Le coût des produits agricoles s’invite à l’assemblée générale des chasseurs
Le 29 avril, la Fédération des chasseurs de la Drôme a réuni ses troupes à Crest pour son assemblée générale annuelle. Au menu, les enjeux pour la saison 2022 et l’évocation de certaines craintes sur les montants des dégâts aux cultures.

Période électorale oblige, l’assemblée générale de la Fédération des chasseurs de la Drôme (FDC 26) s’est déroulée en cercle fermé, sans personnalités politiques ni représentant de l’État. « Concernant l’absence des politiques départementaux, nous ne voulions pas laisser suspecter une partialité fédérale vis-à-vis de l’un ou l’autre des partis au moment où commence la campagne des législatives », a justifié Rémi Gandy, président. On notait par ailleurs la présence de Didier Beynet, représentant le président de la chambre d’agriculture, de Serge Guier, secrétaire général de la FDSEA 26, et de Jean-Christophe Chastang, président du syndicat national des producteurs de gibiers de chasse.
Des dégâts toujours attentivement surveillés
Parmi les sujets évoqués, il a bien-sûr était question des finances de la fédération. L’exercice clos au 30 juin 2021 laisse apparaître un résultat global excédentaire de 80 000 euros. « Ce résultat aurait pu être plus conséquent, a précisé le trésorier Christian Chaillou. Mais le conseil d’administration a pris la décision de diviser par deux la facture des dégâts qui vous était habituellement adressée », a-t-il précisé aux représentants des ACCA. Ces dernières ont en effet rencontré des difficultés pour organiser les manifestations qui leur auraient permis de récolter des fonds durant la période Covid. Pour mémoire, sur l’exercice 2020-2021, la Fédération des chasseurs de la Drôme (FDC 26) avait annoncé une « baisse sensible » des dégâts indemnisés. 220 dossiers ont été enregistrés pour 220 000 euros de dégâts recensés, soit légèrement en dessous de la moyenne des dix années précédentes estimée à 260 000 euros.
Indemnisations et guerre en Ukraine
Pour l’exercice à venir, le contexte de guerre en Ukraine accentue les incertitudes quant au montant des dégâts. Rémi Gandy a évoqué un risque de voir « augmenter fortement les coûts des produits agricoles en bout de champs ». Il a affirmé que le président Macron s’est engagé à compenser intégralement les surcoûts liés au conflit ukrainien dans l’indemnisation des dégâts. « Nous verrons mais, déjà, hors conflit et pour la Drôme, nous avons constaté une augmentation de 17 % ce ceux-ci », a-t-il alerté.
Autre crainte de la fédération, à la fois pour son budget mais aussi pour la capacité des ACCA à réguler les populations de sangliers : le nombre de chasseurs. Le président a évoqué le cas des ACCA qui, loin des zones peuplées, font appel à de nombreux chasseurs extérieurs. « Elles risquent de voir leur nombre d’adhérents chuter du fait de l’augmentation du prix du carburant, a-t-il averti. De plus, l’impact négatif du loup sur leurs cheptels d’ongulés sauvages les rend moins désirables. Attention à ce que sur ces secteurs, souvent encore agricoles, les populations de sangliers ne dérapent pas. » Plus de 12 000 sangliers ont été prélevés en Drôme sur la saison de chasse 2020-2021, quasiment l’équivalent de la saison précédente.
Loup : pas d’opération départementale
Concernant le loup, Rémi Gandy a souligné l’implication de la FDC 26 dans le suivi des populations, via la pose de 72 pièges photographiques et sa participation à l’opération de hurlements provoqués de grande ampleur réalisée fin août 2021 sur les territoires des Monts du Matin, de La Raye et du Vercors Ouest (lire L’Agriculture Drômoise du 16 septembre 2021). Celle-ci a permis de confirmer la présence de quatre meutes sur 60 000 ha. Depuis quelques mois, le président de la FDC 26 avait également annoncé sa volonté de piloter en 2022 une opération similaire sur l’ensemble du département. Il souhaitait notamment s’appuyer sur un partenariat avec les mairies. « Pour conduire ce projet, nous avions demandé une analyse et une réponse de l’État pour le 15 avril. Malheureusement nous n’avons eu aucune réponse et cette opération ne se fera donc pas, a-t-il sobrement résumé. (…) Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il existe une volonté d’écarter le monde de la chasse de la connaissance de cette espèce. »
Éco-contribution et partenariats agricoles
Enfin, Rémi Gandy a attiré l’attention sur la récente « éco-contribution » des chasseurs, actée par la loi chasse du 24 juillet 2019. Elle alimente un fonds financier pour la biodiversité via un prélèvement de cinq euros sur chaque permis de chasse en France, complété par un versement de l’État de dix euros. En Drôme, cette enveloppe est fléchée notamment vers l’implantation de haies et les cultures intermédiaires pièges à nitrates (Cipan) biodiversité. Ces actions sont conduites en partenariat avec le monde agricole, dont la chambre d’agriculture. « Cette année, nous utiliserons aussi ce dispositif pour lancer une étude d’envergure sur le comportement du cerf dans le Royans-Vercors », a annoncé Rémi Gandy. Le changement climatique, le loup, les évolutions forestières et plus récemment un risque d’hybridation avec des cerfs Sika échappés d’un enclos privé semblent en effet menacer le cerf du Vercors. Affaire à suivre.
Sophie Sabot
Bientôt un « Cinématir » en Drôme
C’est la nouveauté annoncée pour 2022 par la FDC 26, l’acquisition d’un « Cinématir » ou simulateur de chasse et de tir. Cet investissement de 80 000 euros sera installé au siège de la fédération à Crest. « Il permettra de vérifier l’action sécuritaire dès la prise en main de votre propre arme et ce jusqu’au tir fictif », a décrit Rémi Gandy.
La FDC 26 rappelle par ailleurs que, depuis 2020, chaque chasseur est tenu de suivre tous les dix ans une formation de remise à niveau pour les règles de sécurité. En Drôme, les adhérents seront appelés par « classe ». Les « classards » en 2 seront donc convoqués cette année.
Enfin, Rémi Gandy a appelé les responsables d’ACCA à ne tolérer sur leur territoire aucun comportement d’adhérent irrespectueux des règles sécuritaires.
S.S.
