Le CING veut se construire une « logique d’avenir »

Vous aviez annoncé votre départ en septembre dernier, et vous voilà de nouveau président du CING. Auriez-vous du mal à passer la main ?
Yves Borel : « Moi je souhaitais que l'on fasse jouer l'alternance entre producteurs et metteurs en marché, comme l'indiquent les statuts. D'autant que ça fait trois fois de suite que je suis reconduit. Mais entre-temps, la chambre syndicale, présidée par Alain Rivière à l'époque, a renouvelé ses instances. Et c'est Arnaud, le fils d'Alain Rivière, qui en a pris la tête. Comme il ne souhaitait pas présider le CING pour le moment, il m'a demandé de continuer. J'ai réfléchi, consulté autour de moi. Les producteurs m'ont demandé de faire un dernier mandat. Je n'étais pas très chaud, parce qu'il faut aussi que les metteurs en marché prennent leurs responsabilités. J'ai tout de même accepté. Pour l'avenir, et notamment pour préparer le renouvellement des générations, il va falloir que l'on fasse évoluer les statuts. Si on ne renouvelle pas les têtes, plus personne ne voudra s'investir. On voit ce que ça a donné pour la présidentielle... »
Le renouvellement des générations, c'est la problématique à laquelle sont confrontées toutes les OPA. Comment abordez-vous le problème ?
Y. B. : « Renouveler les instances, c'est une logique d'avenir. Je souhaite impliquer plus fortement les membres du conseil d'administration dans les dossiers de façon à ce que le passage de relais se fasse plus facilement dans quelques temps. La chance que nous avons, dans l'organisation noix, c'est que ça marche plutôt bien au niveau de la production. Nous avons énormément d'installations et de reprises père-fils. Les jeunes sont intéressés par la production, mais aussi par la filière. Il y en a beaucoup qui s'impliquent dans les organisations nucicoles. Nous avons déjà rajeuni les cadres du côté des metteurs en marché. On est en train de le faire du côté des producteurs. Ça se fait avec le temps. Mais le bâts blesse au niveau des statuts qui figent un peu les rôles pour six ans. Il faudrait des mandats de trois ans. Il faut aussi sans doute que l'on revoit le principe de l'alternance. Les metteurs en marché souhaitent s'investir, mais pas forcément au même titre que les producteurs. Il faut donc que nous réfléchissions à tout cela et que nous fassions évoluer notre façon de fonctionner. »
Lors de l'AG du CING, vous avez évoqué la réflexion stratégique en cours au sujet de la variété fernor. Où en est-on ?
Y. B. : « Quand nous avons commencé la révision du cahier des charges de l'AOC, en 2009, nous avions émis le vœu de faire entrer la fernor dans le cahier des charges. Mais l'Inao considère que cette demande constitue une adaptation majeure. Il va falloir que nous prouvions que fernor n'est pas une variété nouvelle et qu'elle prend en compte tous les aspects du terroir. C'est un travail de longue haleine pour lequel nous avons demandé l'aide de la Senura, mais aussi du Ceraq (1), car il va falloir que l'on apporte les preuves de typicité du terroir ainsi que des données techniques et économiques. »
Où en êtes-vous de la révision des modalités de la prévision de récolte et pourquoi une telle démarche ?
Y. B. : « Nous avions une prévision de récolte qui présentait quelques lacunes, notamment par rapport aux vergers vieillissants. Nous avons demandé à la Sénura d'actualiser et de consolider l'échantillon pour en améliorer la représentativité, en prenant en compte des vergers nouveaux, de façon à avoir une vision d'ensemble qui corresponde mieux à l'état actuel de la production iséroise. On est en train de finaliser tout cela pour être prêts pour la récolte prochaine. »
La tempête du 14 juin va-t-elle impacter la récolte de cette année ?
Y. B. : « Non, car elle était très localisée. Elle a touché quelques producteurs, surtout à Saint-Quentin-sur-Isère, mais la situation de la zone n'est pas affectée. Pour les arbres arrachés, il va y avoir une perte de fonds, pas une perte de récolte. »
Propos recueillis par Marianne Boilève
(1) Centre de ressources pour l'agriculture de qualité et de montagne.