Le Drômois Didier Guillaume est ministre de l'Agriculture

Les agriculteurs drômois connaissent bien Didier Guillaume. En effet, lorsqu'il était président du conseil général de la Drôme (2004-2015), il prenait régulièrement la parole aux assemblées générales d'organisations agricoles, aux sessions de la chambre d'agriculture... Sa franchise et sa verve ont toujours su captiver l'auditoire. Conseiller politique de Jean Glavany au ministère de l'Agriculture et de la Pêche (1998-2002), le secteur agricole l'a toujours intéressé. « Mon histoire personnelle et familiale est intrinsèquement liée à la ruralité et à l'agriculture », a tenu à souligner Didier Guillaume lors de la passation de pouvoirs. A l'actif de ses réalisations en Drôme, on peut notamment citer la création d'Agrilocal, plateforme numérique de mise en relation entre agriculteurs et gestionnaires de restaurants scolaires. Mais aussi le soutien apporté au lancement et à la continuité du salon Tech&Bio, à diverses filières ainsi qu'au développement de l'agrotourisme. Sans oublier la mise en œuvre d'un stand « Drôme » au Salon international de l'agriculture, à Paris, sur lequel il n'avait de cesse de promouvoir le département et son agriculture en véritable ambassadeur.
Des prises de position
Elu sénateur en 2008, il était en 2014 le rapporteur du projet de loi d'avenir agricole. Interviewé par L'Agriculture Drômoise en février 2014, il expliquait alors que cette loi consistait à « faire en sorte que l'agriculture française soit demain plus compétitive sur les marchés extérieurs et que, parallèlement, les agriculteurs puissent vivre au maximum de leur métier ». Voté en octobre de cette année-là, le texte comprend des mesures pour lutter contre l'artificialisation des terres, favoriser la transmission des exploitations hors du cadre familial, promouvoir l'agroécologie (avec la création des GIEE)...
Dans cette même interview, Didier Guillaume indiquait qu'il souhaitait faire des propositions sur l'assurance récolte, la fluidité des coopératives, le bail environnemental ainsi que le loup. Sur ce dossier, en novembre 2017, il demandait au Premier ministre que la France pèse auprès des autres pays européens pour que soient renégociées la directive Habitats(1) et la convention de Berne(2). Et le 28 juin dernier, il lançait « un cri d'alarme » à l'occasion des débats, au Sénat, du projet de loi agriculture et alimentation. « Les éleveurs sont à la limite de la défaillance totale et les plans loup successifs ne sont pas à la hauteur », déclarait-il à l'attention du ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert.
« Assumer des choix politiques avec pragmatisme »
Interpellé par les organisations agricoles drômoises à propos de la modification des zones défavorisées simples (ZDS), le sénateur Didier Guillaume posait une question écrite au gouvernement, le 7 juin dernier, afin d'obtenir des éclaircissements sur les critères retenus.
Et le 17 septembre dernier, il participait à la rencontre organisée par la FDSEA et les JA de la Drôme à propos des conséquences de la suppression du dispositif TODE(3) d'allègement de charges salariales. Le sénateur Didier Guillaume déclarait alors, à propos du TODE : « Ce serait un assassinat que de le supprimer. Mais il faut des évolutions pour favoriser le développement économique. Quels que soient les gouvernements, l'objectif d'amélioration du revenu des agriculteurs est une incantation. Aujourd'hui, il faut assumer des choix politiques avec pragmatisme. » Il mettait aussi l'accent sur la prochaine réforme de la Pac et le risque de voir la France beaucoup moins dotée. Sans aucun doute, ce dossier sera pour lui, désormais, une priorité majeure.
Confronté à des crises et défis, le monde agricole français a des attentes fortes. Ses acteurs, et plus particulièrement les Drômois, suivront donc avec attention les premiers actes du ministre Didier Guillaume.
Christophe Ledoux
(1) La directive Habitats vise à contribuer au maintien de la biodiversité dans les États membres de l'Union européenne.
(2) Au plan international, le loup est protégé par la Convention de Berne de 1979, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe.
(3) TODE : travailleur occasionnel - demandeur d'emploi.
Didier Guillaume /
Quelques dates clés
Né le 11 mai 1959 à Bourg-de-Péage.Initialement agent du Trésor public.
Premier secrétaire fédéral de la Drôme du Parti socialiste (1986-1997).
Conseiller régional de Rhône-Alpes (1992-1998).
Maire de Bourg-de-Péage (1995-2004).
Conseiller général de la Drôme, élu dans le canton de Bourg-de-Péage (1998-2015).
Président de l'association des maires de la Drôme (2001-2004).
Président du conseil général de la Drôme (2004-2015).
Sénateur pour la Drôme (depuis 2008).
Premier vice-président du Sénat (2011-2014).
Président du groupe socialiste au Sénat (2014-2018).
Ministre de l'Agriculture depuis le 16 octobre 2018.
Réactions /
Anne-Claire Vial /« Un ministre qui discutera et débattra »
« C'est une fierté d'avoir un Drômois comme ministre, et d'autant plus ministre de l'Agriculture car c'est un secteur d'activité qui compte beaucoup dans notre département, déclare Anne-Claire Vial, présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme. Toutefois, c'est un ministère extrêmement difficile car l'agriculture vit une période de transition et doit faire face à des enjeux considérables, notamment le dérèglement climatique dont on subit les effets. En Didier Guillaume, ajoute-t-elle, nous aurons un ministre qui discutera et débattra avec la profession sur les orientations agricoles, ce qui manquait cruellement ces dernières années. De plus, venant de la Drôme, c'est un homme qui comprend la diversité de l'agriculture et attaché à une ruralité vivante. C'est important. »Jean-Pierre Royannez /
« Des positions claires et affirmées »
« C'est une grande satisfaction car nous travaillons avec Didier Guillaume depuis longtemps, indique Jean-Pierre Royannez, membre de la FDSEA et premier vice-président de la chambre d'agriculture de la Drôme. Au fait de la diversité des productions drômoises et des problématiques agricoles, il connaît beaucoup de dossiers et a des positions claires et affirmées. Par exemple sur le loup, le dispositif TODE, ce qui est rassurant, estime Jean-Pierre Royannez, même s'il s'attend à quelques déceptions de la part du ministre, fonction oblige. De plus, il ne met pas en opposition les différents types et modèles d'agriculture. » Par ailleurs, ajoute-t-il, « je pense qu'il redonnera du poids au ministère de l'Agriculture ».Michel Joux /
« Un fin connaisseur des dossiers agricoles »
« Je salue cette nomination d'un ministre de la région Auvergne-Rhône-Alpes, que nos collègues de la Drôme connaissent bien, a réagi Michel Joux, le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Je l'ai rencontré plusieurs fois personnellement et j'espère que l'on va pouvoir s'appuyer sur lui pour faire avancer les dossiers. C'est un fin connaisseur des dossiers agricoles. Je pense que c'est un bon choix mais nous jugerons sur pièce. »FNSEA /
« De l'action et du pragmatisme »
La FNSEA a salué la nomination de Didier Guillaume incitant le nouveau ministre à « l'action » et au « pragmatisme ». L'organisation lui demande de mener à bien le travail en cours sur tous les sujets clés : les ordonnances issues de la loi Egalim (lire pages 10 et 11), le budget de la Pac, les conséquences de la sécheresse, la gestion des grands prédateurs, la compétitivité de l'agriculture française et le TODE. « Il appartiendra aussi au nouveau ministre de poser le cadre permettant de redonner de la fierté aux agriculteurs français, en soulignant leur engagement quotidien à défendre le bien commun et en leur donnant les moyens d'accompagner leurs transitions dans des conditions économiquement et socialement acceptables. La FNSEA demeurera un partenaire ouvert et à l'écoute du nouveau ministre. »