Le loup doit passer son « tour »

Lors de la 19e étape du Tour de France, des éleveurs se sont retrouvés à Embrun (Hautes-Alpes), le 21 juillet, munis de banderoles sur lesquelles étaient inscrits : « Le loup doit passer son tour - Pas d'élevage, pas de montagne ». Une délégation d'une vingtaine d'éleveurs représentant les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur a été reçue par le préfet, sur la ligne de départ du Tour. Ils ont rappelé qu'en dix ans, la population de loups a été multipliée par 6,5. Plus de 10 200 animaux ont été victimes du prédateur l'an dernier, soit 200 chaque semaine. « Cette année, en moyenne, se déroule une dizaine d'attaques toutes les nuits », ont indiqué les éleveurs. Si les moutons et les agneaux sont les plus touchés, des vaches et des chevaux nourrissent aussi quotidiennement les loups.
70 attaques en Drôme
Au 15 juillet, on déjà été comptabilisées 70 attaques en Drôme avec près de 200 victimes et plus d'une trentaine d'animaux disparus. François Monge, représentant la FDSEA et la FDO de la Drôme, a participé à cette action syndicale. « Les éleveurs souhaitent pouvoir protéger leurs troupeaux, ils ne souhaitent pas tuer le loup, a-t-il souligné. Quelle autre profession voit son outil de production attaquée chaque jour et chaque nuit ? Il faut que les éleveurs puissent agir lorsque c'est nécessaire et avec la vitesse nécessaire, sans attendre le feu vert de l'administration. »
Pour les organisations syndicales FDSEA, FDO et JA, les éleveurs devraient toujours avoir la possibilité de défendre leurs troupeaux. Et d'ajouter : « Malgré l'atteinte du quota de prélèvements de loups, ils devraient toujours disposer de leur droit de tir de défense en cas d'attaques. »
Loup / Le préfet attentif à la situation
Suite à la parution de l'arrêté inter-ministériel fixant le nombre maximal de loups pouvant être prélevés du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018 (lire page 6), le préfet de la Drôme rappelle la nécessité de respecter la gradation des mesures de protection des troupeaux à savoir : moyens de protection réglementaire des troupeaux ; tirs de défense à proximité des troupeaux ; tirs de défense renforcée (10 tireurs maximum) à proximité des troupeaux ; tirs de prélèvement dans la mesure où les troupeaux demeurent exposés à la prédation du loup ; et tirs de prélèvement en action de chasse. Le préfet indique « suivre avec attention le pastoralisme et veiller à la mise en œuvre rapide de mesures adaptées à l’évolution de chaque situation pour une bonne protection des troupeaux ».
Prédation / Face à la prolifération du loup, les Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur ont organisé une réunion à Alixan pour dégager des propositions.
Loup : des convergences entre éleveurs et conseils régionauxLes représentants des éleveurs et les élus des territoires partagent le constat que le pastoralisme est essentiel à l’aménagement des territoires pour l’entretien des espaces naturels, la qualité des productions de viande, la biodiversité, les filières de proximité. C’est ce qu’il ressort de la réunion qui s’est tenue à Alixan le 17 juillet sur le dossier loup, entre la FNSEA, la FNO et les conseillères régionales de Provence-Alpes-Côte d’Azur et d’Auvergne-Rhône-Alpes en charge du pastoralisme, Emilie Bonnivard et Eliane Bareille. Etaient aussi présents les maires des communes pastorales de la région Paca membres de l’Union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales.
Pérenniser l’élevage
Les constats liés à l’arrivée du loup ont été réitérés. La prédation sur les troupeaux met en péril l’élevage en plein air, conduit à la fermeture des milieux, génère des risques importants d’incendie, d’abandon des zones d’estives. Elle induit des problèmes de cohabitation entre les randonneurs et les chiens de protection. Par ailleurs, les attaques de loups toujours plus proches des zones d’habitations posent des problèmes de sécurité publique. Les conseillères régionales et les maires présents à Alixan partagent ainsi les demandes exprimées par le Caf1 loup (FNSEA2-JA3-FNO4-APCA5) : pérenniser l’élevage face à la prédation du loup ; reconnaître un droit permanent aux éleveurs de défendre leurs troupeaux contre les loups ; simplifier le dispositif de gestion des prélèvements, prise en charge du budget de protection des troupeaux par le ministère de l'Environnement (et non de l'Agriculture), création d’une brigade d’intervention dans les Alpes du Nord (comme celle qui intervient déjà dans les Alpes du Sud)... Ils s’engagent à les porter dans le cadre d’un courrier commun (conseils régionaux et maires des communes pastorales) qu’ils adresseront au Premier ministre et aux ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique. La FNSEA, la FNO et les représentants des conseils régionaux et des maires ont prévu de poursuivre leurs travaux en portant la réflexion à l’échelle de l’Union européenne (UE). Il s’agira alors de réunir les représentants des éleveurs et des élus des autres pays de l’UE confrontés au problème de la prédation des troupeaux par les loups pour envisager, avec eux, des actions communes à entreprendre pour faire évoluer le statut du loup notamment au sein de la directive européenne Habitats.
1 Caf : Conseil de l'agriculture française.
2 FNSEA : Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles.
3 JA : Jeunes agriculteurs.
4 FNO : Fédération nationale ovine.
5 APCA : Assemblée permanente des chambres d'agriculture.