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Protection des plantes

Le cuivre ré-homologué, les agriculteurs bio rassurés

Malgré ses conséquences néfastes sur les sols, le cuivre vient d’être ré-autorisé pour sept ans en Europe, avec toutefois une diminution de la quantité maximum autorisée. Un soulagement pour les producteurs bio.

Le cuivre ré-homologué, les agriculteurs bio rassurés

Après plus d'un an de discussions et un report du vote en octobre, les États membres de l'Union européenne sont parvenus à prendre une décision sur l'avenir du cuivre en agriculture, matière active particulièrement utilisée en agriculture bio (viticulture, pommes de terre...), notamment contre le mildiou. Une ré-homologation pour sept ans a été accordée à cette substance, avec toutefois une diminution de la quantité maximum autorisée, qui passe de 6 à 4 kg par an, a annoncé le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, aux Assises de la bio. Une victoire pour la France qui défendait à Bruxelles ce renouvellement. Seuls la Belgique, les Pays-Bas et le Danemark ont voté contre, tandis que la Slovénie, la Slovaquie et la République tchèque se sont abstenues.

Les producteurs échappent à l'interdiction pure et simple

Le cuivre est devenu indispensable dans nombre d'exploitations d'agriculture bio, pour lesquelles il est la seule alternative autorisée pour lutter contre certaines maladies. Les pertes de rendement et de qualité en cas d'interdiction de ces produits en agriculture biologique auraient été de 10 à 15 % pour les cultures maraîchères et ornementales, de 15 à 20 % pour les pommes de terre et d'environ 50 à 100 % pour le houblon, le vin et les fruits, selon les estimations du Copa Cogeca (organisation agricole européenne), présentées au printemps. Problème : de plus en plus d'études démontrent sa nocivité pour les sols et les eaux, d'autant plus lorsqu'il est utilisé à hautes doses.
Face à ce constat, une interdiction pure et simple du cuivre était envisagée au début des discussions, sous la pression de certains pays du nord de l'Europe l'ayant déjà banni de leurs champs. « C'est une victoire car, au départ du dossier, l'objectif était : "pas de cuivre du tout" », estime donc Thomas Montagne, président de la Confédération européenne des vignerons indépendants (Cevi). Même avis du côté de la Fédération nationale de l'agriculture biologique (Fnab), qui « salue » toutefois la possibilité, pour les agriculteurs, de dépasser la limite autorisée, à condition de compenser l'année suivante. « Au vu des blocages qu'il y avait, nous pouvons être satisfaits de cette décision », se félicite Jacques Carroget, responsable de ces questions au sein de la Fnab.

Des inquiétudes subsistent

Pour les organisations de viticulteurs, cette décision a pourtant un goût amer. « Certains viticulteurs seront à présent dans l'incapacité de se maintenir en agriculture biologique et auront recours à des produits de synthèse pour maintenir leur exploitation », regrette ainsi Bernard Farges, président de la Cnaoc (vins AOC). Selon Thomas Montagne, l'abaissement de la quantité maximale de cuivre autorisée risquerait même de mettre « 20 % des viticulteurs bio » sur « le bord de la route, en tout cas au niveau français ». Sans cuivre, certains agriculteurs se trouvent en effet face à des impasses techniques. Le Danemark a, par exemple, perdu un cinquième de sa production de pommes de terre bio, suite à sa décision d'interdire ce produit.
Pour aider les filières à réduire leur consommation de cuivre, le gouvernement souhaite réaliser, « avec l'ensemble des acteurs concernés, une feuille de route ambitieuse » sur cette question, qui puisse être « présentée et adoptée par l'ensemble des acteurs lors du comité d'orientation stratégique et de suivi (COS) Ecophyto du 1er trimestre 2019 ». « Nous nous réjouissons de cette annonce et nous attendons des moyens financiers pour lui donner corps », a réagi la Fnab, qui demande « un plan cuivre transversal ».
Quant à la Commission de Bruxelles, elle a parallèlement chargé l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) « d'élaborer une méthodologie plus appropriée pour l'évaluation des risques pour l'environnement, afin que celle-ci soit disponible pour le prochain renouvellement de l'autorisation ».