climatique.
« Nous observons que la brumisation entraîne une baisse de la température à l’intérieur de la vigne par rapport au témoin », souligne Olivier Jacquet, responsable du service « viti ». Mieux : une fois arrêtée, l’effet se poursuit puisque la température relevée dans la végétation reste inférieure aux autres modalités. Par ailleurs, l’indice de croissance continue d’augmenter avec la brumisation entre le 17 juillet et le 20 août, alors qu’il chute pour les trois autres modalités.
« Le but n’est pas d’arroser à tout va, mais bien d’ajuster l’irrigation aux besoins de la vigne. » En 2020, l’essai a donc été renouvelé, avec cette fois-ci une quantité de 2 mm/j et un fonctionnement durant une heure au lieu de deux. Il a été mis en place le 8 juillet, avec là encore, la même quantité d’eau apportée dans la modalité brumisation et la modalité irrigation. Les premières observations montrent que « l’irrigation affiche une croissance beaucoup plus longue dans le temps, comparativement à la modalité “brumisation” ».
Dans tous les cas, l’irrigation et la brumisation « permettent par ailleurs de décaler la véraison », offrant ainsi davantage de souplesse en termes d’organisation des chantiers ultérieurs.
Les données de la campagne 2020 sont en cours d’analyse. 
 
Céline Zambujo