Le constat de gestation

Plusieurs conditions sont nécessaires afin que le diagnostic de gestation soit fiable. Le stade de gestation des brebis est sans doute le plus important. Pour que le technicien distingue correctement le ou les fœtus, 40 à 45 jours minimum doivent séparer le début de la gestation (retrait du bélier en lutte naturelle ou date d'insémination animale) du diagnostic. D'une part, les agneaux deviennent plus gros et il est alors plus difficile de les dénombrer au-delà d'un intervalle de 60 jours. D'autre part, les brebis doivent impérativement être à jeun afin de diminuer le volume ruminal. Si l'intervention a lieu le matin, les brebis ne consomment plus ni fourrage ni concentré à partir de la veille au soir. Si elle est réalisée l'après-midi, une mise à la diète le matin de bonne heure suffit. En revanche, elles peuvent boire sans problème.
Des économies de concentré
En ovins viande, l'économie d'aliment par brebis diagnostiquée vide est de l'ordre de 9 € sur lutte naturelle et 4 € sur synchronisation des chaleurs. Sur les quatre dernières semaines de gestation, le gain s'élève à 1,50 € par brebis portant un seul agneau qui serait alimentée comme une brebis qui porte des multiples. À ces économies, il faut toutefois déduire le prix du diagnostic de gestation du lot qui varie de 0,60 à 1,60 € par brebis. De plus, les brebis vides sont remises en lutte ou bien réformées plus rapidement. Pour en savoir plus sur cette technique, deux vidéos sont disponibles sur www.reconquete-ovine et www.idele.fr : « le diagnostic de gestation au cornadis » et « le diagnostic de gestation au fauteuil de retournement ». Vous pouvez contacter votre organisation de producteurs qui assure ce service ou la chambre d'agriculture qui saura vous indiquer les prestataires dans votre département.
Vérifier l’état corporel des brebis en gestation /
Après plusieurs semaines passées à puiser dans les stocks hivernaux, l’herbe a enfin repoussé même si certaines zones sont plus chanceuses que d’autres. Globalement, les animaux sont en moins bon état corporel que les années précédentes et quelques précautions s’imposent en cette fin d’été, en particulier pour les brebis gestantes. Les diagnostics de gestation réalisés sur les mises à la reproduction de mai et juin font état de taux de prolificité plutôt élevés. Une bonne gestion de l’alimentation garantit des portées suffisamment lourdes à la naissance et limite ainsi le taux de mortalité des agneaux. En effet, les agneaux trop petits sont la principale cause de mortalité. Évaluer l’état des brebis en milieu de gestation, soit environ deux mois avant les premières mises bas, permet d’anticiper. Le palper au niveau du dos est indispensable car leur aspect visuel peut être très trompeur avec l’épaisseur de laine. Les brebis maigres (note d’état corporel inférieure à 3 sur une échelle de 0 à 5, de très maigre à très grasse) doivent être triées et alimentées en conséquence.
Pour en savoir plus sur l’évaluation de la note d’état corporel des brebis, une nouvelle vidéo (« évaluer l’état corporel des brebis ») vient d’être mise en ligne sur www.idele.fr et sur la page Facebook du Ciirpo.
Alimentation/ Dans les derniers mois de gestation des brebis, l’alimentation joue un rôle majeur sur le poids et donc le taux de mortalité des agneaux.
Priorité aux brebis en fin de gestation
L’alimentation de la brebis dans le dernier mois de gestation (voire les six dernières semaines pour les brebis particulièrement prolifiques) joue un rôle majeur sur le poids de la portée à la naissance et par conséquent sur le taux de mortalité des agneaux. En effet, le poids de naissance reste la principale cause de mortalité des agneaux. Les agneaux trop petits à la naissance représentent 17 % des causes de mortalité jusqu’à 60 jours. Au cours de cette période, tout ce que consomme la brebis profite à l’agneau et toute carence le pénalise.Les conditions climatiques de ce début d’été ne permettent pas d’assurer des fins de gestation exclusivement à l’herbe dans la plupart des exploitations. Le plus simple reste de rentrer ce lot en bergerie avec une ration adaptée et de laisser à l’herbe les animaux à faibles besoins (brebis vides par exemple). Afin de rétablir le statut en sélénium des brebis carencées, l’apport de 0,4 mg par jour à l’aide d’un aliment minéral vitaminé sous forme de semoulette ou de poudre procure de bons résultats. D’autre part, il ne faut pas hésiter à faire des prélèvements de crottes afin de vérifier le statut parasitaire des brebis. S’il reste de l’herbe verte, un apport quotidien de 300 à 500 g de céréales par brebis compense des quantités d’herbe souvent insuffisantes.
Laurence Sagot,
Institut de l’élevage - Ciirpo