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Chanvre

Le chanvre n’est pas arrivé au bout de ses débouchés

La filière chanvre continue de se créer de nouveaux débouchés, a-t-on appris à son premier congrès international début février à Noisy-le-Grand en Île-de-France. Des utilisations de la fibre débutent dans l’aéronautique et la graine se développe en alimentation humaine.
Le chanvre n’est pas arrivé au bout  de ses débouchés

Le chanvre n'est pas en mal de débouchés à explorer », a expliqué Paul Delsuc, directeur général de l'aménagement, du logement et de la nature (DGALN) au ministère de la Transition écologique, lors du premier congrès international du chanvre.
La principale utilisation (56 %) de la fibre de chanvre relève de la papeterie haut de gamme (pour le papier Bible, le papier à cigarette et les batteries). Mais déjà 20 % sont absorbés par la plasturgie composite, notamment dans les tableaux de bord, fonds de coffres et portières de voiture. Dans ce domaine particulier qu'est la plasturgie, les débouchés se ramifient : « Nous sommes encore orientés à 90 % vers le débouché automobile. Mais nous fournissons maintenant des équipementiers de bus, de camions, qui sont de gros utilisateurs de matériaux composites en remplacement de la fibre de verre, et ça commence dans l'aéronautique », a indiqué Karim Behlouli, directeur général d'Eco Technilin, une entreprise fabricant des fibres composites, créée en 1995 à l'initiative de coopératives agricoles productrices de lin en Normandie. L'atout de la fibre de chanvre, recherché par les constructeurs de véhicules ou d'avions est sa légèreté. En moyenne, les pièces pour automobile en plastique composite biosourcé pèsent 20 % moins que celles en plastique issu totalement de la pétrochimie. L'utilisation du chènevis (la graine de chanvre) se ramifie, elle aussi. Jusque-là, 53 % du chènevis sont orientés vers l'oisellerie et 28 % vers les appâts pour poissons, selon l'interprofession Interchanvre. Mais l'utilisation en alimentation humaine (15 %) se développe en raison de ses atouts nutritionnels. Il y a autant de protéines dans 58 grammes de chènevis que dans 100 grammes de steak, selon Béatrice de Raynal, directrice générale de Nutri Marketing. La graine contient aussi « tous les acides aminés essentiels » et une cuillerée à soupe de chènevis « couvre 85 % des besoins quotidiens moyens en oméga 3 ».
De nouvelles ressources technologiques
Si le chanvre n'est pas arrivé au bout de ses avancées de débouchés, il n'a pas non plus épuisé toutes ses ressources technologiques. La fibre de chanvre présente, comme celle du lin, des fonctionnalités particulières, telles l'absorption des vibrations. Ce sont des voies qui sont explorées au centre de recherche et développement FRD (Fibres recherche-développement), basé à Troyes. La fibre de chanvre peut aussi être travaillée de telle sorte qu'elle présente des propriétés mécaniques de résistance que la fibre de verre n'a pas, a indiqué Pierre Bono, directeur général d'FRD. Cela nécessite des traitements physiques et thermiques de la fibre. Enfin, des connaissances très en amont de l'application laissent espérer des propriétés de conductivité électrique de la fibre de chanvre, a évoqué Pierre Bono. 

M. N

 

Le chanvre / Chènevis, chènevotte, fibre et poussières

Le chanvre, plante qui rompt les cycles des maladies et des adventices en raison de sa densité de peuplement élevée, produit de la graine (le chènevis, 11 % du poids), de la chènevotte (partie non fibreuse de la tige, 44 %), de la fibre (24 %) et des poussières (21 %), selon Interchanvre. La graine est utilisée à 53 % en oisellerie, à 28 % en appât pour poissons et à 15 % en alimentation humaine. La chènevotte est employée à 50 % comme litière pour animaux, à 22 % comme paillage pour jardins et à 14 % dans le bâtiment, notamment en béton de chènevotte. La fibre est orientée à 56 % vers la papeterie, à 29 % vers l’isolation des bâtiments, à 9 % vers les plastiques composites et à 1 % vers le textile.