Le GMID s'ouvre aux maraîchers drômois

Les pommes de terre nouvelles, les radis, les salades, les choux et les carottes, toutes ces variétés légumières ont bénéficié du regard expert de Claire Jaoul, conseillère en maraîchage pour les chambres d'agriculture de l'Isère et de la Drôme, à l'occasion de la première visite d'exploitation de la saison qu'elle a effectuée chez Agathe Basset, à Murianette. Maturité des récoltes, densité des semis, étude de la présence éventuelle de ravageurs ou de maladies, traitements à effectuer : autant de questions qui se posent et auxquelles répond Claire Jaoul durant ces visites. « Je viens dans cette exploitation toutes les deux semaines entre le vendredi et le lundi. Mes observations me permettent de renseigner le Bulletin de santé du végétal réalisé pour la Draaf, et d'accompagner Agathe Basset dans son activité de maraîchère adhérente au Groupement des maraichers de l'Isère et de la Drôme (GMID, voir encadré ci-contre), explique-t-elle. Ensemble, nous faisons le tour des cultures et abordons toutes les questions qui peuvent se poser. »
« Certains maraîchers ont des besoins précis qu'ils exposent à mon arrivée, alors que d'autres me soumettent leurs questions au fil de la tournée que nous effectuons ou réagissent aux remarques issues de mes observations, ajoute la conseillère. Tous n'ont pas le même bagage technique, ni la même expérience. C'est au cas par cas. Ces visites permettent de mettre en exergue les difficultés qui peuvent survenir, car l'observation des cultures nécessite beaucoup de temps, un temps qu'ils n'ont pas forcément ».
« Nous avons souvent la tête dans le guidon, nous tardons parfois à réagir, reconnaît Agathe Basset, installée avec son père depuis fin 2013. Les visites de Claire me sont très utiles, car elle m'alerte et me met en garde sur ce qu'il faut faire ». Mais la discussion va souvent au-delà du conseil technique, puisque toutes les questions relatives à la conduite d'exploitation peuvent être abordées : aménagement des serres, opportunité de nouveaux investissements, organisation du travail, rentabilité écononomique de la mise en place de nouveaux débouchés...
De vrais outils
Le conseil dispensé par la technicienne s'enrichit régulièrement grâce à ces visites et la retranscription qu'elle en fait dans le « Brassica », un bulletin régional mensuel d'informations. Réalisé en collaboration avec les autres techniciens de Rhône-Alpes et envoyé aux adhérents du GMID, il aborde différentes thématiques telles que la technique culturale, le matériel, l'aspect variétal, la protection phytosanitaire, l'expérimentation... Le réseau de ces spécialistes travaille aussi à la publication d'un guide des variétés de légumes de la région Rhône-Alpes. Adapté aux conditions locales, il se base sur les observations des conseillers de terrain, l'expérience des maraîchers et les essais de la station expérimentale Serail (Station d'expérimentation Rhône-Alpes information légumes). Ils élaborent aussi un guide de protection des cultures maraîchères qui renseigne sur les solutions phytosanitaires proposées pour le désherbage et la lutte contre les ravageurs, mais aussi les opportunités de lutte biologique. Pour chacune, les doses, les recommandations et les modes d'action sont précisées. « Réactualisé chaque année, nous citons les produits les plus utilisés et dont l'efficacité est la plus probante », précise Claire Jaoul. Ces documents se révèlent être de vrais outils tant pour les maraîchers que pour les techniciens.
Des nouvelles des confrères
Occasionnellement, la technicienne organise des « bouts de champs », des visites de terrain pour les maraîchers, qui leur permettent d'échanger sur leurs pratiques. Mais là encore, la question du temps est cruciale. « Ce n'est pas évident pour eux de prendre une journée au moment où les cultures sont intéressantes, au moment où eux-mêmes ont beaucoup de travail, reconnaît-elle. Pour autant, tous apprécient les nouvelles que je peux leur donner de leurs confrères, sur la présence de ravageurs, sur un retard des productions ou sur des techniques que certains peuvent développer et qui présentent un intérêt à être reproduites ». C'est une relation de confiance que tisse peu à peu la technicienne avec les maraîchers isérois et drômois. Elle met tout en œuvre pour la développer et encourager les producteurs à la solliciter.
Isabelle Brenguier
Le réseau des maraîchers isérois et drômois
Le GMID (Groupement des Maraîchers Isère et Drôme), créé dans l'Isère s'ouvre aux maraîchers drômois !
Cette association participe au développement du maraîchage sur le territoire en créant du lien entre maraîchers et assure un appui technique pertinent et indépendant de toute opération commerciale.
Les adhérents bénéficient d'un appui technique individuel, de rencontres collectives et d'une documentation technique élaborée régionalement (guides variétal et phytosanitaire, bulletin d'information mensuel Brassica, bulletins de protection des cultures (BCP) sur abonnement…).
Le montant de la cotisation pour 2016 est de 258 € (+42 € pour le BCP), avec une réduction de 50 % pour les nouveaux adhérents !
Claire Jaoul, conseillère maraîchage : 06.98.02.12.58 – [email protected]
Maraîchers isérois et drômois : partager les problématiques, les pratiques...
Du GDMI(1) au GMID(2), il n’y a pas qu’un changement de position de lettre. Le Groupement de développement des maraîchers de l’Isère, composé d’une vingtaine d’adhérents, vient d’ouvrir ses portes aux maraîchers de la Drôme. Si Claire Jaoul, conseillère en maraîchage pour les chambres d’agriculture de l’Isère et de la Drôme prodiguait déjà du conseil technique à ces producteurs, (dans le cadre du rapprochement entre les deux organismes consulaires), les maraîchers drômois, qui n’avaient pas d’association, ne pouvaient bénéficier du travail documentaire réalisé par le réseau de techniciens rhônealpins. « C’était dommage », avoue Claire Jaoul. « Cette ouverture vis-à-vis du département voisin nous permettra aussi d’avoir plus d’adhérents et plus de synergies », espère Luc Veyron, maraîcher à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs et président du GMID.Rompre l’isolement
« Nous exerçons un métier qui demande une grande maîtrise technique. Cela prend beaucoup de temps pour l’acquérir. Le groupement nous permet de nous retrouver entre professionnels pour partager des problématiques, des pratiques et des techniques. Dans nos exploitations, nous sommes souvent seuls, le groupement rompt cet isolement. Et de la même façon que nous sommes en réseau, nos conseillers le sont également au niveau de la région. Cela crée plus de pertinence et une qualité de service plus importante », estime Luc Veyron. Opposé au clivage entre agriculture conventionnelle et biologique, le président rappelle que le groupement est « ouvert à tous ».
I. B.
(1) Groupement de développement des maraîchers de l’Isère.
(2) Groupement des maraîchers de l’Isère et de la Drôme.