Le chaulage pour redonner une bonne base à votre sol
C'est le statut acido-basique du sol qui indique la nécessité du chaulage d'un sol. On obtient ces données en procédant à l'analyse de la terre qui permettra d'établir ce statut. Celui-ci est déterminé par le potentiel hydrogène (pH) qui mesure le degré d'acidité ou de basicité. Pour la terre, un pH de 7 est considéré comme neutre. Des valeurs inférieures indiquent l'acidité ou le manque de calcium. Celles qui sont au-delà signalent l'alcalinité ou la basicité. Pour connaître la véritable nature du sol, il est intéressant d'aller un peu plus loin et de faire déterminer le pH KCl. Celui-ci correspond à la concentration en hydrogène du sol obtenu après ajout de KCl (chlorure de potassium). Le KCl a pour effet de chasser les H + fixés sur le complexe argilo-humique, ce qui permet de déterminer l'acidité totale ou acidité de réserve du sol. On peut ainsi révéler une dynamique vers une éventuelle acidité qui a pu être masquée par un chaulage régulier.
Les conséquences de la décalcification
Le manque de calcium ou l'acidité modifie l'équilibre du sol. Il va influer sur ses propriétés physiques, c'est-à-dire sa structure et sa consistance. Il va perturber sa chimie, (magnésium, potassium, calcium...), sa capacité d'échange cationique qui est utilisée comme mesure de sa fertilité. Et enfin, il va altérer sa biologie, en appauvrissant la biodiversité de la multitude d'organismes vivants (bactéries, champignons, faune, flore) que le sol héberge. Suivant l'état calcique du sol, toutes ces dimensions vont plus ou moins bien fonctionner. Les sols décalcifiés se déstructurent, on constate la floculation des argiles. Le déficit en calcium entraîne le déséquilibre entre les minéraux, potassium, magnésium, calcium et ions acidité (H +), l'apparition et expression excessive de métaux et d'oligo-éléments. Un niveau d'acidité élevé va opérer une sélection sur les espèces entraînant un appauvrissement de la diversité. Un sol décalcifié favorisera le développement d'une flore spécifique, telle que le rumex, les fougères, les joncs, le carex, incompatible avec les cultures.
Quels bénéfices d'un apport de chaux ?
L'apport d'amendements basiques aura une action sur la physique du sol, la battance, la perméabilité, la dynamique de l'eau. Il va jouer aussi sur sa chimie, en limitant les carences, les toxicités et la biodisponibilité. Au niveau biologique, il va agir sur l'azote minéral disponible, la minéralisation des matières organiques, et la présence des vers de terre. L'impact du chaulage se fait également sentir sur la culture elle-même, avec une augmentation de la densité du nombre de pieds au m2, l'amélioration de leur enracinement avec pour conséquence finalement d'une élévation du rendement et de la qualité de la récolte.
Quand intervenir ?
Une analyse du sol permet d'évaluer ce qui est puisé par les plantes et ce que l'on y apporte grâce à la fertilisation. Il est conseillé d'effectuer une surveillance tous les cinq ans grâce aux pH eau et pH KCl. « Je pense que l'agriculteur doit toujours avoir le réflexe d'obtenir le meilleur statut acido-basique possible, rappelle Pascal Mathieu. Cela doit être sa priorité. Ensuite, et seulement ensuite il devra procéder à des apports azotés. » Il tient également à préciser que si le bilan acido-basique fait apparaître une décalcification de sol, seul un chaulage régulier permettra de faire remonter le pH progressivement.
