Le congé paternité, pourquoi s'en priver ?

Christophe Givet, présentez-nous rapidement votre exploitation ?
« Je me suis installé en 2005. Au sein de l'EARL Les Cabinières à Crépol avec mon père, Michel, j'exploite 60 hectares dont 18 d'arbres fruitiers (noyers, pommiers et abricotiers), 30 de céréales et 12 de prairies. Nous avons aussi deux sites avicoles, l'un de 9 000 poules pondeuses plein air et l'autre de deux bâtiments de 400 mètres carrés en poulets label rouge. Ma compagne, elle, travaille à l'extérieur de l'exploitation, elle est aide soignante. »
Qu'est-ce qui vous a incité à prendre un congé paternité ?
« Je me suis dit : Le congé paternité est un droit et il ne coûte pas cher. Alors pourquoi s'en priver ? Plutôt qu'à la naissance de notre fille, Noëlline, en janvier, j'ai préféré le prendre en avril, mois plus chargé en travail sur notre exploitation avec la taille des arbres à finir et les traitements phytosanitaires à appliquer. Ainsi, pendant onze jours consécutifs, j'ai pu profiter de ma petite fille et de la vie de famille. Et ce, pour seulement dix euros par jour à ma charge, soit le montant des contributions sociales (CSG et CRDS). Je pense que le congé paternité est intéressant pour les agriculteurs, comme le congé maternité l'est pour les agricultrices. Elles peuvent disposer d'un salarié sur l'exploitation pendant 112 jours et, ainsi, vivre plus sereinement leur maternité. C'est appréciable, pour les uns comme pour les autres. »
Les formalités de demande de l'allocation de remplacement vous ont-elles parues compliquées ?
« Non, c'est vraiment très simple. J'ai demandé à la MSA un imprimé type de demande d'allocation de remplacement paternité, qui était à lui retourner complétée dans les 30 jours avant la date prévue d'interruption de mon activité. Après avoir examiné si les conditions d'accès étaient bien remplies, la MSA a transmis son accord au service de remplacement de mon secteur. De mon côté, je l'ai aussi prévenu. En l'occurrence, il s'agit du service de remplacement Herbasse-Galaure-Valloire, auquel j'adhère depuis mon installation (je suis d'ailleurs chargé du planning de deux des trois salariés). Mon père et moi faisons appel à lui 30 jours par an, en moyenne, pour partir en vacances, aller à des réunions, des salons mais aussi pour des compléments de main-d'œuvre...»
Comment s'est passé votre congé paternité ?
« Le salarié qui est venu sur notre exploitation pendant mon congé paternité est employé dans le service de remplacement Herbasse-Galaure-Valloire depuis deux ans. Il connaît bien notre exploitation. Aussi, mon remplacement s'est bien passé, il m'a donné satisfaction. Si l'on a des salariés compétents, sachant gérer une exploitation, on peut leur faire confiance.
Sur le plan des formalités, la MSA a directement réglé l'allocation au service de remplacement. Je n'ai pas eu à faire l'avance. Et le service de remplacement m'a facturé la CSG et la CRDS des onze jours, soit cent dix euros en tout. Un coût minime, tout compte fait. »
Propos recueillis par A. L.
Le congé paternitéLe dispositif
La durée maximale du congé paternité est de 11 jours consécutifs. En cas de naissances ou d'adoptions multiples, cette durée est portée à 18 jours.
La demande se fait auprès de l'Amexa pour obtenir un imprimé de demande d'allocation de remplacement paternité. Cet imprimé doit être retourné rempli dans les 30 jours avant la date prévue de l'interruption d'activité, sauf en cas de force majeure. Après étude, la demande d'allocation sera transmise par l'organisme assureur Amexa au service de remplacement conventionné présent sur votre circonscription géographique. C'est lui qui assurera le remplacement.
L'allocation : son montant est égal au coût du remplacement hors contributions sociales (CSG et CRDS), qui restent à charge. L'allocation est directement versée au service de remplacement.
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