Le bio explose les compteurs en 2016

Le bio est plébiscité par de plus en plus de Français. Le 1er juin dernier, les chiffres livrés par l'Agence bio lors d'une conférence de presse auraient surpris un grand nombre d'entre nous, il y a ne serait-ce que cinq ans en arrière. Pourtant, ils sont bel et bien réels et témoignent d'un changement progressif de la consommation. D'après les derniers chiffres du baromètre Agence bio/CSA, près de 9 Français sur 10 affirment avoir consommé bio au moins une fois en 2016 et près de 7 sur 10 disent même en consommer régulièrement, soit au moins une fois par semaine.
Un gain de 7 milliards d'euros
Le résultat de cette étude menée par internet du 15 au 25 novembre 2016 auprès d'un échantillon de 1 002 Français âgés de 18 ans et plus en dit long sur « la prise de conscience » quant à l'alimentation de la population. En 2003, les chiffres enregistrés par la 1re édition du Baromètre étaient radicalement opposés. 46 % des Français affirmaient ne jamais consommer de produits bio. Cette évolution s'explique par une envie plus forte de préserver l'environnement mais pas seulement. « L'arrivée d'un premier enfant motive beaucoup de parents à se tourner vers le bio. Ils font non seulement attention à l'alimentation mais aussi aux produits d'hygiène et aux cosmétiques », explique Florent Guhl, directeur de l'Agence bio. Ces personnes trouvent dans le bio une réponse à leurs attentes avec une agriculture d'avenir basée sur le respect de l'environnement et du bien-être animal, en favorisant l'emploi et le développement territorial. Les derniers chiffres enregistrés par l'Agence bio dépassent donc toutes les prévisions établies. Tous circuits confondus, y compris en restauration collective, les ventes des produits issus de l'agriculture biologique dépassent les 7 milliards d'euros fin 2016, contre 5,76 milliards fin 2015, soit un gain d'environ 20 % en un an. Qui dit demande en hausse dit aussi offre croissante. La production monte en puissance avec plus de 12 % de producteurs engagés en bio, soit 32 326 exploitations agricoles, et plus de 1,5 million d'hectares dont 33 % en conversion, soit 16 % de plus par rapport à 2015. Les surfaces consacrées à l'agriculture biologique connaissent une croissance exceptionnelle en 2016, notamment du côté des élevages de ruminants. L'Agence bio constate une hausse de 23 % pour les ovins laitiers ; de 17 % pour les bovins allaitants bio en 2016. Désormais, 5,7 % de la SAU est bio contre 4,9 % en 2015. En termes d'emplois, mi-2016, le bio représente 70 000 emplois directs dans les fermes françaises, 30 000 emplois directs pour la transformation et la distribution et 2 000 emplois pour les actions de contrôles spécifiques à la bio, au conseil, à la recherche et à la formation, en équivalent temps plein.
Réduire les importations
Les produits bio les plus consommés sont les fruits et légumes (78 %) et les produits laitiers, en hausse cette année (71 % contre 65 % en 2015). Le lait reste le produit bio le plus consommé (42 %), suivi du fromage (40 %) et des autres produits laitiers (37 %). Les œufs sont également en progression (65 % contre 53 % l'année dernière). Suivent les produits d'épicerie (51 %) avec notamment les pâtes, le riz et les céréales (34 %) ; la viande (49 % contre 39 % en 2015) avec une consommation en progression de la volaille, du bœuf, du veau, du porc et charcuterie et de l'agneau. Les grands mouvements de consommation bio sont également observés sur les céréales, les légumineuses, les surgelés et le sans gluten qui ont vu leur taux de consommation doubler entre 2015 et 2016. Le budget consacré à la bio est aussi en augmentation. Pour 86 % des acheteurs, les produits bio représentent jusqu'à un quart du budget alimentaire. Néanmoins « il y a une pénurie de produits bio en France. On ne trouve pas tout dans nos rayons de supermarché », reprend Florent Guhl. Les importations de matières premières sont encore très présentes car les productions locales ne suffisent pas à répondre à la demande des consommateurs. « Pour les produits laitiers, la viande et le vin, nous arrivons à faire face mais ce n'est pas encore le cas pour la production de fruits et légumes », ajoute-t-il. Une autre problématique : celle de la consommation locale dans le respect des saisons. « Les consommateurs parlent de bio et de consommation locale comme une seule et même chose, surtout les personnes âgées particulièrement attachées à cette notion ». Mais il reste à sensibiliser davantage les étudiants et la restauration collective hors foyer, bloqués par le coût de certains produits bio et des commandes très importantes. Selon Didier Perréol, ancien président de l'Agence Bio : « Le bio a réussi à dépasser la notion de mode qui lui a longtemps été attribuée, devenant aujourd'hui bien plus qu'une tendance, un mode de vie ». Et Florent Guhl de conclure : « Les mesures d'accompagnement bio doivent être poursuivies, voire accélérées ».
Alison Pelotier
Aura, 2e région de France en bio
La région Auvergne-Rhône-Alpes est la seconde région de France productrice en bio. Elle représente précisément 4 771 exploitations agricoles avec plus de 2 000 opérateurs impliqués en aval. Au total, 7,2 % de la SAU régionale est engagée en bio en 2016, soit 204 235 hectares dont presque 61 000 en conversion. En 2016, une croissance inédite de la bio a été constatée. La surface engagée en agriculture biologique a augmenté de 23,8 %, notamment grâce à l’entrée en première année de conversion de 41 590 hectares dont 20 381 en 2015. Ce développement est en grande partie dû au développement de l’activité bovin lait dans la région. Certains départements de la région présentent une part de bio supérieure à d’autres. C’est le cas de l’Ardèche avec 17,4 % de la SAU engagée et de la Drôme avec 21,8 % de surfaces agricoles utiles 100 % bio. Isère et Haute-Loire avoisinent les 9 %.
Tech&bio / Le Salon Tech & Bio aura lieu les 20 et 21 septembre prochains à Bourg-lès-Valence. 300 exposants, 120 démonstrations et 120 conférences auront lieu pendant les deux jours.
La réduction des phytos en “fil vert”
Il s’affiche comme le Salon des techniques bio et alternatives... Tech & Bio fête, cette année, ses 10 ans d’innovation. Comme chaque année, c’est avant tout des démonstrations innovantes qui seront animées par des spécialistes et exposants. Arboriculture, élevage, cultures légumineuses, grandes cultures, viticulture et plantes à parfum, aromatiques et médicinales… Une centaine d’experts français et européens animeront les conférences sur les techniques de production, de transformation et de commercialisation bio. Le fil vert de la prochaine édition est la réduction voire de la suppression des produits phytosanitaires en agriculture. Le programme fera un focus sur cette thématique à travers un parcours spécifique « fil vert », tables rondes et conférences. Des agriculteurs bio, les talents Tech & Bio, qui se démarquent pour leurs résultats technico-économiques et environnementaux seront mis à l’honneur pour leur capacité à relever le défi alimentaire de demain. La 6e édition du Salon sera aussi l’occasion de présenter les Technovations, un concours ayant pour objectif de récompenser les exposants porteurs d’un projet innovant et de le faire connaître dans le milieu agricole. Une mise en scène sera installée avec posters, vidéos, tablettes de vote. Les visiteurs voteront pour la meilleure innovation parmi les différentes catégories, notamment le machinisme, les intrants et les services. Un parcours collectivité sera proposé afin de répondre aux attentes sociétales sur les pratiques agricoles. Le forum structuration, lui, permettra aux personnes disposant d’un projet de filière de rencontrer des financeurs potentiels des secteurs publics et bancaires ainsi que des experts de structuration de filière. Le Salon devrait accueillir 17 000 visiteurs sur les deux jours.A. P.
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