Le territoire des Hauts de Provence rhodanienne regroupe 76 communes, réparties sur dix intercommunalités, deux départements et deux régions. Si ce territoire est très morcelé d'un point de vue administratif, c'est aussi une entité unie face aux mêmes problématiques de gestion quantitative de la ressource en eau. En effet, les trois bassins-versants du Lez, de l'Eygues et de l'Ouvèze ont été classés en ZRE (zone de répartition des eaux), impliquant la mise en place d'une politique de réduction des prélèvements. Il faudra ainsi économiser au total près de 8 millions de mètres cubes d'eau d'irrigation pour préserver le bon état des ressources locales d'ici 20211. Parallèlement, une politique d'opposition aux prélèvements dans la nappe du Miocène est en œuvre depuis plusieurs années, afin de la préserver pour les usages en eau potable.
Face à ce constat, les acteurs du territoire devront s'accorder sur une gestion équilibrée de la ressource en eau dans les années à venir. Parmi eux, près de 3 500 exploitations agricoles2 et l'ensemble des filières agricoles locales seront concernées. C'est pourquoi la chambre d'agriculture de Vaucluse alerte depuis de nombreuses années sur l'urgence d'une réflexion sur la sécurisation des besoins en eau dans le nord du département.

Sécurisation des ressources en eau

Cette urgence est poussée par l'augmentation des besoins en eau agricole. Une augmentation liée au besoin de sécuriser les cultures autrefois conduites « en sec » (vigne, chênes truffiers, lavandes, oliviers), mais aussi pour dynamiser le développement de cultures irriguées créatrices d'emplois3 (semences, arboriculture fruitière, plantes aromatiques). D'autre part, le manque de structuration de l'irrigation dans les Hauts de Provence rhodanienne rend difficile la gestion de l'eau agricole. L'irrigation collective est assez éclatée : plus d'une soixantaine d'Asa (associations syndicales autorisées) irriguent quelque 3 000 hectares sur le secteur, majoritairement en gravitaire. L'irrigation individuelle, quant à elle, concerne près de 400 exploitations qui prélèvent par forages dans la nappe du Miocène pour irriguer environ 2 000 hectares. Le lancement d'une réflexion sur la mise en place et la maîtrise d'ouvrage d'aménagements structurants apparaît ainsi de plus en plus nécessaire, afin de faciliter la gestion intégrée de l'irrigation pendant les périodes de sécheresse.

Renforcer les capacités de l'agriculture pour faire face à ses besoins en eau futurs

Le projet territorial vise à faire l'état des lieux des dynamiques agricoles et des besoins en eau sur le territoire, aujourd'hui et à horizon 2050. À cette occasion, des données statistiques seront collectées et analysées, ainsi qu'une grande enquête de terrain pour évaluer les besoins en eau des exploitations et les infrastructures existantes. La réussite de cette phase de diagnostic est essentielle car elle permettra d'identifier les secteurs prioritaires en matière d'accès à l'eau sécurisé et les perspectives des aménagements réalisables. D'une part, cela permettra d'évaluer les secteurs où des opérations de modernisation des réseaux seront nécessaires pour permettre l'atteinte des économies d'eau requises. D'autre part, il s'agira de connaître les zones déficitaires en eau, dans lesquelles des solutions alternatives (substitution, retenues, forages collectifs) pourront être à envisagées.
Enfin, considérant que l'enjeu de l'eau sur tout un territoire dépasse le cadre strictement agricole, le projet territoral ambitionne d'organiser une concertation entre les différents acteurs (exploitants, coopératives, industries et élus locaux), de manière à faire naître une réflexion collective sur les besoins et la gestion équilibrée de la ressource en eau future. 

Techniciens en charge du projet au sein de la chambre
d'agriculture de Vaucluse : Mireille Brun, Philippe Rollet, Lauriane Chambon, Marine Jourdren
1 Etude des volumes prélevables de l'Eygues, 2013 ; Etude de détermination des volumes maximums prélevables sur le bassin-versant de l'Ouvèze, 2013 ; Etude d'estimation des volumes globaux prélevables dans le sous-bassin versant du Lez, 2013.
2 Source : RGA, 2010.
3 AIRMF, 2009. Le poids économique, social et environnemental de l'irrigation dans les régions méditerranéennes. Julien Leconte. 290 p.

Projet territorial Hauts de Provence rhodannienne /
Les objectifs
- Evaluer les dynamiques agricoles et les besoins en eau du territoire.
- Faire un état des lieux des équipements d’hydraulique agricole existants.
- Faire émerger une maîtrise d’ouvrage d’aménagements hydrauliques collectifs.
- Identifier les secteurs où des économies d’eau sont réalisables.
- Evaluer l’intérêt de la substitution si la demande en eau ne peut être satisfaite localement.