Le département pérennise son soutien aux actions de la chambre d’agriculture
La nouvelle convention entre le conseil départemental et la chambre d’agriculture a été signée le 20 juin à Agri Court au Pôle Bio de l’écosite à Eurre. Un soutien de 246 250 euros en 2022 pour des actions portant sur l’environnement, l’emploi, l’attractivité et la proximité et pour un avenir durable.

En ces temps de menaces sur la sécurité alimentaire, où s’accroît le déficit hydrique et où les aléas climatiques et la hausse des charges pèsent de plus en plus sur les exploitations agricoles, Marie-Pierre Mouton, présidente du Conseil départemental de la Drôme et Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture, ont accordé d’autant plus d’importance à la signature d’une nouvelle convention entre les deux entités.
Ce texte consacre une aide du département de 246 250 € (à même hauteur que les deux années précédentes) pour afficher avec la chambre d’agriculture une vision partagée de l’avenir de ce secteur. La convention est construite autour de quatre axes et neuf actions pour notamment le développement de l’agriculture biologique, l’alimentation (dans le cadre du Club drômois de l’alimentation), l’adaptation au changement climatique et la gestion de l’eau.
Des projets pour l’eau
Heureuse de venir au Pôle bio et à Agri Court « où l’on favorise une forme de lien social entre producteurs et consommateurs à destination en majorité de la restauration hors domicile », Marie-Pierre Mouton a rendu hommage à la passion des agriculteurs qui cependant se montrent plus pessimistes (61 % des éleveurs pour le sondage Réussir-Ipsos du 7 juin).
Elle a insisté sur les actions d’économie d’eau sur le volet quantitatif avec par exemple le projet Hauts de Provence rhodanienne et les retenues collinaires dans les Baronnies et le Diois, sans oublier le lancement de procédures pour trois nouveaux captages prioritaires dans le cadre du SDAGE. Elle a aussi rappelé l’engagement du département pour le bio : la Drôme reste pionnière en la matière avec 42 % de produits bio (en moyenne) qui se retrouvent dans les assiettes des collégiens. « Nous voulons continuer cette dynamique en organisant 56 rencontres individuelles bio avec des producteurs et des journées collectives pour approfondir les connaissances », a-t-elle déclaré.
Enfin, la présidente du conseil départemental a affirmé la volonté, avec ce partenariat, de développer l’agritourisme et de faciliter l’accès aux subventions, tout en tentant de lever les difficultés administratives.
Sécurité alimentaire
Au préalable, Jean-Pierre Royannez avait remercié le département pour son appui dans un contexte compliqué, tant pour le foncier, que pour l’accès à l’eau qui concerne toutes les filières. « Depuis vingt ans nous travaillons à nous adapter aux changements climatiques, mais il faut admettre que nous ne sommes pas encore prêts à assumer par exemple un tel déficit en eau accompagné de vent. Une partie des productions ne seront pas au rendez-vous », a-t-il ajouté.
Le président de la chambre d’agriculture a souligné qu’il fallait prendre au sérieux la sécurité alimentaire. « Nos générations n’ont pas connu de rayons vides mais cela pourrait arriver. Nous devons porter des actions ciblées en faveur d’une alimentation diversifiée et locale avec ses circuits courts ». Il a plaidé enfin pour le maintien d’une agriculture familiale porteuse de valeur ajoutée et le développement de filières fruits, semences, élevages. « Le renouvellement des générations reste une préoccupation. Même si le taux de renouvellement en Drôme est un des plus élevés en Auvergne-Rhône-Alpes, tous les agriculteurs partant la retraite d’ici cinq ans ne seront pas remplacés », a-t-il rappelé.
Au fil des échanges et lors de la visite de la plateforme, il fut question bien sûr d’indépendance alimentaire. Et de lutter contre des messages fallacieux dénigrant la loi Egalim 2. « Les niveaux de prix du bio et du local ne sont pas plus élevés que ceux des produits conventionnels de la grande distribution, on peut donner l’exemple de l’huile de tournesol, moins chère en bio. Depuis le printemps, nos produits ont seulement augmenté de 5 à 6 %, ils échappent à la spéculation, alors que dans les filières conventionnelles les prix ont pu augmenter de 20 à 30 % », ont défendu Philippe Vey et Florent Dalmasso d’Agri Court.
L. G.
Agri Court poursuit sa route
L’association créée en 2011, présidée par Philippe Vey et dirigée par Florent Dalmasso, emploie sept salariés et affiche un exercice à l’équilibre depuis six ans. L’activité de la plateforme logistique [qui fait le lien entre les producteurs et les consommateurs en restauration collective : cantines des collèges, hôpitaux, Ehpads, entreprises, centres de vacances, événements culturels...] a augmenté de 40 %. Son chiffre d’affaires atteint 1,8 million d’euros. Les produits distribués sont bio – souvent – et locaux. Cette plateforme concerne la Drôme et l’Ardèche et adhère au réseau national « Manger bio ».
Cet « outil de territoire » contribue au développement de filières de distribution de qualité, accessibles et apportant une juste rémunération aux producteurs. Ses projets visent à transformer l’association en SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), à instaurer un label équitable du circuit court en restauration collective afin de mieux pouvoir répondre aux marchés en toute transparence et enfin à réfléchir à la structuration de l’accès aux produits frais pour des organisations caritatives.