Laurent Wauquiez : « L'agriculteur doit vivre de sa production »

Top départ pour les élections régionales. Tête de liste des Républicains en Rhône-Alpes Auvergne, Laurent Wauquiez a été le premier candidat à venir rencontrer le monde agricole drômois, le 30 octobre. Il s'est d'abord rendu, en fin de matinée, sur l'exploitation de Pierre-Jean Archimbaud, jeune arboriculteur à Saulce-sur-Rhône, qui lui a présenté son parcours installation. Et il a visité le verger de son voisin, Jérôme Dorier. En présence, entre autres, de la présidente de la coopérative Lorifruit, Katia Sabatier-Jeune, et du président de l'association Fruits Plus, Régis Aubenas, plusieurs sujets ont été évoqués : emploi, rénovation variétale, protection du verger, innovation...
La journée s'est poursuivie à Alixan, chez Michel et Bastien Tardy (installé en 2014), qui pratiquent la polyculture et l'élevage (veaux et volailles). Ensuite, l'après-midi de Laurent Wauquiez a été viticole. Il a visité la Cave de Tain-l'Hermitage, sous la conduite du président de la coopérative, Jacques Alloncle, et du directeur, Xavier Gomart. Puis il est allé au domaine Michelas Saint Jemmes à Mercurol, où l'a accueilli la présidente de la fédération départementale des vignerons indépendants, Sylvie Chevrol. En fin d'après-midi, Laurent Wauquiez a visité la Cité du chocolat Valrhona à Tain, avant de rejoindre Montélimar pour une réunion publique.
L'eau pour protéger l'agriculture
Au cours des échanges de la mi-journée à Alixan, ont été abordés différents sujets sur lesquels le monde agricole attend des réponses, à commencer par l'irrigation. « Si l'on pouvait se passer d'irriguer, on le ferait. Pouvoir stocker de l'eau est vital », a signalé Jean-Pierre Royannez, vice-président de la chambre d'agriculture. Ceci, avant que la présidente, Anne-Claire Vial, ne soulève un problème : l'Agence de l'eau, principal financeur en ce domaine, aide la substitution de prélèvements à l'étiage par des prélèvements hors étiage mais pas la création de ressources supplémentaires. « Le courage politique que nous attendons des futurs gestionnaires de la Région, c'est de réserver une enveloppe pour la création de ressources », a dit la présidente de la chambre d'agriculture. « Sur l'eau, mon discours est clair, a répondu Laurent Wauquiez. On assume de mettre de l'argent sur l'irrigation, les retenues collinaires pour protéger l'agriculture en périodes de sécheresse. L'idée, c'est que l'on se dote d'un vrai plan, que la Région s'appuie sur les aides de l'Union européenne et mette une contrepartie. »
Arrêter l'explosion des normes
Les normes, « je milite pour l'arrêt de leur explosion, a assuré Laurent Wauquiez. Il faut retrouver un peu de raison ». De surcroît, elles ont un coût que l'agriculteur ne peut répercuter sur le prix de ses produits, a remarqué Anne-Claire Vial. Elle a aussi estimé important que le futur président de la Région, dans sa stratégie économique globale, pense à l'aval des filières agricoles.
Le loup, « il est incompatible avec une activité humaine. Et, en plus, il se reproduit très vite. Il faut le retirer de la convention de Berne et organiser des battues structurées », a répondu Laurent Wauquiez au président de la FDSEA, Didier Beynet, qui lui a demandé sa position sur cette problématique.
Des craintes pour la transmission
Le renouvellement des générations en agriculture « est l'une de mes plus grandes craintes », a confié Laurent Wauquiez, car la reprise d'une exploitation engage des moyens financiers lourds. Le modèle qu'il dit défendre, « c'est un agriculteur sur une exploitation familiale qui produit et vit de sa production, pas un jardinier du paysage. Les agriculteurs n'attendent pas des primes mais des débouchés et des prix rémunérateurs ».
Cet été, lors d'une opération de contrôle, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs avaient constaté des produits essentiellement étrangers dans la cuisine centrale de certains hôpitaux publics drômois. Pour plus de produits français et en particulier régionaux dans la restauration collective, Laurent Wauquiez a prôné la mise en place de plateformes logistiques, notamment en s'appuyant, comme l'a suggéré Anne-Claire Vial, sur des outils existants pouvant se charger de centraliser. Il estime aussi nécessaire « de consacrer plus d'aide au panier d'achat, ce qui permettrait de faire tourner les circuits locaux et de conforter les emplois. »
Des aides à réorienter
Concernant le plan de compétitivité, Jean-Pierre Royannez a appelé à la vigilance, craignant une insuffisance des enveloppes d'aides à l'avenir. Celles du programme Leader profitent peu l'agriculture actuellement, a-t-il constaté. Aussi, des futurs dirigeants de la Région, il attend qu'ils réorientent ces aides. Pour Laurent Wauquiez, « il faut réorienter l'argent sur le terrain et que plus un sou de l'Union européenne ne nous échappe. Mais aussi faire des économies et simplifier les dossiers car les agriculteurs sont découragés par la paperasse administrative. Pour moi, l'agriculture doit être une de nos priorités. Et c'est important car, demain, la Région gérera les aides du deuxième pilier de la Pac ».