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Soutien

Le Département vient en aide à la filière ovine

Le conseil départemental vient d'annoncer de nouvelles aides exceptionnelles pour l'élevage drômois. Il s'agit, cette fois-ci, d'un plan triennal dédié à la filière ovine.
Le Département vient en aide à la filière ovine

La Drôme compte 259 élevages ovins dits professionnels (de plus de 50 brebis). Depuis plusieurs années, cette filière souffre de crises économiques et sanitaires, de la prédation du loup, d'un manque de rentabilité. Le taux de productivité moyen est faible. Près de 75 % des élevages sont en-dessous de 0,8 agneau vendu par brebis par an. Le revenu des éleveurs de moutons est l'un des plus bas en agriculture, a constaté François Monge, co-président de la fédération départementale ovine (FDO). Quant au loup, il a déjà tué 150 brebis depuis avril en Drôme. En 20 ans, 2 500 brebis ont été indemnisées. S'ajoutent autant de disparues, donc non indemnisées, et quantité d'animaux traumatisés à vie. Les éleveurs estiment insuffisant le plafond de loups à prélever en 2016-2017(1). Sébastien Rigaud, pour sa part, a demandé des mesures de protection car il est situé dans le premier cercle (2) et les attaques de loups se rapprochent. Elu chambre d'agriculture en charge des ovins, Didier Beynet a fait remarquer que les attaques de loups ont un impact très négatif sur la productivité des brebis (stress).

 

Le troupeau de Sébastien Rigaud compte 120 brebis de race romane.

62 000 euros en 2016

Le conseil départemental de la Drôme a décidé de soutenir les éleveurs ovins drômois rencontrant des difficultés à maintenir leur activité. Son président, Patrick Labaune, et son vice-président en charge de l'agriculture, André Gilles, l'ont annoncé le 8 juillet à Beaufort-sur-Gervanne sur l'exploitation de Sébastien Rigaud. Le Départemente se mobilise pour, entre autres, faire progresser la productivité ovine, donc le revenu des éleveurs. Lors du vote de son budget 2016, il a en effet adopté un plan de soutien sur trois ans, doté de 62 000 euros pour cette année. Ceci, en partenariat avec la chambre d'agriculture, le groupement de défense sanitaire (GDS), l'association départementale d'économie montagnarde (Adem) et Drôme Conseil Elevage (DCE). Ce plan vise à favoriser l'accès de tous les élevages à un appui et (ou) un diagnostic de nature technique. Mais aussi à aider financièrement les investissements destinés à améliorer la gestion technique et sanitaire de l'élevage, le confort de travail, les bâtiments et pâtures.

 

Equipements, appuis et diagnostics

Les cages de retournements figurent parmi les équipements aidés par le plan de soutien du Département.

 

Cette année, le plan d'aides du Département contient une enveloppe de 40 000 euros dédiée à l'acquisition d'équipements (cages de retournement, pédiluves, chaîne d'alimentation...). Elle vient en complément des soutiens régionaux dédiés aux ruminants (PCAE(3)). S'ajoute une enveloppe de 10 000 euros pour financer des appuis techniques complémentaires (diagnostics avancés, conseils d'accompagnement). Elle sera mise au vote, en novembre, lors de la décision modificative (DM 2) du budget du Département. En outre, dans le cadre de la convention annuelle signée avec ce dernier, la chambre d'agriculture réalisera des « diagnostics de situation » dans les exploitations en vue d'établir un plan d'actions avec chaque éleveur. Sur un budget de 11 000 euros, l'aide départementale est de 8 500 euros. La coopérative « L'agneau du soleil » effectuera elle aussi, à son initiative, le même type de diagnostics pour ses adhérents. Enfin, le Département attribue 3 500 euros à la FDO pour la coordination du plan, la communication auprès des éleveurs et l'évaluation du dispositif. Ce plan spécifique à la filière ovine s'inscrit en complément des aides exceptionnelles accordées à l'élevage par le conseil départemental lors de sa séance du 27 juin(4).

Annie Laurie

(1) : Par un arrêté publié le 7 juillet 2016 au Journal officiel de la République française, le nombre de loups pouvant être abattus entre le 1er juillet 2016 et le 30 juin 2017 est fixé à 36, soit 75 % des 42 prélèvements autorisés l'an dernier. Ce plafond étant, par ailleurs, révisable en fonction des données de la situation biologique du loup, seules 27 bêtes pourront être abattues avant le 30 septembre 2016, date à laquelle les données à l'issue de l'hiver 2015-2016 seront probablement disponibles. En fonction de celles-ci, le seuil pourra ensuite être dépassé ou non.
(2) Premier cercle : zones où la prédation sur le cheptel domestique a été constatée une ou plusieurs fois au cours des deux dernières années.
(3) PCAE : plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles.
(4) Aide toutes filières d'élevage : 72 000 euros au total pour les 72 exploitations bénéficiaires du plan de soutien à l'élevage en 2015 (1 000 euros pour chacune). Aide aux élevages bovins lait : 28 100 euros au total pour les 71 élevages laitiers adhérant à DCE (10 % du coût du contrôle de performance plus deux unités de conseil technique personnalisé) ; 10 400 euros en tout pour du conseil spécifique personnalisé (une journée) proposée par la chambre d'agriculture aux 26 éleveurs laitiers drômois n'adhérant pas à DCE qui la solliciteront.

 

La ferme de Sébastien Rigaud

Sébastien Rigaud dans sa bergerie.
- 68 hectares à Beaufort-sur-Gervanne : 35 de prairies temporaires, 5 de prairies permanentes, 15 de landes et parcours, 6 de céréales et 6,30 de vignes (clairette de Die).
- 120 brebis romanes (appelées anciennement INRA 401), race très maternelle, prolifique, donnant un bon rendement en carcasses. Agnelles de renouvellement en race romane pure. Agneaux de boucherie issus d'un croisement avec des béliers de race île-de-france. L'élevage est autonome en fourrage.
- Abattus à l'abattoir de Die, les agneaux sont commercialisés en direct (250 à 280 par an) et localement sous la marque « Parc du Vercors ». Une partie est achetée en carcasses par un boucher de Crest. L'autre (découpée par ce même boucher) l'est par des particuliers (demi-agneaux en caissette livrés ou vendus sur la ferme).
- Ses terres réservées aux céréales et fourrages recevant aucun traitement phytosanitaire, cet agriculteur envisage de les convertir en agriculture biologique cet automne, de même que son cheptel.

 

Réactions / L'avis de responsables professionnels sur ce soutien du Département à la filière ovine.
Ce qu'ils en pensent
Didier Beynet.
Didier Beynet, élu chambre d'agriculture en charge des ovins, fait remarquer que les élevages ovins drômois « utilisent beaucoup de parcours et jouent un grand rôle dans l'entretien du milieu, la protection contre les incendies. C'est un système peu coûteux économiquement. La filière doit donc être soutenue. » Il juge ce plan du Département « important pour gagner en productivité et, ainsi, mieux entrer dans le cadre des aides de la Pac. Le diagnostic, gratuit pour l'éleveur, permettra d'analyser la situation, de définir des axes de travail (sanitaire, technico-économique, organisation du travail...), de repérer des investissements pertinents à envisager. »
François Monge.
François Monge, co-président de la FDO, observe : « Ce soutien du Département nous aidera énormément. Il met du lien entre les partenaires de la filière (chambre d'agriculture, FDO, Adem, GDS, DCE) pour qu'il y ait des techniciens dans les élevages. Les diagnostics permettront d'identifier des problématiques, d'améliorer la productivité des élevages et les investissements en équipements de gagner du temps, réduire la pénibilité. »
Philippe Kahn.
Le président de l'Adem, Philippe Kahn, salue lui également ce plan construit en concertation avec les acteurs de la filière. Notamment car il subventionne l'achat de petits équipements, pas toujours pris en compte par d'autres soutiens, mais améliorateurs des conditions d'élevage, de travail. Des éleveurs hors zones de montagne pourront être aidés pour des clôtures et leur installation.
Bernard Mandaroux.
« Des diagnostics seront faits pour connaître le statut sanitaire des élevages qui le souhaitent », indique, pour sa part, le président du GDS, Bernard Mandaroux.