Pour évoquer les besoins en irrigation dans le Sud-Drôme et le Nord-Vaucluse, les présidents des chambres d'agriculture de ces deux départements ont convié Michel Dantin, député européen et président du Comité de bassin Rhône Méditerranée Corse, a plusieurs visites de terrain. Dernièrement, la délégation s'est tout d'abord rendue à la prise d'eau du canal d'irrigation des Grès de Bollène, sur le Rhône à hauteur de l'usine écluse de Bollène. Là, Michel Dantin a pu constater que l'eau ne manque pas dans le fleuve et qu'elle est d'ores et déjà utilisée pour l'irrigation sur un petit périmètre au nord de Bollène. Après avoir expliqué le fonctionnement de la station de pompage, le président du canal des Grès, Olivier Salles, a exprimé la nécessité de moderniser et d'étendre le réseau pour pouvoir répondre aux demandes des différents usagers.

Contraint de délocaliser

La visite s'est poursuivie à Valréas. Sébastien Lafond, responsable des pépinières Lafond (qui emploient plus d'une trentaine de personnes), a expliqué les difficultés qu'il éprouve chaque année pour trouver des terres irrigables pour installer ses pépinières d'arbres fruitiers à proximité du siège de l'exploitation. Devant la raréfaction des terres et surtout devant la réduction administrative des autorisations de prélèvements d'eau, il se voit contraint de délocaliser ses productions dans la Drôme, dans le secteur de Marsanne.
Plus tard, Gérard Testud, producteur à Visan, a fait visiter ses champs de tomates pour l'industrie, irrigués eux aussi par des prélèvements d'eau individuels dans les nappes. Gérard Testud regrette qu'un réseau d'irrigation sécurisé ne soit pas présent dans l'Enclave car les terres se prêtent parfaitement à certaines cultures comme la tomate qui nécessitent des apports d'eau importants. Avec davantage de disponibilité en eau, il pourrait développer des cultures à forte valeur ajoutée et sécuriser l'installation de son fils.

Un manque d'eau préjudiciable

La délégation s'est ensuite rendue à la cave coopérative Costebelle de Tulette. Michel Bellier, président, a conduit le député européen sur des parcelles montrant l'évolution comparée de vignes plantées avec et sans système d'irrigation. Il a expliqué que le rendement de l'appellation n'était jamais atteint dans les terres sèches, ce qui porte préjudice à la stabilité de la coopérative, dans l'incapacité d'assurer à ses clients des volumes suffisants de manière régulière d'une année à l'autre.

La matinée s'est terminée à la cave Costebelle par une présentation du projet territorial de mobilisation des eaux du Rhône pour l'irrigation du Nord-Vaucluse et Sud-Drôme, projet porté par le Préfet de Vaucluse. La chambre d'agriculture doit réaliser un programme d'études dans les deux ans à venir. Celui-ci devra déterminer les besoins en eau agricole du territoire couvrant les trois bassins versants (Lez, Aygues-Eygues, Ouvèze) et les aménagements à réaliser pour répondre à ces besoins. Le tout en réalisant des économies d'eau sur les ressources locales.
Attentif à l'ensemble des exposés, Michel Dantin a assuré les personnalités présentes de son soutien dans le projet territorial et les a invitées à se rapprocher des préfets de régions ainsi que du préfet coordonnateur de bassin pour lever les difficultés de démarrage des études.