Le Département mobilisé contre les déserts médicaux

Le Département de la Drôme affiche clairement son intention de mettre des moyens importants sur un grave problème d'égalité entre les territoires (urbains et ruraux) : la désertification médicale. Pour affirmer sa volonté et présenter les premières mesures mises en place depuis la prise de conscience en 2015, il a organisé une rencontre le 8 septembre au château de Suze-la-Rousse. Et ce, en partenariat avec l'Agence régionale de santé (ARS), la fédération française des maisons et pôles de santé. La soirée a rassemblé plus de 100 médecins, internes et autres professionnels de santé et élus locaux.
Faciliter les installations
Nombre de territoires drômois manquent cruellement de médecins généralistes, a tout d'abord rappelé la présidente du conseil départemental, Marie-Pierre Mouton, avant de souligner la volonté du Département d'être un « facilitateur d'installation » afin de satisfaire la demande des habitants. La santé est une priorité du Département de la Drôme, a-t-elle encore assuré. Les moyens mis en œuvre s'inscrivent dans une stratégie globale, « déployée avec humilité mais conviction afin que la réussite soit tout au bout et que nombreuses soient les installations futures en Drôme ».
Soutien aux maisons de santé
Patricia Brunel-Maillet, vice-présidente du conseil départemental chargée de la santé et de l'environnement, a présenté le projet politique de lutte contre la désertification médicale et le partenariat avec la faculté de médecine de Lyon 1. L'aide aux territoires pour assurer un meilleur accès à la santé est le premier axe. L'une des solutions, ce sont les maisons de santé (souvent sur des projets initiés par l'ARS, l'agence régionale de santé) que le Département s'engage à soutenir en évitant la concurrence entre les territoires. « Elles font sens », a observé Marie-Pierre Mouton. C'est aussi l'aide aux communes ayant des projets adaptés aux besoins locaux. Des projets soutenus au cas par cas pour des solutions pérennes ou provisoires.
Attirer de futurs médecins
Le deuxième axe fort est d'attirer le mieux possible, en se donnant les moyens, de futurs médecins généralistes vers les territoires de la Drôme qui en manquent. La stratégie est d'agir à la base, c'est-à-dire au moment de leur formation, dès l'internat. Le nouveau programme, mis en application en 2017, va obliger les internes à faire un stage obligatoire de six mois en médecine ambulatoire. Aussi, le Département lance un appel aux médecins drômois pour qu'ils deviennent maîtres de stage.
Former des maîtres de stage
Comme ils sont nombreux à ne pas être formés à cet exercice, le conseil départemental ouvre l'accueil de séminaires de formations (deux journées) à Valence. Dans un premier temps, l'idée est de trouver douze médecins volontaires pour la première session délocalisée de formation de maîtres de stage. Le Département fait donc le pari que les futurs médecins seront plus enclins à venir s'installer en Drôme s'ils sont bien accueillis en stage, si leur maître de stage leur fait découvrir de manière positive le métier et sa pratique. Tel est le pari du Département. Aux médecins drômois de jouer !
Lors de cette rencontre, la mission de maître de stage et le plan de formation ont été présentés. Des internes demandeurs de stages ont témoigné, ainsi qu'Héloïse Krier, jeune médecin récemment installé à Beaufort-sur-Gervanne après un stage dans la Drôme. Concluant la rencontre, le professeur Jean Leonetti, ancien ministre, a insisté sur le plaisir de transmettre, qui ce doit être pour les médecins une passion comme cela a été pour lui tout au long de sa carrière.
QUELQUES CHIFFRES
La Drôme comptait 412 médecins généralistes en juillet 2016. Ces dix dernières années, leur nombre a augmenté de 2,1 % mais la population drômoise s’est accrue de 6 %.
Vieillissement : 46 % des médecins ont plus de 55 ans.
Le Département de la Drôme a déjà financé six projets de maisons de santé pluridisciplinaires pour une somme d'un million d'euros. Une dizaine d'autres sont en cours.