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Céréales

Le blé bio se met à table

La coopérative Dauphinoise a lancé ses premiers essais variétaux de blé bio. Elle confrontera ses résultats à ceux d'Arvalis.
Le blé bio se met à table

Pour sa première plateforme variétale spécifiquement bio, la coopérative Dauphinoise s'est intéressée au blé. Pas moins de 22 variétés ont été semées sur des micro parcelles à Lens-Lestang, à la limite de la Drôme et de l'Isère, chez Jean-Marc Revol. Le producteur est en bio depuis 2001. Il cultive une centaine d'hectares dans la plaine de la Bièvre : maïs, triticales, pois, orge, blé, soja, tournesol, lin de boulangerie et quelques prairies car il a également un troupeau allaitant bovin.
Le but de cet essai réalisé sur des bandes de 12x3 mètres était d'observer et de comparer le développement des variétés, leur couverture du sol, la hauteur de paille et leur résistance aux maladies en condition bio, notamment face à la rouille jaune et à la rouille brune. « On constate de grandes différences de résistance aux maladies sur les essais, annonce Jean-François Perret, référent bio à la coopérative Dauphinoise, mais nous aurons les résultats définitifs fin juillet. » Il ajoute : « les résultats sur la rouille seront à confronter à ceux obtenus en conventionnel ou après récolte ». L'objectif est d'obtenir des références locales, de comparer les résultats à ceux d'Arvalis, l'institut du végétal, obtenus à la station expérimentale d'Etoile-sur-Rhône dans la Drôme. « Ce sont les seules données existantes pour le quart Sud-Est », note le technicien qui compte reproduire les essais dans le temps. Avec cet essai conduit en bio, La Dauphinoise couvre 75% des variétés produites en bio en France.

Blé passe-partout

Sur la ligne de départ : Saturnus, Attlas, Lukullus, Triso, Molinera, Nemo, Athlon, Arezzo, Calabro, Rubisko, Soleiho, Apache, Pireneo, Midas, Soissons, Nogal, Element, Energo, Togano, Skerzzo, Ghayta et Gallus. Les blés ont été semés le 22 septembre 2014. Les observations portent sur des tendances, mais ne sont pas définitives. Surtout, elle devront être reproduites sur plusieurs années.
Mi-juin, Togano, Energo et Rubisko semblaient en avance par rapport à leur résistance à la rouille.

Togano est un blé alternatif classé améliorant (rendement limité mais taux élevé en protéine). Il peut être semé comme blé de printemps ou d'hiver, comme c'est le cas dans le Trièves, car il est résistant au froid. « C'est le blé passe-partout », estime Jean-François Perret. Il est multiplié par la coopérative Dauphinoise qui propose aussi Arezzo en contrat de multiplication de semences blé bio.

Arezzo, classé blé panifiable supérieur (BPS) est surtout orienté rendement. Le taux de protéine de ce blé court est assez faible.
Attlas, présentait aussi un comportement intéressant. Classé blé panifiable (BP), non barbu, il semble avoir une bonne résistance à la maladie.
Rubisko est connu pour être rustique et résistant aux maladies. Il se développe peut à peu en bio. Il est orienté rendement, a de bonnes qualités boulangères, même s'il est limité en protéines. C'est la première variété vendue en France, blés conventionnels et bio confondus.
Produit principalement dans le Trièves, Soleiho, classé BPS, a surtout un gros rendement.

Très haut, Pireneo connaît un succès certain en vente bio auprès des adhérents de la coopérative. Orienté protéines, son rendement est limité.

Nogel se développe surtout dans la Drôme et le sud Grésivaudan car cet alternatif est très précoce. C'est un blé de printemps qu'il ne faut pas semer avant novembre.

Element et Energo ont été récemment mis sur le marché. Précoces, hauts, barbus, résistants, couvrants, ils sont prometteurs. A suivre.
Certaines espèces comme Nemo, qui vient d'être inscrit au catalogue en 2015 et n'est pas encore disponible en bio, devra encore être observé pendant quelques temps avant que les multiplicateurs puissent le caractériser.

« Selon les années, les souches des champignons pathogènes diffèrent. Il est donc compliqué d'opérer des choix au regard des résultats d'un seul essai », met en garde Jean-François Perret. Pour le conseiller de la Dauphinoise, la principale contrainte qui pèse sur le blé bio, notamment lorsqu'il doit remplir des critères de meunerie (les mêmes qu'en conventionnel, soit 11% de protéines et 76kg/hl de poids spécifique), est l'apport d'azote. Le choix d'un blé améliorant ou de force (BAF) type Saturnus ou Pireneo, peut se montrer judicieux. « On peut éventuellement envisager un mélange à la parcelle avec d'autres variétés pour obtenir une meilleure teneur en protéines, mais les rendements ne seront pas forcément très élevés, en bio comme en conventionnel », reprend le spécialiste. La Dauphinoise propose chaque année entre 8 et 10 variétés de blé bio. Celles-ci évoluent en fonction des propositions faites par les fournisseurs.

Isabelle Doucet

La Drôme à l'orge brassicole

Une dizaine de variétés d'orge brassicole sont testées depuis l'an dernier dans la Drôme. Les essais sont suivis par les chambres d'agriculture de l'Isère et de la Drôme.
Cette initiative fait écho au développement de la filière brassicole en Rhône-Alpes, tirée par la malterie Malteurs Echos, une Scic créée en 2012 à Beauchastel en Ardèche. Celle-ci reçoit l'orge cultivée par les agriculteurs bio, collectée et tamisée par La Dauphinoise et la Drômoise de céréales. En 2014, La Dauphinoise ne comptait que trois agricultueurs cultivant 14 hectares d'orge brassicole. Ils sont cette année au nombre de 15 pour 100 hectares. L'orge d'un diamètre supérieur à 2,5 mm est orientée vers la brasserie, le reste est dédié à l'alimentation animale. La brasserie recevra 250 tonnes cette année, mais souhaite voir ses volumes augmenter progressivement, la demande des micro et petites brasseries locales étant en constante évolution.
En 2015, La Dauphinoise proposait la variété Giga à son catalogue, un escourgeon ou orge d'hiver à six rangs, alors que la Drômoise proposait Amistar, également une orge d'hiver à six rangs. « L'orge d'hiver est reconnue pour ses qualités brassicoles, explique Jean-François Perret. Compte tenu de la liste restreinte donnée par Malteurs Echos, nous devons avoir ces variétés à disposition ».
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Les céréaliers bio de La Dauphinoise

Le groupe est désormais composé de 80 agriculteurs livrant leurs céréales bio à la coopérative. L'effectif est en forte croissance depuis trois ans, de même que le tonnage. Toutes céréales confondues il était de 2 500 tonnes en 2012, 4 300 en 2013 et 6 500 en 2014. Le maïs est dominant, il représente 1/3 de la récolte, car il continue à dégager une marge brute intéressante, même si son prix se tasse. Le prix de base du blé de meunerie s'établit entre 360 et 370 euros la tonne en fonction de son taux de protéine. Il peut dépasser 400 euros la tonne.