Le Crémant de Die a fêté ses vingt-cinq ans

L'appellation Crémant de Die avait été reconnue en 1993. Cela fait donc désormais vingt-cinq ans que les vignerons du Diois peuvent élaborer ce vin effervescent en méthode traditionnelle. D'abord, avec le seul cépage Clairette. Puis, en 2004, avec du muscat et de l'aligoté. Une diversité qui devait permettre aux professionnels de se différencier en jouant sur les assemblages de cépages, et in fine, développer une certaine typicité.
Élargir la gamme
« Dès l'arrivée de cette nouvelle appellation et donc le cépage aligoté, nous avons souhaité donner un caractère différent à notre vin en assemblant 40 % d'aligoté - le maximum autorisé par le décret - », confirme d'ailleurs Jean-Denis Maillefaud (domaine Maillefaud, Barsac). « La création de cette AOP nous a permis de bien différencier notre offre entre la Clairette qui est fruitée et aromatique, et le Crémant qui est sec, explique quant à lui Emmanuel Poulet (cave Poulet & Fils, Vercheny). Quand nous avions la Clairette de Die brut et la Clairette de Die tradition, les consommateurs confondaient souvent les deux. Ils se souvenaient uniquement du nom Clairette. »
Une commercialisation locale et internationale
Le Crémant de Die peut être commercialisé tant au niveau local qu'international, comme le rapportent plusieurs vignerons. Parmi eux, le domaine de Magord, à Barsac. Ce dernier commercialise 50 hectolitres de Crémant de Die, soit environ 10 % de son chiffre d'affaires. « Les marchés visés sont les particuliers (caveau, salons) et les cavistes. Nous ne pratiquons pas d'export », explique-t-on notamment. Les volumes du domaine Maillefaud (entre 50 et 70 hectolitres par an de Crémant de Die, soit environ 20 % des ventes) sont quant à eux réservés à une clientèle de particuliers et à quelques cavistes de la région.
« La vente en France est compliquée car nous sommes réputés pour notre Clairette de Die. Nous avons donc l'image d'un vin fruité, qui est à l'opposé de notre Crémant, commente pour sa part Emmanuel Poulet. À l'export, les consommateurs connaissent uniquement le terme Crémant et ne donnent que peu d'importance à la région d'origine. Il est donc plus facile d'ouvrir de nouveaux marchés. Nous commercialisons plus de la moitié de notre production à l'export, sur l'Europe et l'Amérique du Nord. »
Entre autres exemples, l'Union des jeunes viticulteurs récoltants (UJVR), dont le siège est à Vercheny, produit 25 000 bouteilles (soit 5 % de son chiffre d'affaires). Lesquelles sont vendues sur le marché local mais aussi à l'export, en Europe du Nord (Belgique, Norvège, Danemark).
Dans l'ombre de la clairette
En 2016, le Crémant de Die s'étendait ainsi sur 50 hectares, pour une production de 3 000 hectolitres (contre 1 560 hectares et 94 500 hectolitres pour la Clairette de Die). Si ces chiffres paraissent quelque peu confidentiels, il n'en reste moins que le produit plaît pour sa finesse ainsi que son élégance. Le rapport qualité-prix comparé à d'autres appellations plus onéreuses est également apprécié.
Aujourd'hui, le syndicat de la Clairette de Die et des vins du Diois souhaite d'ailleurs développer davantage la production du Crémant de Die. Mais, afin de clarifier l'offre, son nom pourrait à court terme évoluer. « Le crémant a une forte notoriété au niveau national. Il y a une demande, le marché est porteur, très dynamique, affirme Fabien Lombard, son président. Lors de notre séminaire de travail de 2017, l'axe principal était notre adhésion à l'interprofession. Mais le crémant a aussi été à l'ordre du jour. Nous allons rouvrir ce dossier. Qualitativement, tous les éléments sont là. Mais nous allons devoir nous pencher sur le nom. Celui-ci fait partie des freins identifiés : « Die », cela fonctionne mais c'est ancré dans la clairette. Le crémant, lui, reste dans l'ombre. »
A. T.